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Carrefour Georges Nitsch

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Le carrefour Nitsch vu par un piéton venant du boulevard Georges Pompidou et passant sous le pont de Nantes pour se rendre dans le centre. Le point précisément masqué par le scooter est assez régulièrement percuté par des voitures et le passage piéton franchi par le scooter n'est pas des plus sûrs...

Le carrefour Georges Nitsch, anciennement place Georges Nitsch, est un des rares carrefours rennais à porter un nom. Il fut dénommé par délibération du conseil municipal de la ville de Rennes le 6 mai 1991. Ce nom rappelle :

Georges Nitsch

architecte et photographe amateur

(23 juin 1866, Rennes - 11 juin 1941, Rennes)

Georges Nitsch, "issu d'une modeste famille d'artisans, exerce dans un premier temps le métier de comptable, puis celui de métreur-vérificateur. Cette première approche du monde de la construction le conduit ensuite à la profession d'architecte autour des années 1900, après un passage à l'École des Beaux-Arts et une formation au sein du cabinet Martenot"[1].

Nitsch profite de la modernisation de la ville à la fin du XIXe siècle pour répondre à la demande d'une nouvelle bourgeoisie soucieuse d'une reconnaissance sociale à travers l'image de son logement. Ainsi, il bâtit ainsi bon nombre d'hôtels particuliers mais également des villas-pavillonnaires pour les classes moyennes et des immeubles pour les plus modestes[2]. Il dirige avec Emmanuel Le Ray en 1922 une école de pré-apprentissage, dont le local est situé rue Vasselot, et où sont prodigués aux jeunes enfants à la fois des ateliers techniques (zinguerie, plomberie, menuiserie, forge, serrurerie, charpente...) mais aussi des cours théoriques (français, géométrie, dessin, calcul...)[3]. Il en prend la présidence en 1930.

Parallèlement photographe amateur et féru de patrimoine local, il fut aussi après la fin de sa carrière d'architecte en 1927 l'auteur de trois ouvrages édités en 1928, 1929 et 1932 sur de grands monuments rennais. Il fréquente, dès 1898, la société photographique de Rennes fondée en 1890, en devient secrétaire général en 1904, et en fut même président entre 1922 et 1936[4]. Nitsch reçut un prix de l'Académie française pour son troisième ouvrage décrivant Le Palais de justice de Rennes[5].

Homme dynamique aux centres d'intérêts multiples, il est très impliqué dans la vie culturelle rennaise. Il contribue d'ailleurs à redonner une impulsion à la vie de cette société, qui s'est trouvée mise à mal au lendemain de la Première Guerre mondiale : Nitsch organise des projections, des conférences et une exposition annuelle destinée à faire connaître les travaux des sociétaires. Il se voit même attribuer la présidence de l'association des Amis de Radio-Rennes.

Amoureux de Rennes, il conclura une de ses conférences en 1924 sous la forme d'un aveu: «Je suis un amoureux passionné de ma ville natale. Sous son aspect froid, sévère et mélancolique, elle est charmante, mais elle est fière et ne se laisse comprendre que par ceux qui la recherchent et font tous leurs efforts pour lui plaire et l'admirer». Il est présenté par le journaliste Eugène Le Breton, dans le quotidien L'Ouest-Eclair du 5 décembre 1932, comme un «infatigable remueur de pierres, de papiers, de souvenirs».

La collection Nitsch du musée de Bretagne, reçue en don en 1976, est riche de près de 3 000 images (négatifs & tirages). Grand voyageur, Nitsch réalise de très nombreux clichés lors de ses voyages[6].

Il habita avec sa femme dans l'immeuble situé au 2 galeries Méret à Rennes, au deuxième étage, où il installa d'ailleurs son cabinet et décèdera en 1941. Ils achetèrent entre temps une villa bourgeoise de Rennes adressée au 168 rue de Fougères[7].


« La vogue des habitations proposées par l'architecte Georges Nitsch n'est pas si étonnante. Il est, par excellence, l'architecte de cette petite bourgeoisie en mutation qu'il suit dans son irrésistible ascension, lui offrant à chaque nouvelle étape une variante enrichie du modèle initial, de la maison minimale de 27m² à l'hôtel particulier. Sa formation n'est pas étrangère à ce succès : formé dans le cabinet Martenot, il est bien implanté dans la profession.


