« Chronique vezinoise sous l'occupation n°06 » : différence entre les versions

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→‎Faits divers à Vezin-le-Coquet Sous l'Occupation : Nombreuses petites corrections d'espaces, de majuscules, du nom de Pétri écrit Pétry. Ajout d'un lien externe sur FTPF, PPF, Pierre Dac
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== '''Faits divers à Vezin-le-Coquet'''    '''''Sous l'Occupation''''' ==
== '''Faits divers à Vezin-le-Coquet'''    '''''sous l'Occupation''''' ==




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'''''Un réservoir supplémentaire d'avion tombe sur le village'''''
'''''Un réservoir supplémentaire d'avion tombe sur le village'''''


Tiens ! Un avion allié s’allège de ses réservoirs supplémentaires vides , il les largue sans façon. L’un tombe sur le village, dans un pré à proximité de chez Pinel, un autre dans la lande d’Apigné m’a dit Gaston.  Heureusement personne n’est présent à cet endroit au moment de la chute.  Les Allemands sont vite arrivés sur les lieux en side-car, pour savoir de quoi il en retourne.  
Tiens ! Un avion allié s’allège de ses réservoirs supplémentaires vides , il les largue sans façon. L’un tombe sur le village, dans un pré à proximité de chez Pinel, un autre dans la lande d’Apigné m’a dit Gaston.  Heureusement personne n’est présent à cet endroit au moment de la chute.  Les Allemands sont vite arrivés sur les lieux en side-car, pour savoir de quoi il en retourne.  
Encore une fois, j’ai de la chance, je suis présent quand survient l’événement.   
Encore une fois, j’ai de la chance, je suis présent quand survient l’événement.   


Pour l’instant en retrait, j’observe la scène. Un attroupement de gens du village s’est formé près des soldats casqués et vêtus de grands imperméables. Ils tournent autour de la chose, la regardent attentivement, l’inspectent sous toutes les coutures, la tâtent pour comprendre de quelle matière elle est faite, discutent entre eux et repartent. La représentation n’a pas été très longue. Le spectacle est terminé, chacun s’en retourne à ses occupations.
Pour l’instant en retrait, j’observe la scène. Un attroupement de gens du village s’est formé près des soldats casqués et vêtus de grands imperméables. Ils tournent autour de la chose, la regardent attentivement, l’inspectent sous toutes les coutures, la tâtent pour comprendre de quelle matière elle est faite, discutent entre eux et repartent. La représentation n’a pas été très longue. Le spectacle est terminé, chacun s’en retourne à ses occupations.


Le réservoir me paraît très grand. Chouette! On va pouvoir faire une cabane. A présent qu’il n’y a plus personne ou presque, j’entre à l’intérieur pour me rendre compte de la profondeur et juger des possibilité d’aménagement. Très rapidement j’en ressors. L’odeur est insupportable et étouffante, sans doute les émanations des résidus de kérosène. Je crois me souvenir que Jean Pinel m’avait demandé de ne pas demeurer à l’intérieur. Je suis très déçu, j’ai  trop rapidement fait plein projets pour l’utilisation de ce cadeau venu du ciel.   Qu'est-il, par la suite, devenu ce machin, je ne sais pas.
Le réservoir me paraît très grand. Chouette! On va pouvoir faire une cabane. À présent qu’il n’y a plus personne ou presque, j’entre à l’intérieur pour me rendre compte de la profondeur et juger des possibilité d’aménagement. Très rapidement j’en ressors. L’odeur est insupportable et étouffante, sans doute les émanations des résidus de kérosène. Je crois me souvenir que Jean Pinel m’avait demandé de ne pas demeurer à l’intérieur. Je suis très déçu, j’ai  trop rapidement fait plein projets pour l’utilisation de ce cadeau venu du ciel. Qu'est-il, par la suite, devenu ce machin, je ne sais pas.


