Parc du Thabor

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Le parc du Thabor ou Thabor, situé à proximité du centre ville, dans le quartier Thabor, est un parc public aménagé sur plus de dix hectares dont la particularité est de mêler un jardin à la française, un jardin à l’anglaise et un important jardin botanique. Son nom fait référence à une montagne calcaire d’Israël dominant au sud-ouest le lac de Tibériade, le mont Thabor Wikipedia-logo-v2.svg.

Le plan du parc

Le développement et l’agrandissement du parc du Thabor se sont fait par vagues successives. D’abord simple promenade publique, puis muni d'un jardin botanique, le parc est aménagé entre 1866 et 1868 par Denis Bühler qui mit en place le boulingrin, l’enfer, les jardins à la française et les jardins à l’anglaise. Au début du XXe siècle, la partie sud du parc, appelée « les Catherinettes », est aménagée en extension du jardin anglais.

Anecdotes

Le 29 mai 1943, anecdote sinistre, vers 16 heures, 25 personnes sont tuées dans une tranchée aménagée dans "le Carré Duguesclin", touchée par les forteresses volantes américaines.

A cette époque on peut voir des soldats allemands convalescents, torses nus sur le toit-terrasse du lycée de jeunes filles transformé en hôpital.

En 1944, c'est au carré Du Guesclin, près de la statue du connétable, que sous le pseudonyme de Le Vigan, Pierre Herbart Wikipedia-logo-v2.svg, depuis peu arrivé à Rennes, rencontre incognito pour la deuxième fois le responsable de la résistance chargé de l'assister dans sa mission de chef de maquis pour la Bretagne. D'emblée, Le Vigan lui montre une carte et lui fait part de sa conviction concernant le lieu du débarquement et logiquement de la priorité de la libération de Rennes, après le port de Cherbourg, mais avant Paris. Le même témoin fait état de sa nomination comme vice-président du comité de libération de Rennes et de sa préoccupation personnelle d'éviter les exactions et autres règlements de compte une fois la ville libérée, outre sa mission officielle qui était de "coiffer sur le poteau" tant les Américains que les résistants communistes dans l'installation des autorités locales. Par la suite, il sera convié à la préfecture par le Général de Gaulle pour être remercié de ses bons offices [1].

Le Thabor vu par Lucien Decombe, en 1883[2]

« Nous franchissons la grille et nous nous trouvons dans la promenade du Thabor. C’était, avant la Révolution, le jardin particulier des moines Bénédictins établis dans les bâtiments de l’abbaye de Saint-Melaine, occupés aujourd’hui par l’Hospice des vieillards. L’entrée de la promenade existait autrefois tout à fait au nord, dans l’ancienne ruelle de la Palestine ; de cette difficulté d’accès il était résulté de la part des promeneurs un complet abandon du Thabor, et grâce à ce délaissement, les antiques bosquets des Bénédictins virent plus d’une fois les duellistes y venir vider leurs querelles l’épée à la main.

La belle et vaste pelouse rectangulaire, encadrée de grands arbres, qui se présente à nous porte le nom de Carré Du Guesclin ; au milieu se dresse, sur un piédestal de granit, la statue du grand connétable, inaugurée en 1825.

Un peu plus loin, au pied d’une terrasse en fer à cheval, s’élève depuis 1835 la gracieuse Colonne de Juillet, œuvre du statuaire breton Barré, surmontée d’une petite statue de la Liberté ; ce modeste monument consacre le souvenir de deux enfants de la cité, Vanneau et Papu, tués en 1830 à Paris, pendant les journées de Juillet. Une double rampe conduit du Carré Du Guesclin aux allées supérieures du Thabor, plantées de beaux arbres et entourant l’Enfer, vaste et profond bassin tapissé de gazon, et recouvert d’un dôme de verdure impénétrable aux rayons du soleil.

