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Mail François Mitterrand

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La promenade du Mail fut décidée, selon la mode de l'époque, par le duc de Chaulnes, le gouverneur de Bretagne, qui, pour ce faire, lança les travaux en 1675 et mobilisa en corvées les habitants des paroisses voisines à partir de juillet 1677. "Le 23 août, on a commencé d'abattre les chênes dans les près de Salverte et des Polieux et à planter les piquets pour faire le grand mail, qui commencera dans le Pré Raoul et doit contenir de longueur 354 toises (environ 690 mètres, ndlr) de 6 pieds et de largeur... de pieds avec deux canaux des deux côtés de chacun vingt pieds de large, et tous les paysans des paroisses doivent venir y travailler."[1]

Vue de la promenade en 1737, dessin de Huguet, architecte (Le Vieux Rennes de Paul Banéat. p. 343J.Larcher éditeur -1911)
Promenade sur le Mail, dessin ca 1805
La promenade du Mail vers 1900, vue du centre ville carte postale E. Mary-Rousselière édit. Rennes
La promenade du Mail vers 1900 - vue de l'ouest vers le centre carte postale A G
Même vue, moins dégagée, en mai 2015. Les tilleuls ont été remplacés, seuls les bâtiments symétriques adressés au 20 et 22 subsistent, sur la gauche de l'arbre sur la photo (@2017 Google)
Vue de l'ouest, avec le tramway à gauche, le Mail vers 1900
Fête foraine du Mail.png
Une locomotive des T.I.V. sur le Mail (Archives de Rennes 100FI17)
Le mail Mitterand, à droite, la Vilaine à gauche, vue du centre ville vers l'ouest

La promenade arborée

« La "promenade des Champs-Elysées" fut plantée au mois de janvier 1744, auprès du Mail, autre promenade publique qui a trois cent soixante-douze toises de longueur (environ 725 mètres, ndlr), avec quatre rangs d'arbres, de chacun cent quatre-vingt-sept : ce qui fait pour les quarante rangs, sept cent quarante-huit arbres ; mais il en manque plusieurs. »

— Jean Ogée
Origine : Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, pages concernant Rennes • Recueilli par Manu35 • 1778licence


De part et d'autre, on creusa un canal de recueil des eaux et on planta quatre rangs d'ormeaux sur les six cents mètres de longueur de la promenade, remplacés par des tilleuls en 1784, lesquels furent remplacés au début du 20e siècle. En 1793, le général Sans-Culotte Rossignol y offrit un banquet à 4000 soldats et en 1832, 1833 et 1834, y furent donnés des banquets patriotiques commémoratifs des journées de Juillet[2]. Le Mail avait belle allure au début du 19e siècle, fermé côté ville par une élégante grille fabriquée aux forges de Paimpont.

« RENNES IL Y A 40 ANS - 29 Juin 1891. Séance du Conseil municipal. Pour empêcher le dépérissement des arbres du Mail, M. Sacher avait proposé de les supprimer peu à peu pour les remplacer par de jeunes arbres. Remède héroïque, mais impraticable, au dire des gens compétents. M. le Maire plaide chaleureusement la cause du Vieux Mail et l'on décide de laisser mourir les arbres de leur belle mort. C'est égal, nos édiles ont failli en faire de belles ! »

— Journal de Rennes
Origine : Numéro du 29 juin 1891 • Recueilli par Manu35 • 2018licence

À gauche le quai de la Prévalaye, à droite, parallèlement, les arbres du Mail, vers 1910 (carte "La Cigogne")


« Vente des arbres à abattre sur les promenades du Mail et de la Motte

Il sera procédé, le jeudi 13 décembre 1894, à trois heures de l’après-midi, dans l’une des salles de l’Hôtel de Ville (Présidial), à la vente des arbres à abattre, tant sur la promenade du Mail que sur la promenade de la Motte.

Ces arbres sont au nombre de 143 sur la promenade du Mail, à la suite de la partie exploitée au commencement de 1894, et de 8 sur la Motte ; ces derniers sont marqués au rouge. »

— L'Express de Rennes et de l'Ouest
Origine : N°32, 30 novembre 1894, page 2 • Recueilli par Manu35 • 2020licence

Lieu de passage privilégié

En 1845 l'avenue fut cédée à l'État qui l'intégra à la route n°12 de Paris à Brest au détriment du passage tortueux, étroit et pentu de la rue du Faubourg-l'Evêque et ce, malgré l'opposition de la population entière du faubourg et de celle de la Ville de Rennes qui, en 1840, souhaitait que la route passant par le faubourg gardât, à côté du Mail, le statut de route royale, ce qui aurait laissé aux voyageurs le choix entre les deux itinéraires. Les canaux latéraux, cloaques vaseux l'été, furent comblés en 1860 avec les déblais des terrassements nécessaires à la construction de la Maison centrale. La "rue du Mail" fut dénommée par délibération du conseil municipal de la ville de Rennes le 12 décembre 1862, avant d'apparaître comme "avenue du Mail" dans la nomenclature des voies de Rennes du 24 juillet 1923.