'''''Sabotage d'un pylône électrique du chemin vert'''''
'''''Sabotage d'un pylône électrique du chemin vert'''''


Des lignes haute tension traversent la commune, soutenues par de hauts pylônes. Ils acheminent l’électricité vers le centre de transformation de ''la Belle Epine'' pour, notamment, alimenter les puissants projecteurs du champ de DCA voisin.  Il arrive que l’un des pylônes soit dynamité. Par exemple celui qui se trouve en haut du ''chemin vert'', à une très courte distance des canons, et pas loin de chez nous. C’est l’œuvre du groupe du Cdt Louis Pétri, dit Loulou, dit Tanguy. Ce réseau de résistants a payé un lourd tribut dans son combat contre l’occupant pour que la France redevienne libre.
Des lignes haute tension traversent la commune, soutenues par de hauts pylônes. Ils acheminent l’électricité vers le centre de transformation de ''la Belle Epine'' pour, notamment, alimenter les puissants projecteurs du champ de DCA voisin.  Il arrive que l’un des pylônes soit dynamité. Par exemple celui qui se trouve en haut du ''chemin vert'', à une très courte distance des canons, et pas loin de chez nous. C’est l’œuvre du groupe du Cdt Louis Pétri, dit Loulou, dit Tanguy. Ce réseau de résistants a payé un lourd tribut dans son combat contre l’occupant pour que la France redevienne libre.


'''Extrait des mémoires du Commandant Pétry responsable régional FTPF'''
'''Extrait des mémoires du commandant Pétri responsable régional [https://fr.wikipedia.org/wiki/Francs-tireurs_et_partisans FTPF] '''


Juillet 1943
Juillet 1943


''« Auguste et moi avions passé la nuit du 13 au 14 à Vezin-Ie-Coquet, à préparer et placer nos bombes. Des morceaux de bois calaient, contre le pylône, les explosifs Nous couchions dehors et je vous assure, que malgré la saison, la nuit n'était pas chaude. Nous avons allumé les mèches et nous sommes rentrés à Rennes. Quand le pylône est tombé, le ciel incendié jusqu'aux limites les plus lointaines de l'horizon.
''« Auguste et moi avions passé la nuit du 13 au 14 à Vezin-Ie-Coquet, à préparer et placer nos bombes. Des morceaux de bois calaient, contre le pylône, les explosifs Nous couchions dehors et je vous assure, que malgré la saison, la nuit n'était pas chaude. Nous avons allumé les mèches et nous sommes rentrés à Rennes. Quand le pylône est tombé, le ciel incendié jusqu'aux limites les plus lointaines de l'horizon.
'''" Avenue du Mail, à 5 heures moins 10, des agents nous croisèrent Nous riions très haut comme des ouvriers retour du travail. Mais notre travail n'était pas fini. A 5 heures, nous nous séparions rue de la Chalotais. A 5 heures 5, je posais une bombe au soupirail de la cave du P.P.F. et rejoignais ma "planque" chez Mme Nobilet.»''  
'''" Avenue du Mail, à 5 heures moins 10, des agents nous croisèrent Nous riions très haut comme des ouvriers retour du travail. Mais notre travail n'était pas fini. A 5 heures, nous nous séparions rue de la Chalotais. À 5 heures, je posais une bombe au soupirail de la cave du [[https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_populaire_fran%C3%A7ais PPF]]. et rejoignais ma "planque" chez Mme Nobilet.»''  
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Le soir, à la radio il y a une émission  pour enfants que je ne veux pas manquer. Il semble que cette émission s’intitule DOMINO. Je ne suis par certain. La radio diffuse aussi le soir un feuilleton pour adulte dont le thème musical m’impressionne. Je pense que la musique de présentation du feuilleton est celle de Vincent d'Indy, un extrait de la ''Symphonie Cévenole''. A moins que cela ne soit un extrait de ''l’Amour des trois oranges'' de Stravinsky. L’instant musical est tragique et m’émeut.  
Le soir, à la radio il y a une émission  pour enfants que je ne veux pas manquer. Il semble que cette émission s’intitule DOMINO. Je ne suis par certain. La radio diffuse aussi le soir un feuilleton pour adulte dont le thème musical m’impressionne. Je pense que la musique de présentation du feuilleton est celle de Vincent d'Indy, un extrait de la ''Symphonie Cévenole''. A moins que cela ne soit un extrait de ''l’Amour des trois oranges'' de Stravinsky. L’instant musical est tragique et m’émeut.  


