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Rue Gambetta

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La rue Gambetta part du quai Chateaubriand, longe le jardin du palais Saint-Georges et aboutit à la rue Victor Hugo à son intersection avec le Contour de la Motte qui la prolonge, formant avec elle la dénivellation la plus abrupte du faible relief de la ville de Rennes. Cette rue forme une limite entre le quartier 1: Centre à l'Ouest et le quartier 2: Thabor – Saint-Hélier – Alphonse Guérin à l'Est.

Histoire de la rue

La rue Gambetta s'appelait autrefois rue des Violiers - au moins depuis le début du XVIIème siècle - déformation de voliers qui, en latin au Moyen-Âge, signifiait jardins, car elle longeait les jardins du monastère de Saint-Georges[1].

Durant la période de la Révolution, la décision du Conseil du 20 octobre 1792 est venue modifier - temporairement - ce nom en la nommant rue de la Poudrière « parce qu'elle conduisait à une poudrière située sur l'Avenue de la Gare»[2], et en donnant au lieu situé en bas de la rue le nom de place de la Montagne, en remplacement de son appellation de place Saint-Georges.

Il est longuement question de l'aménagement et de la rectification de l'alignement de la rue des Violiers dans la délibération du conseil municipal de la Ville de Rennes du 21 novembre 1866.

Finalement, la rue est baptisée de son nom actuel le 7 février 1883, peu de temps après la mort, le 31 décembre 1882, de Léon Gambetta Wikipedia-logo-v2.svg, ancien membre du gouvernement de la Défense nationale en 1870-71 et ancien président de la Chambre des députés.

Urbanisme

En levant les yeux, on découvre les anciens bains Saint-Georges, avec briques rouges et blanches réalisation d'Eugène Guillaume

L'hôtel de Caradeuc

Au n°13 on remarque peu, en retrait, le petit hôtel de Caradeuc où naquit en 1701 le procureur général au Parlement de Bretagne, Louis René Caradeuc de La Chalotais. On nomme de nos jours aussi hôtel de Caradeuc, l'ancien hôtel de Marbeuf, situé 1, rue du général Maurice Guillaudot où mourut le procureur général. Au début de la rue, à l'angle de la rue des Francs-Bourgeois on remarque les anciens bains Saint-Georges. L'immeuble, construit sur un soubassement de granit, est marqué par la polychromie de brique et de pierre calcaire. Les deux premiers niveaux sont encadrés par un bandeau horizontal et sont percés d'ouvertures en plein cintre, à entourage de brique et calcaire alterné. Le dernier niveau englobe les ouvertures dans une arcade en plein cintre et bicolore. L'inscription Bains Saint-Georges en mosaïque d'Isidore Odorico est incluse dans un fronton de la toiture, à l'angle du bâtiment.

La piscine Saint-Georges

Publicité de 1939. Au temps où les salles de bain étaient rares. L'immeuble au bas de la rue comporte toujours l'inscription
Piscine Saint-Georges

En face se trouve la piscine Saint-Georges, construite entre 1923 et 1926. Elle avait été décidée par Jean Janvier puis Alfred Daniel mais réalisée pendant la mandature du maire Carle Bahon Wikipedia-logo-v2.svg, alors qu'Emmanuel Le Ray était architecte de la ville. La décoration des bassins et des bains publics fut réalisés par Isidore Odorico (fils) en émaux de Briare.

La poste rue Gambetta, vraiment ?

Hôtel Bonin de la Villebouquais, n°9 rue Gambetta (photo Pymouss de Wikipedia Commons)

Le journal L'Ouest-Eclair relate en octobre 1933 à ses lecteurs la présence rue Gambetta, un siècle auparavant, de la direction des Postes :

« Chronique de Radio-Rennes - Intéressante causerie de M. Jouin sur « la poste à Rennes ». Quand vous passerez rue Gambetta (ancienne rue des Lauriers), regardez le n° 8 : la direction des Postes y était installée en 1833 ; mais c'était au bureau du Champ-Jacquet qu'on allait chercher son courrier. »

— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 28 octobre 1933 • Recueilli par Manu35 • 2017licence