Un des plus grands agréments du Thabor et du Jardin des Plantes, est la diversité des aspects : les terrasses, les pelouses, les allées ombreuses, les bassins de verdure s’y succèdent et s’y entremêlent avec un art et une variété qui donnent un charme infini à cette délicieuse promenade dont la réputation est d’ailleurs justement méritée, et que nous envient les plus grandes villes de France. »

Lucien Decombe
Origine : Notices sur les Rues, Ruelles, Boulevards, Quais, Ponts, Places & Promenades de la ville de Rennes • 1883licence

Images du Thabor

<flickr>2990162032|thumb|Un tour de Chevaux de bois sur le Manège Bijou - 1908</flickr>

Notes et références

  1. Emission de France-Culture du 24 mai 2000, rediffusée le 11 septembre 2010.
  2. Notices sur les rues de Rennes, 1883, Lucien Decombe




Témoignage

_____________________________________________________________________________________________________________________ Au début des années quarante et même un peu avant remontent mes souvenirs du Thabor. Ce parc, pour une famille habitant dans le centre, était le lieu de promenade et de jeux le plus apprécié : le jardin Saint-Georges était trop près et sans mystère, presqu'entièrement offert aux yeux et sans recoins, quant au parc de Maurepas, aux lisières de la ville, ses balançoires, ses tourniquets et son anneau de patinage à roulettes ne pouvaient compenser son éloignement. Pour les Rennais voisins, toute excursion hors la ville étant impossible, le jeudi après-midi ou le dimanche, le Thabor était un lieu de convergeance pour la promenade et la détente et pour que les enfants prennent l'air et le bon.

La maman, avec landau ou poussette, montait donc la rue Gambetta et le contour de la Motte, au square dédaigné, un enfant tenant d'une main la poignée chargée du sac du "quatre-heure" et, éventuellement d'un sac de tricot, les autres trottant à ses côtés, souvent devant, pressés d'arriver. A la grille de la place Saint-Melaine, se tenait un étrange personnage derrière son chariot de friandises : vêtu d'une ample robe, portant des lunettes noires et une toque circulaire à pans de couleurs variées, il proposait bonbons, sucettes et sucres d'orge. Par la suite on trouva là un chariot des glaces Lopez.

Une fois passée la grande grille, les souliers crissaient sur les graviers de l'allée : nous n'étions plus en ville : à droite le grand carré Duguesclin avec sa statue et la colonne Vanneau, un peu plus haut l'Enfer,dont le fond plat permettait de jouer au ballon, puis près du manège des chevaux de bois, le petit bassin sur lequel des garçonnets faisaient naviguer leur petit voilier, voire un bateau à moteur, et le kiosque. Parmi les nombreuses mères de famille et les personnes âgées il s'agissait alors de trouver au moins un siège : place libre d'un banc ou une de ces chaises en fer, dont il fallait acquitter le droit d'usage à la chaisière qui parcourait les allées inlassablement. On retrouvait fréquemment des "petits amis", occasion pour jouer à cache-cache ou aux gendarmes et aux voleurs, hors de vue des mamans, dans le secteur chahuté et propice aux cachettes de la grotte, de la cascade, avec les escaliers, de l'île avec son ponceau. Mais pas question de couper par les pelouses : des gardes à képi, l'un manchot, tel autre unijambiste, étaient prompts à user du sifflet ou à brandir leur canne pour rappeler à l'ordre les contrevenants. Pour les petits le manège et les biches dans leur enclos, la volière ! Entre les grands dômes miroitants des serres, et le grand cèdre du Liban, les bustes ou statues, près des bassins, nous retrouvions la maman pour le goûter : tartine de confiture et grenadine, boisson rose et un peu sirupeuse, extraite d'une bouteille thermos dont le bouchon faisait tasse.

L'heure venait de redescendre vers la maison. Un peu las, nous laissions derrière nous les paons à l'allure si compassée quand ils daignaient faire leur roue multicolore pleine de yeux, les jets d'eau et les poissons rouges,les chaudes plate-bandes de millepertuis. On retrouvait le carré Duguesclin en ignorant les jeunes soldats boches convalescents qui, torses nus sur un toit terrasse du lycée de filles, hélaient parfois une jeune Rennaise.

On redescendait le Contour de la Motte et la rue Gambetta et, de retour, on disait à papa qu'on s'était bien amusés.

--Stephanus 5 avril 2011 à 10:47 (CEST)

haïku rennais

"Riaient au Thabor

les yeux bleus d'Eléonore,

je les vois encore."


--Stephanus 21 mars 2011 à 16:14 (CET)