Son succès s'explique facilement. Les modèles qu'il propose répondent à la demande d'une large clientèle qui, n'y étant pas intellectuellement préparée, reste hermétique aux discours et aux débats auxquels se livrent les architectes rennais. Ce qu'il recherche, c'est pouvoir manifester les signes élémentaires de l'embourgeoisement (une adresse, un foyer, un jardin). Nitsch propose de nombreux types d'habitat traités sous la forme d'un petit hôtel conçu avec un corps central flanqué d'un pavillon en léger ressaut. Il est fortement influencé par les modèles des Habitation modernes de Viollet-le-Duc, ouvrage qu'il a certainement vu chez Martenot, dont l'influence est aussi très présente. Il préconise déjà l'emploi de matériaux locaux (par souci de rendement et d'économie) et d'éléments décoratifs préfabriqués - c'est ce qu'il soutiendra, enfin, lors du Congrès local des H.B.M. en 1922. S'adaptant à la demande de la clientèle, il franchira sans difficulté l'étape de l'entre-deux-guerres. »

— par Jean-François Troussel
Origine : "L'Art domestique à Rennes autour de 1910", 1990 • Recueilli par Manu35 • 2023licence

Le carrefour

Cette dénomination d'un carrefour signale son importance dans cette partie de la ville. Il est peu étendu avec simplement quatre directions principales, auxquelles il faut ajouter un discret accès par le sud à la petite rue Docteur Francis Joly. Administrativement, ce carrefour marque précisément le sommet de l'angle sud-ouest du quadrilatère du quartier Centre. Plusieurs lignes de bus passent par ce carrefour, toutes dans l'axe nord-sud ; une partie est concernée par les arrêts aménagés primitivement au début du boulevard de la Tour d'Auvergne, puis rapprochés du pont.

Le trafic est plus intense dans l'axe nord-sud en ce que le carrefour est aussi l'accès au pont de Nantes et ainsi aux voies de sortie de la ville vers le sud et le sud-ouest. À proportion de ce trafic, ce lieu est accidentogène : principalement en raison des véhicules qui, venant de la place de Bretagne, sont régulièrement surpris du virage qu'impose la discontinuité de l'alignement du boulevard de la Tour d'Auvergne et du boulevard Georges Pompidou qui étend ses voies au-delà du pont[8]. Le mouvement inverse des véhicules descendant le boulevard Pompidou est moins délicat en raison d'un virage plus évident et plus aisé, mais les piliers du pont qui peuvent être mortels dans l'autre sens masquent cette fois les nombreux véhicules tournant vers la Gare, eux-mêmes pas mieux lotis en matière de visibilité...

Hôtel du Moustier (fin XIXe siècle) et amorce à droite du boulevard du Colombier.

Le carrefour assure la jonction, selon l'axe ouest-est, du boulevard de Guines à l'ouest et du boulevard du Colombier à l'opposé, sensiblement alignés (vu qu'ils longent les voies ferroviaires) et qui mènent vers le secteur de la gare ; boulevards de faible emprise et en partie à deux voix seulement. Dans l'autre sens, vers l'ouest, le boulevard de Guines mène au quartier en développement de la Courrouze ou celui de Cleunay.

Le carrefour a suscité plusieurs aménagements en raison de ces contraintes et de la régularité des accidents.

Au nord-est de la placette associée au carrefour, l'hôtel du Moustier dissimulé en partie par son mur d'enceinte.

- L'Hôtel du Moustier fut édifié en 1883 à la demande d'Emmanuel Alexandre sur les plans de l'architecte Wilfrid Guillaume, au lieu dit : « Maison de Jambue ». La propriété s'accompagne d'une serre et d'une ancienne écurie qui longe la rue Docteur Francis Joly, anciennement rue de Nantes. Avec son parc, l'édifice témoigne de l'aspect résidentiel du quartier du faubourg de Nantes à la fin du 19ème. Il se place sur l'ancienne zone maraîchère au début de son urbanisation projetée autour de la gare et des voies ferrées par Ange de Léon, maire de Rennes entre 1855 et 1861. Cette vaste propriété, rachetée en 1892 par le Comte Edouard de Moustier, restera dans cette famille jusqu'en 1975, date à laquelle Monsieur Berthelot, avocat et ancien auxiliaire de justice du tribunal de commerce, en fit l'acquisition pour y installer ses bureaux.  L'endroit est surtout connu des Rennais car le bâtiment a hébergé, de 1948 jusqu'aux années 70, une clinique d'accouchement qui a vu naître de nombreux résidents du quartier.