Deux jours après sa bévue, l'hebdomadaire se reprend en corrigeant son erreur :

« LA POSTE AUX LETTRES A RENNES

Parlant de la causerie de M. Henri Jouin sur la « poste à Rennes », j'ai fait dire à l'excellent conférencier de Radio-Rennes que l'ancienne poste était située au numéro 8 de la rue Gambetta. Erreur ! Il s'agissait de la rue des Lauriers, aujourd'hui rue Georges Dottin. A l'écoute, j'avais cru entendre « rue des Violiers », ancienne appellation de la rue Gambetta. Voici, d'ailleurs, le texte de M. Jouin :

« La maison du 8 de notre ville rue des Lauriers aurait servi, au XVIIIème siècle, pour la poste aux lettres ; c'est, en haut de la rue, par la première fenêtre du rez-de-chaussée, après l'escalier, que le distributeur des plis recevait, dans son bureau, la lumière du jour. En 1833, l'inspecteur du département, Goubert, habitait rue Royale (nunc rue Nationale), près des bureaux, situés place du Champ-Jacquet ».

Cette petite mise au point s'imposait. »

— J. de P.
Origine : L'Ouest-Eclair, numéro du 30 octobre 1933 • Recueilli par Manu35 • 2017licence

Du vieux à la caserne

L'aspect délabré de l'entrée de la caserne côté rue Gambetta est mis en avant dans cet article de L'Ouest-Eclair publié le 20 octobre 1900 :

« Au Génie Militaire

La ville de Rennes s'impose, depuis de nombreuses années, des sacrifices considérables pour son embellissement. Chacun paie largement son tribut, et ceux qui ont le moyen de se faire édifier pignon sur rue connaissent les exigences de l'administration.

Nous sommes loin d'en faire un reproche à celle-ci.

Pourquoi faut-il donc que l'administration de la guerre semble se désintéresser absolument de cette question ? Nous n'ignorons pas que le luxe lui est étranger, sauf en certains cas très spéciaux, mais ne pourrait-elle faire preuve de bonne volonté en donnant à certains de ses édifices un aspect moins miséreux.

[...]

Mais que dire de Saint-Georges? De l'avenue de la gare, le monument, bien que légèrement masqué par la Faculté des Sciences, flatte l'œil du touriste. Mais qu'il ne s'aventure pas au-delà de l'imposante façade de l'ancienne abbaye.

L'entrée sur la rue Gambetta, en face la rue Saint-Georges, enlève tout le charme de la première vision. Ce ne sont pas des maisons qui composent cette partie de la caserne, en bordure sur la rue, ce sont de vraies barraques, indignes d'un tel voisinage.

Si nous avons bon souvenir, lorsque M. Le Bastard fit décider par le conseil municipal l'élargissement du boyau qui s'appelait rue des Violiers et devait devenir la rue Gambetta, l'administration de la guerre prit des engagements et entre autres celui de faire disparaître ces affreuses constructions.

Les années se sont écoulées, et les huttes sont restées là. »

— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 20 octobre 1900 • Recueilli par Manu35 • 2017licence

Morphologie

Dénivelé

En descendant la rue Gambetta, à gauche la piscine puis le palais Saint-Georges et le jardin

La forte pente descendante de la rue Gambetta était la cause première de nombreux accidents routiers au début du XXème siècle[3]. A l'inverse, les courses cyclistes de l'époque attribuaient un prix en haut de la rue.

Propreté

En 1926, un habitant de Rennes se plaint de l'état du bas de la rue, en déplorant la présence de boues :

« EN PASSANT

Rennes... et la boue.

Nous entrons dans une période où il ne sera plus possible d'évoquer notre cité sans penser aussitôt à la boue !... Eh ! ce n'est pas à l'avantage de nos édiles... mais c'est surtout fort désagréable aux malheureux piétons qui, eux, ne peuvent pas se payer - ou se faire payer - une luxueuse limousine pour « éclabousser » les « cochons de passants ».

La journée de samedi a été marquée par quelques ondées qui ont « détrempé » quelque peu le col... oh ! très peu ! mais suffisamment pour permettre d'avoir un avant-goût de l'hiver.