Les fêtes foraines

À partir de 1890 - la première édition eut lieu du 29 juin au 15 juillet 1890 - se tint sur le Mail une fête foraine[3], en général en mai ou juin, que l'on y maintint jusque dans les années quarante.

« La Foire du Mail - C'est le moment où elle bat son plein, où d'un bout à l'autre de l'avenue les baraques devraient se presser les unes contre les autres, attirant les promeneurs à la gourmandise réveillée par de jolies confiseries où des glaces nombreuses reflètent d’appétissants bonbons, à la curiosité excitée par de gracieuses pantomimes ou d'excentriques acrobaties, à l'oreille déchirée mais ravie par de bruyantes orgues de barbarie ou les cris stridents de machines à vapeur.

Mais ce n'est plus cela. — La foire du Mail créée en 1889 sous l'administration Le Bastard se meurt. Il y a bien encore des baraques, des confiseries, mais de rire point : les clowns aux désopilantes farces, au sourire accueillant, grimaçant au son de tambours et de trombones, ont cédé la place à un monsieur au veston correct, nous engageant à visiter des musées ; et quels musées ! de cire, et distribuant par milliers dés prospectus, et quels prospectus, aux sons moulus par l'orgue voisin.

Aussi la foule peu à peu déserte la promenade, les forains n'y peuvent gagner leur vie ; plusieurs même, en voyant la situation, n'ont point planté leur tente et sont allés chercher fortune sous d'autres lieux ; d'autres, installés depuis un jour ou deux, ferment leurs boutiques, dégoûtés par les difficultés et les surprises désagréables qu'ils ont eu en s'installant, navrés des résultats obtenus et décidés à n'y pas revenir une autre année.

Et la foire du Mail va mourir. Rennes sera la seule ville n'ayant pas sa quinzaine où les bateleurs de toutes sortes et de tous pays se réunissent pour jeter une note gaie. »

— La Vie Rennaise
Origine : Numéro du 11 juin 1912 • Recueilli par Manu35 • 2018licence

Celle-ci fut déplacée sur l'esplanade du Champ de Mars dans les années 60[4].

Parc de stationnement et restructuration urbaine

Le Mail devint ensuite un lieu de parcage d'automobiles, plus ou moins organisé, et va faire l'objet de réappropriation pour la promenade, les jeux d'enfants alors que, depuis les années 1990, on a constaté un renouvellement presque entier des immeubles riverains.

La voie est officiellement renommée mail François Mitterrand par délibération du conseil municipal de la ville de Rennes le 1 avril 1996, moins de trois mois après le décès de l'ancien Président de la République Française. Peu nombreux sont les Rennais qui prononcent sa dénomination complète.

La restructuration du début du XXIème siècle

En 2009 est voté un programme de restructuration du Mail, en effet à cette époque le Mail n'est qu'un vaste parking. Les travaux commencèrent à la mi-2012[5]. L'espace central est revenu à l'usage exclusif des piétons et cyclistes. 67 platanes sont maintenus et une trentaine de nouveaux arbres est plantée[6], dont 16 cèdres du Liban[7]. Des équipements sportifs, un marché bio, et une foire à la brocante y prennent place le 2e dimanche du mois [8].

La gare des TIV, le Mail et le quai Saint-Cyr et le quai de la Prévalaye (Archives de Rennes. 100FI644)


Un tour à la foire du Mail en 1925

Les impressions d'un promeneur sur la foire, d'une durée de 15 jours, sont livrées dans le numéro du 13 juin 1925 de l'hebdomadaire La Vie Rennaise.

Après avoir noté l'abondance des marchands de friandises, sans oublier "le palais des patates frites", le promeneur cite les loteries et les tirs à la carabine puis détaille "l'alignement des baraques classiques : le Muséum, le Colisée et le Salon des Mondaines sont visibles seulement par les adultes ; en revanche tout le monde peut voir la femme-panthère et la femme-lion. On peut aussi admirer les poses de l'athlète argentine Thérésa de la Plata. La Maison Tournante, réplique du Devil Mill britannique, vous fait marcher la tête en bas et, quant au Moulin de la Gaieté, "les neurasthéniques en sortent guéris". Les manèges à sensation portent des noms britanniques : The Whip, the Cyclon, ou simili comme the Rouly. Et le promeneur de regretter : "Voilà que l'anglo-saxonisme menace d'envahir jusqu'à nos champs de foire et de changer la façon de s'amuser de notre peuple" au détriment des marionnettes et des musées de cire. Il y a aussi le petit chemin de fer à vapeur, "pardon, The Little Railway" pour un voyage de deux minutes moyennant dix sous. Plus de cinéma forain car "quelle est la petite ville qui n'a pas son cinéma à demeure ?" interroge le promeneur.


Haïku de nuit

"Ce soir en rentrant

au Mail François Mitterrand,

un chat noir errant."

--Stephanus 26 mars 2011 à 09:46 (CET)


Sur la carte

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Sources