A l'occasion des 80 ans de la libération de Rennes, (re)découvrez l'ensemble des
contributions autour de la Seconde Guerre mondiale et de la libération sur Wiki-Rennes.
Radio Rennes - P.T.T.
La radio fait son apparition en Bretagne en 1927. Après les premières expérimentations lancée le 23 avril 1927, Radio-Rennes ou Radio-Rennes PTT est officiellement inaugurée le 02 juin 1927. « Le poste Radio Rennes a chanté » titre le lendemain le journal Ouest-Éclair. La capitale bretonne dispose enfin de son propre poste de TSF affilié au réseau des stations des PTT. Les équipements sont installés dans les nouveaux locaux des PTT rennais qui en avril ont aménagé dans l'aile Est du Palais du commerce.
Initialement, elle assure principalement le relais des émissions de Paris PTT avec quelques décrochages quotidiens pour un bulletin d'information locale diffusé à 20 heures jusqu'en 1930. Par la suite, la programmation de Rennes PTT s’étoffe, par la retransmission de concerts et de représentations théâtrales données par les sociétés locales d'art dramatique. Des reportages sur les manifestations folkloriques bretonnes depuis Quimper, St Malo ou Guingamp, des causeries et conférences, des émissions agricoles, des émissions médicales, des cours de langue constituent l'essentiel des 75 heures d'émissions hebdomadaires de la station en 1933. La création de studios à Brest, Nantes et Angers cette même année, lui fait fait alors prendre la dénomination « Radio Bretagne ». A l'origine, c’est une radio plutôt austère et sans grande fantaisie.[1]
Le studio d’abord installé en août 1926 au 2e étage de l’aile est du palais du Commerce alimenté par deux pylônes métalliques hauts d’une dizaine de mètres pour soutenir l’antenne, nécessite un meilleur équipement de diffusion. Il relaie le programme de l'École Supérieure des PTT. La première des émissions régulières est réalisée le 1er juin 1927 à 18h00. L'ouverture d'antenne se fait avec un morceau traditionnel breton : La dérobée de Guingamp.
En 1953 Rennes dispose d'une maison de la radio.
Les studios du palais du Commerce
Le studio fut transféré en août 1933 de l'aile est au 3e étage de l’aile ouest. Il y disposait de 11 pièces, dont un auditorium de 120 m2 et 4 pièces occupées par l’association des Amis de Radio Rennes chargée de composer et faire exécuter les programmes. En 1933 la station diffuse 75 heures d'émission par semaine.
En janvier 1935 la station s’annonce comme « Radio-Rennes-Bretagne".
Les Postes émetteurs de Radio-Rennes - P.T.T.
Le poste émetteur de l'Alma (Rennes)
En 1929 est construit un bâtiment au n° 96 rue de l'Alma, intitulé magasin régional à Rennes, sur plan de Pierre-Jack Laloy, architecte et Henri Robert, entrepreneur. Il s'agissait d'un petit bâtiment en béton d'un seul étage, avec toit d'ardoise. Mais un tout autre équipement est prévu dans ce quartier car l'antenne située sur le toit métallique de l'aile est du palais du Commerce ne donne plus satisfaction. On entreprend l'installation de deux pylônes. L'Ouest-Éclair du 15 octobre 1930 annonce une interruption des émissions pour travaux pendant une quinzaine de jours en vue d'installer un nouveau poste émetteur de TSF à l'angle de la rue de l'Alma et de la rue Ginguené (quartier Villeneuve) où ont été implantés les deux pylônes de 36 mètres de hauteur espacés de 50 mètres, entre lesquels sera tendue l'antenne. Un câble souterrain relie le nouveau centre émetteur au studio du palais du Commerce, alors appelé hôtel des Postes. La distance à la terre est ainsi portée à 40 mètres. Le nouveau poste émit à partir du 15 novembre.[2]
Le poste émetteur de Thourie
Le site pour le nouvel émetteur est décidé sur Thourie, alors que d'aucuns souhaitaient le site de Guerlédan, plus central pour diffuser sur l'ensemble de la Bretagne. De fait, l'emplacement de Thourie s'avérera favorable à la diffusion vers l'est et le sud mais trop éloigné du Finistère pour lequel on envisagerait un relais. Le 19 février 1939 est inauguré le nouveau centre émetteur de Thourie qui fonctionnait depuis le 12 octobre 1936. Distant de 32 kilomètres au sud, il est supérieur en rayonnement aux antennes de Rennes Alma. À sa création, trois pylônes avaient été construits, deux de 30 m et un de 120 m, puis ils furent remplacés par un pylône haut de 220 mètres. La Radiodiffusion, sous la tutelle des Postes et Télécommunications, avait réalisé ce projet dans le but de transmettre des émissions de Rennes-Bretagne que l’on pouvait alors capter jusque sur les côtes d’Algérie. [3]
Le 25 septembre 1939 les musiciens et chœurs de la radio nationale arrivent à Rennes où ils resteront presque un an. L’orchestre Radio-Lyrique-Symphonique occupa les studios de Radio-Bretagne au dernier étage du Palais du Commerce. [4]
L’Heure allemande
