Rue Jean-Pierre Calloc'h
La rue Jean-Pierre Calloc'h est une voie nord-sud de Rennes joignant la rue des Arts à la rue de Lorient, en face du parc des sports. Sa dénomination, décidée par délibération du conseil municipal du 29 juillet 1949, rappelle :
Jean-Pierre Calloc'h
(21 juillet 1888, île de Groix - tué à l'ennemi le 10 avril 1917, Urvillers, Aisne)
Jean-Pierre Hyacinthe, dont le père est matelot, était le troisième de quatre enfants. Sa famille vivait au nord de l'île, dans "une petite maison blanche", à Kerclavezic. A 14 ans il perd son père accidentellement et écrira en février 1903 un poème à ce père disparu. De l'école de Saint-Tudy il passa à 12 ans au petit séminaire de Sainte-Anne d'Auray où il fit d'excellentes études et lut beaucoup, surtout des ouvrages concernant la Bretagne, et il est bachelier à 17 ans. Il se mit également à étudier la langue bretonne, assimilant en peu de temps la grammaire et le vocabulaire du vannetais dans lequel il devait écrire plus tard.
Fin juillet 1905, il était bachelier ès-lettres à 17 ans. Il entra au grand séminaire de Vannes où l'étude des Ecritures nourrit ses talents littéraires. Ses soeurs et frère souffrant de troubles nerveux, en vertu des règles du droit canon, la prêtrise lui fut refusée mais il continua à suivre les cours du séminaire où il resta deux ans.
En octobre 1907 il quitte la Bretagne pour entrer dans une institution libre à Paris comme maître dans un petit internat mais il a la nostalgie du pays. Il reçoit la visite de nombreux Groisillons, les uns comme lui, professeurs ou surveillants dans des pensions, les autres soldats. Au printemps de 1908, il quitte Paris pour le collège Saint Joseph de Reims où il occupe un emploi de répétiteur.
Il passe ses deux années de service militaire de 1909 à 1911 en garnison à Vitré. Soldat de deuxième classe, il demande à faire le cours des illettrés, ce qu'il fit en breton à 40 bretonnants. Il se trouvait à Paris quand éclata la Grande Guerre. En raison d'une inflammation des ganglions cervicaux, il fut versé dans le service auxiliaire et dut attendre jusqu'à nouvel ordre sa mobilisation. Lui, qui ne se sentait " pas français pour un sou ", se présenta à Lorient pour entrer dans la marine car il croyait à une guerre de civilisation mais il fut refusé. Le 26 janvier 1915, il endosse la vareuse militaire au dépôt du 62° R.I. à Lorient. Le 1er avril 1915, il rejoint Saint-Maixent pour un stage de quatre mois.
Fin août 1915, Jean-Pierre Calloc'h part à la guerre. En septembre 1916, son nouveau régiment est transféré devant la Somme. Nommé aspirant, il deviendra sous-lieutenant, fort apprécié de ses hommes.
" La semaine la plus dure que j'ai jamais passée à la guerre est cette Semaine Sainte. Ni maison, ni toit, sous un temps si rude. Au cours de 60 heures j'ai dormi une heure, et encore nous avons été réveillés par le froid, toute l'armée couverte de neige. Nous sommes fatigués à en mourir. Quand finira cette vie ? " écrit-il au dos d'une carte postale le dimanche de Pâques.
Deux jours plus tard, au bois d'Urvillers, au sud-est de St Quentin, à l'entrée d'un abri, tandis qu'il mangeait, un obus de 77 crible sa tête d'éclats et il meurt sur le coup. Le corps du lieutenant Calloc'h fut transporté au petit village de Cerisy dans l'Aisne et inhumé dans un cimetière de soldats. Exhumée du cimetière de Cerisy, sa dépouille fut ramenée à Groix le 8 juillet 1923. Une tombe à croix celtique fut édifiée en août 1924. Y est gravé ce texte :
Jehann Ber Kalloch
Leshanuet Bleimor
Gannet é Groé, 21 Gourhelen 1888
Maruet, ofisour, er Brezel bras
Etal Urvillers, 10 imbril 1917
skrinet en des ur haer a livr :
"Ar en deulin"
Breihis, pedet aveïton
(en français: Jean-Pierre Calloc'h du nom bardique "Loup de mer" né à Groix le 21 juillet 1888 mort officier à la Grande Guerre auprès d'Urvillers, le 10 avril 1917. Il a écrit un beau livre: "A Genoux" - Bretons, priez pour lui.)
Le 12 octobre 1915, il avait écrit une lettre à Achille Collin demandant, dès la fin de la guerre, une pétition en faveur de l'enseignement du breton et de l'histoire de la Bretagne dans toutes les écoles secondaires et supérieures de Bretagne.
Un recueil posthume de poèmes souvent mystiques, Ar en deulin (À genoux), lais bretons, est publié en 1921 et comprend le célèbre poème Me 'zo ganet e kreiz ar mor (Je suis né au milieu de la mer). Dans ses poèmes composés en grande partie au front, il exprime sa foi chrétienne, l'amour de sa langue et ses sentiments politiques teintés d'autonomisme. Il est un des plus grand poètes de langue bretonne.
Sur la carte
Lien externe
"La mémoire de la Guerre dans les rues rennaises", article extrait du 30ème numéro de "Place Publique" (juillet-août 2014), signé Erwan Le Gall: http://www.placepublique-rennes.com/article/La-memoire-de-la-Guerre-dans-les-rues-rennaises-1