Wilfrid Guillaume, (1855-1934) l'architecte de cet hôtel particulier, a exercé son activité d'architecte rue Chalais de 1881 à 1900.  En 1884, il réalise les plans de la reconstruction de l'Usine d'habillement et d'équipement militaire Collin, boulevard de Chézy, (ancien bâtiment de l'actuelle école d'architecture). La même année, il se présente sous la liste du Comité républicain du Drapeau Tricolore, mais ce n'est qu'en 1908, qu'il deviendra conseiller municipal. Architecte des bâtiments de l'État, il est aussi connu pour avoir été le premier président du comité des Habitations à Bon Marché de Rennes, fonction qu'il exercera jusqu'en 1925.

Faits divers

Dernier portrait d'un Mort pour la France en 1940 par le photographe de la place devant le portail de l'hôtel (cliquez sur l'image pour le détail).

Le photographe utilisait le portail de l'hôtel du Moustier comme arrière-plan.

Fréquentation des piétons

Le pont de Nantes vu par un automobiliste à l'arrêt dans le couloir gauche du boulevard de la Tour d'Auvergne : venant du Colombier, la voiture du centre passe le pont pour le boulevard Georges Pompidou ; celle de droite emprunte le boulevard de Guines. A vitesse excessive, les véhicules continuent malgré eux tout droit sous le panneau publicitaire.

Beaucoup de piétons sont amenés, comme les véhicules et cyclistes, à passer par le carrefour pour franchir les voies ferrées par le pont de Nantes. Le passage ne devrait pas être dangereux, mais il l'est pourtant surtout pour le piéton empruntant le second passage protégé dans le sens est-ouest au raz du pont. Il l'est hypothétiquement en raison de l'éventualité d'être victime collatérale d'un virage manqué par un véhicule venant à trop vive allure du boulevard de la Tour d'Auvergne, mais aussi directement - même en respectant le code de la route - par des véhicules venant du boulevard du Colombier (ou de celui de la Tour d'Auvergne, mais là en principe le Petit bonhomme est rouge...) qui sont amenés à couper le passage piéton sans une bonne visibilité, notamment d'un piéton mal distingué dans l'ombre ou la grisaille du pont. En pratique, la prudence est requise quel que soit le niveau de trafic et autant que possible, il est préférable de traverser le carrefour en empruntant les passages protégés qui sont à l'écart du pont.

Une difficulté analogue est rencontrée par les piétons du boulevard de la Tour d'Auvergne souhaitant traverser au début du boulevard de Guines vers le boulevard Pompidou : là, la signalisation leur est favorable comme ailleurs, mais les conducteurs venant rapidement du boulevard opposé (Colombier) ne sont pas toujours bien à même d'apprécier la configuration des lieux (ou intentions des piétons) et dans tous les cas, sont incitées à passer relativement près du trottoir exiguë où se tiennent les piétons, pour prendre correctement l'axe dudit boulevard de Guines.

Sur la carte

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Notes

  1. Article de "Place Publique" écrit à partir du mémoire de maîtrise réalisé en 2003 par Grégory Robert qui portait sur Georges Nitsch: http://www.placepublique-rennes.com/media_site/upload/PP16-Robert_Nitsch.pdf
  2. http://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2016/02/06/03015-20160206ARTFIG00039-12-photos-inedites-de-rennes-il-y-a-plus-de-100-ans.php
  3. L'Ouest-Eclair du 18 avril 1922, page 3
  4. http://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/des-photos-centenaires-pour-redecouvrir-rennes-3959467
  5. Le Palais de Justice de Rennes, 204 p. Édition : Rennes : Impr. des Presses de Bretagne - 1932
  6. http://www.fage-editions.com/livre/georges-nitsch-architecte-et-photographe/
  7. "Georges Nitsch, architecte et photographe", Les collections photographiques du Musée de Bretagne, 2015
  8. La dangerosité du passage demeurera, les piliers du pont ne pouvant être déplacés avant longtemps