Après l'armistice du 22 juin 1940, les émetteurs de Rennes (Thourie et Alma) passèrent sous contrôle allemand. L’émetteur de Thourie est saboté mais remis en service dès le 5 juillet 1940. Radio-Bretagne (Ondes Moyennes : 288,6 m - 120 kW) rediffuse en décrochage de Radio-Paris. Ce sera la seule station régionale autorisée dans la zone Nord, mais sous contrôle des Allemands. les Allemands y diffusaient des programmes traduits ensuite en français mais l’émetteur avait aussi une grande importance pour l’envoi des signaux radio permettant le guidage des avions allemands. L'émetteur de Rennes Thourie fut le seul en zone occupée à obtenir un décrochage régional pour des émissions spécifiques. Les Rennais purent en écouter la première diffusion le 1er novembre 1940, sur onde moyenne 288. Il fonctionne d’abord en décrochage d’une demi-heure de Radio-Paris, puis d’une, voire deux heures, en soirée avec des émissions culturelles en français et en breton, notamment avec Roparz Hémon et des troupes bretonnes telle celle de Gwalarn, alors que Radio-Bretagne ne diffusait pas d'émission en breton avant-guerre, la langue étant pourtant encore très répandue dans les campagnes de Basse-Bretagne. À partir de février 1942 ce n’est plus Thourie mais l’émetteur d’Alma, moins puissant (288 m au lieu de 432 m) et donc moins audible pour les bretonnants. L'armée allemande sabote les pylônes à son départ et ce n’est qu’en 1954 qu’un nouveau mât sera construit.
La libération
À la libération, le 4 août 1944, Jean Marin, membre de la mission militaire de liaison administrative, au palais du Commerce, remet symboliquement la station aux Américains. La station est en fait bien dévastée mais, le journal Ouest-France du lundi 21 août annonce que "Le poste de Radio-Bretagne inauguré par M. Le Gorgeu, a donné, samedi soir, sa première émission", Victor Janton en rappelant l'histoire récente. Rapidement, le 19 août 1944 à 19h00, les techniciens ont remis en exploitation un émetteur. Les émissions de Radio-Rennes - Radio-Bretagne, premières émissions radio de la France libérée, sont en fait diffusées depuis un studio mobile de l'armée américaine. [5]
Aujourd’hui, la station est toujours en activité. Le mât de 220 mètre relaie les émissions de Radio Bleue ainsi que d’autres stations nationales. [6]
Une maison de la radio
Par lettre du 1er août 1939 à M. le ministre des Postes, le maire de Rennes, M. Château, présente la candidature de la ville de Rennes pour l’implantation d’une maison de la radio et li en adresse copie à M. Guy La Chambre, le malouin ministre de l’Air, en soulignant que Rennes, centre intellectuel de la Bretagne est tout indiqué pour accueillir cette maison de la radio alors même que Nantes se place aussi sur les rangs avec le même désir. La survenance de la guerre met ce projet au réfrigérateur.
Le 12 octobre 1944, Henri Fréville écrit à Victor Janton, responsable de la radio, pour souligner l’intérêt que présente le terrain de la manutention militaire, à l’angle de la rue Jean-Marie Duhamel et de la rue Saint-Hélier, le bâtiment ayant été détruit par les bombardements . Le 3 octobre 1949 c’est cette proposition qui est présentée au directeur régional de la radiodiffusion française, M. Favennec dont l’accueil est favorable.
Le conseil municipal de Rennes, présidé par Yves Milon, maire, se prononce le 8 novembre 1950 en faveur d’un prêt de 75 millions de francs à la Radiodiffusion française pour une première tranche, qu’il va financer par un emprunt. L’ensemble de la réalisation de la maison de la radio représente une dépense de l’ordre de 300 millions. Deux ans plus tard l’opération est en cours et Henri Fréville, rapporteur de la commission, souligne, le 8 novembre 1952 que la ville va ainsi disposer d’ « une grande salle qui nous manque. Cette déficience éloigne de Rennes bien des manifestations, congrès politiques, artistiques, manifestations aéronautiques… »
La maison de la radio, construite sur plans de MM. Carlu et Joly, est opérationnelle en 1953. Elle est maintenant le siège de la chaîne de télévision France 3 Bretagne car en juin 1995 les studios quittèrent l'ex "Maison de la Radio" et rejoignirent le 14 avenue Janvier et de là émet la radio France Bleu Armorique, fréquence FM 103,1.
Références
- ↑ http://100ansderadio.free.fr/HistoiredelaRadio/Rennes-PTT/20-Radio_RennesPTT.html
- ↑ La vie d'une station de radio d'État. Rennes-PTT 1926-1933 J. Humbert. Imp. Oberthur Rennes Paris - 1934
- ↑ https://www.radiorennes.net/un-nouveau-centre-emetteur.html
- ↑ Rennes pendant la guerre, p. 12 à 14 Étienne Maignen. Éditions Ouest-France - 2013
- ↑ 1er- 4 août 1944 : l'étrange libération de Rennes, p. 264 Étienne Maignen. éditions Yellow Concept - 2017
- ↑ Radio Rennes - Bretagne pendant l'occupation allemande