Au bas de la rue Gambetta, une boue gluante donnait à cette partie de le chaussée l'aspect d'un chemin que nous cherchons vainement dans nos petites bourgades... Que sera-ce cet hiver, demandaient les Rennais...

Mais, "cet hiver", ce sera comme le dernier hiver... peut-être encore un peu plus de boue... et voilà !... »

— LE PIÉTON DE SERVICE
Origine : L'Ouest-Eclair, numéro du 25 octobre 1926 • Recueilli par Manu35 • 2017licence

Carrossabilité

Les rues de Rennes n'ont pas toujours connu l'aspect que nous leur connaissons aujourd'hui, pour preuve cet extrait de L'Ouest-Eclair :

« DES DOS D’ÂNES IMPRESSIONNANTS

L'état défectueux de certaines rues de Rennes a fait souvent l'objet de nos critiques. Et il n'est pas de jour qu'un lecteur ne nous signale telle rue au dos cabossé, comme le fond d'un vieux chaudron.

Sans doute le service compétent ne peut-il disperser ses efforts sur tous les points à la fois. D'autant que nos rues sont à chaque instant défoncées à l'occasion de travaux entrepris par telle ou telle administration. (Entre parenthèses pourquoi n'oblige-t-on pas ces administrations à remettre les choses en état ?)

Il est cependant de grandes artères qui méritent l'attention de la Voirie.

Rue Gambetta, par exemple, au débouché de la place Pasteur, près des jardins du Palais Saint-Georges et plus haut encore, après la Piscine Municipale, des dos d'ânes s impressionnants causent de magistrales secousses aux automobilistes les plus prudents.

Ces bonds et ces cahots ne pourraient-ils être évités à nos concitoyens? »

— LE PIÉTON DE SERVICE
Origine : L'Ouest-Eclair, numéro du 16 septembre 1934 • Recueilli par Manu35 • 2017licence

Plaques inexistantes et numérotage défectueux

Un fait divers inédit apparaît dans les pages du quotidien rennais en 1902, le doublement du n°5 de la rue Gambetta :

« CHOSES LOCALES

Le numérotage des maisons

Le service de la voirie fait en ce moment procéder à la pose de nouveaux numéros sur plaques émaillées, votés dernièrement par le Conseil municipal. Disons que la façon dont ces numéros sont apposés aux maisons laisse beaucoup à désirer. Dans certaines rues - rue Bourbon, quai Chateaubriant, et sans doute ailleurs - le numérotage n'est pas fait complètement. On laisse des maisons sans numéros.

Ailleurs, rue Gambetta, dont le numérotage était, du reste, défectueux, depuis la création de la place Pasteur, on a laissé au bas de la rue (bains Saint-Georges) l'ancien numéro 5 qui devrait être le numéro 1 actuel, et l'on n'a pas mis de nouveau numéro, de sorte que cette malheureuse rue a maintenant les n° 5, 3, 5, 7, 9, 14. etc.

Il faut avouer que ce n'est pas la peine de faire du nouveau pour aboutir à de pareilles erreurs.

A ce propos, signalons l'absence de plaques indicatrices dans certaines rues. Il nous semble que l'établissement de ces plaques serait plus urgent encore que le numérotage. Puisque nous avons parlé de la rue Gambetta, disons qu'il n'y a aucune plaque au bas de la rue. Sur la place Laënnec, quai Saint-Cyr, absence totale de plaques.

Voilà ce cher ami Qui de droit avisé. Espérons qu'il profitera des tuyaux que nous lui donnons pour veiller au bon fonctionnement du numérotage et pour nous donner les plaques indicatrices qui nous font défaut. »

— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 8 mars 1902 • Recueilli par Manu35 • 2017licence

Le faux n°21 rue Gambetta

En 1904, deux malfrats ont perpétré un vol et se sont fait passer comme habitants de l'inexistant n°21 de la rue :

« UN VOL AUDACIEUX

Chez M. Lemarchand, joaillier. - Attention aux acheteurs en paires quand ils sont inconnus. La recherche des voleurs

Hier, vers midi, deux jeunes gens, paraissant âgés de 20 à 25 ans, de taille et de corpulence moyennes, se présentaient chez M. Lemarchand, bijoutier sous les Galeries Méret, et demandaient à voir des objets d'art.