Plus tard dans la soirée ce n’est plus Radio Paris qui est écouté, parce que tout le monde sait que… ''« Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand »'' . Je fredonne cette chanson de Pierre Dac, sans en comprendre le sens.Cette radio se présente en énonçant la phrase suivante ''« Ici Londres, les Français parlent aux Français ».''  
Plus tard dans la soirée ce n’est plus Radio Paris qui est écouté, parce que tout le monde sait que… ''« Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand »''. Je fredonne cette chanson de [https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Dac Pierre Dac], sans en comprendre le sens.Cette radio se présente en énonçant la phrase suivante ''« Ici Londres, les Français parlent aux Français ».''  
Toute la famille s’applique à écouter les informations  qui nous arrivent d’outre-Manche. Chaque auditeur interprète à sa manière, en fonction de son âge, les propos qui sont dits. Un brouilleur, comme une musique répétitive empêche d’entendre clairement la personnes qui parle. Un speaker débite  de courtes phrases prononcées toujours deux fois, qui n’ont ni queue ni tête, c’est paraît-il des messages. Comme à l’école !  
Toute la famille s’applique à écouter les informations  qui nous arrivent d’outre-Manche. Chaque auditeur interprète à sa manière, en fonction de son âge, les propos qui sont dits. Un brouilleur, comme une musique répétitive empêche d’entendre clairement la personnes qui parle. Un speaker débite  de courtes phrases prononcées toujours deux fois, qui n’ont ni queue ni tête, c’est paraît-il des messages. Comme à l’école !  


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Un certain jour, pour une raison que j'ignore, ma mère ne s'est pas rendue à son travail, probablement un mot d’ordre de quelque part. Dans la même journée un soldat allemand, fusil en bandoulière, masque à gaz au ceinturon, une grenade à manche dans une botte, dévale à vélo la route de Montfort. Sans descendre de bicyclette il frappe à la fenêtre de notre maison qui donne sur la rue. J’ai encore la chance d’être présent dehors, au niveau de la cour devant chez Tincart. Je vois mais je n’entends pas ce qui est dit, l’Allemand gesticule ma mère répond par des signes de tête. L’évènement est clos.  
Un certain jour, pour une raison que j'ignore, ma mère ne s'est pas rendue à son travail, probablement un mot d’ordre de quelque part. Dans la même journée un soldat allemand, fusil en bandoulière, masque à gaz au ceinturon, une grenade à manche dans une botte, dévale à vélo la route de Montfort. Sans descendre de bicyclette il frappe à la fenêtre de notre maison qui donne sur la rue. J’ai encore la chance d’être présent dehors, au niveau de la cour devant chez Tincart. Je vois mais je n’entends pas ce qui est dit, l’Allemand gesticule ma mère répond par des signes de tête. L’évènement est clos.  
Le soir ma sœur aînée raconte ''« Il a dit(l'Allemand) que si maman refuse de venir travailler, « ils » viendront   la chercher baïonnette au canon »''. Baïonnette au canon !?…baïonnette au canon !?…j’imagine mal.  Comment peut-on mettre une baïonnette au bout d'un canon de DCA et venir chercher ma maman avec çà ! ….encore un mystère qui ne m’a pas  toutefois tracassé bien longtemps mais qui, plus tard, m’a fait sourire.
Le soir ma sœur aînée raconte ''« Il a dit(l'Allemand) que si maman refuse de venir travailler, « ils » viendront la chercher baïonnette au canon »''. Baïonnette au canon !?…baïonnette au canon !?…j’imagine mal.  Comment peut-on mettre une baïonnette au bout d'un canon de DCA et venir chercher ma maman avec çà ! ….encore un mystère qui ne m’a pas  toutefois tracassé bien longtemps mais qui, plus tard, m’a fait sourire.




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