L'un d'eux s'occupait de l'achat pendant que l'autre, indolent, regardait les étalages.

Finalement un bronze fut acheté et les jeunes gens priaient la factrice de le faire porter au n°21 de la rue Gambetta.

Quelque temps après leur départ, on constatait la disparition d'un collier de brillants et de roses avec ornement de milieu, en forme de broche, se démontant à volonté et d'une valeur de 1.800 à 2.000 francs.

Aussitôt M. Lemarchand prévint la police et donna les signalements des deux acheteurs.

La factrice conta que le vol avait dû être commis par celui des jeunes gens qui ne s'occupait pas d'acheter le bronze, alors qu'elle se trouvait avec son compagnon dans une salle contiguë. La vitrine n'était pas fermée à clef ; il était facile de l'ouvrir et de prendre le collier.

Nous sommes allés dans la soirée chez M. Lemarchand qui nous a expliqué dans quelles circonstances précises le vol avait été commis : il a fallu au voleur une audace inouï, M. Lemarchand était avec la factrice et l'acheteur du bronze dans une petite salle contigüe. Il n'avait qu se pencher pour apercevoir le voleur ! D'autre part, la vitrine fait un certain bruit en s'ouvrant : le voleur l'a donc ouverte avec beaucoup de précautions pour éviter le grincement de la serrure ! Il lui a fallu ensuite écarter un rideau et plonger le bras jusqu'au fond de l'étalage.

Toutes les recherches faites dans l'après-midi sont restées vaines. La sûreté a surveillé les gares, est allée dans les hôtels, tout en vain.

La première chose à faire était évidemment d'aller au n°21 de la rue Gambetta, mais ce numéro n'existe pas ; la rue finit, croyons-nous, au n°15.

Voici le signalement des deux jeunes gens, qui a été envoyé dans toutes les gares environnantes.

Le plus âgé porte environ 25 ans ; taille 1 m. 70 ; cheveux blonde ; visage plein et coloré ; petite moustache blonde ; corpulence moyenne ; coiffé d'un chapeau de paille blanche, vêtu d'un complet foncé tacheté de blanc ; vêtu de chaussons. Ce jeune homme a une mine des plus correctes et s'exprime très bien.

Le plus jeune porte de 18 à 20 ans ; taille 1 m. 65 environ ; cheveux bruns pommadés avec la raie sur le côté. Visage pâle et maigre. Très mince. Imberbe. Attitude indolente. Vêtu d'un complet foncé ; mise très correcte.

L'un porte une canne, l'autre un parapluie.

Ces signalements ont été fournis à la police par la factrice de M. Lemarchand ; ils ont été confirmés à l'Hôtel Delamarre, 23, avenue de la Gare, où l'on a découvert qu'ils étaient descendus. Ils sont partis, d'ailleurs, sans payer ce qu'ils devaient. Ils étaient arrivés à Rennes avant-hier soir à 10 heures et avaient passé la nuit dans cet hôtel.

Le plus âgé s'est inscrit sous le nom de Daubray, le plus jeune sous celui de Nodin. Mais ce sont naturellement de faux noms.

La tâche de la police dans cette affaire est des plus dures. Ces deux audacieux escrocs sont certainement des professionnels qui ont dû, aussitôt leur coup fait, prendre le train et quitter Rennes. Ils doivent être affiliés à quelque bande qui s'occupe d'écouler ensuite à l'étranger les objets volés.

Le collier qu'ils ont pris hier porte le numéro 12.070.

Espérons que la police arrivera cependant à mettre la main sur ces audacieux voleurs. »

— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 26 août 1904 • Recueilli par Manu35 • 2017licence

Sur la carte

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Notes et références

  1. Les rue de Rennes, par Lucien Decombe, Alphonse Leroy, éditeur, 1892
  2. Selon "La Vie Rennaise", page 4, numéro du 25 mars 1910
  3. Voir certains numéros de L'Ouest-Eclair

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