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La Motte-Picquet

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Toussaint-Guillaume Picquet, comte de la Motte

Toussaint Guillaume de la Motte-Picquet

dit La Motte-Picquet,

(1er novembre 1720, Rennes - 10 juin 1791, Brest)

Toussaint-Guillaume Picquet de La Motte naquit dans l'hôtel familial rue des Dames, actuellement au n° 19. Son père Guy Picquet, seigneur de la Motte, conseiller au Parlement de Bretagne épousa Julie-Rose Robert de la Bellangeraye, et possédait la châtellenie de Launay-du-Han sur la commune de Montreuil-le-Gast.

Au cours d'une carrière de plus de cinquante ans, sous les règnes de Louis XV et Louis XVI, et pendant la Guerre de Sept Ans et la Guerre d'indépendance des États-Unis, le marin Toussaint-Guillaume se distingua lors des 28 campagnes auxquelles il prit part. Respecté et craint par ses adversaires, il n'hésitait pas à engager le combat, même lorsque ses forces étaient bien inférieures.

Contre l'Anglois

Entré aux gardes-marines de Brest à l'âge de 15 ans, Toussaint-Guillaume embarqua en 1737 à bord de La Vénus envoyée se battre contre des corsaires barbaresques. Il avait déjà fait neuf campagnes au Maroc, en mer Baltique et aux Antilles, lorsqu'en janvier 1745, il embarqua sur la frégate La Renommée, commandée par le capitaine de vaisseau Kersaint. En juin 1746, après avoir livré deux combats aux Anglais, elle tomba sur l'escadre de l'amiral Anson. Après avoir démâté deux frégates anglaises de 36 canons, la frégate tomba sur un vaisseau de 70 canons. Kersaint, blessé grièvement, propose de se rendre mais La Motte-Picquet prend le commandement, et réussit à faire rentrer la frégate à Port-Louis. Blessé lui-même, il eut, au cours du combat, la joue arrachée par un coup de canon.

Il embarqua ensuite comme second sur le Cumberland, un frégate de 36 canons qui quitta Brest à destination des îles de France et de Bourbon. Le bâtiment français croisa une frégate anglaise de 36 canons, qui le combattît pendant toute une journée. Vingt-cinq hommes furent tués ou blessés côté français. Le feu ayant pris à bord de la frégate anglaise, elle fut obligée d'abandonner. La paix d'Aix-la-Chapelle, conclue en octobre 1748, ne ralentit pas l'ardeur de La Motte-Picquet qui quittait un bâtiment pour s'embarquer sur un autre. Promu lieutenant de vaisseau en 1754, il navigua en mer des Antilles, dans l'Atlantique et en mer des Indes.

La paix de Paris en 1763 ne mit pas fin à sa carrière et il se distingua surtout dans les campagnes menées par les escadres des amiraux d'Orvilliers et Duchaffaut. En septembre, il commandait La Malicieuse, un frégate de 32 canons avec laquelle il fit une campagne de six mois au Canada. Il prit part ensuite à plusieurs expéditions contre les corsaires marocains de Salé et se fit remarquer en escadre d'évolution commandée par le comte d'Orvilliers. En 1776, il reçut le commandement de la frégate Le Solitaire, dans l'escadre de ce dernier, ayant à son bord le duc de Chartres, Louis Philippe d'Orléans.

Pour les Insurgents

Lors de la guerre d'indépendance américaine, il servit sous les ordres du vice-amiral d'Estaing. En 1777 au commandement du Robuste, vaisseau de 74 canons, il reçut à Brest l'empereur Joseph du Saint-Empire qui, se souvenant de lui, lui écrira, pendant la guerre d'indépendance des États-Unis, pour le féliciter de ses succès. Le 6 février 1778, la France reconnaît l’indépendance des États-Unis. Promu chef d'escadre le 22 mai 1778, il fut chargé, avec sept vaisseaux et trois frégates, de conduire au delà du Cap Finisterre un convoi américain. La même année, il participe à la bataille d'Ouessant, le 27 juillet, comme commandant du Saint Esprit, dans l'arrière garde de la flotte placée sous les ordres du comte d'Orvilliers. Rentré à Brest, il mène, en compagnie de deux vaisseaux de lignes et de plusieurs bâtiments légers, une croisière d'un mois dans les eaux anglaises, capturant treize navires ennemis. Au mois d'avril 1779, il prend la mer avec L'Annibal, un vaisseau de 74 canons, quatre autres vaisseaux et quelques frégates, et escorte jusqu'à la Martinique un convoi de quatre-vingts navires. Il rejoint le vice-amiral d'Estaing, et prend part à la prise de la Grenade, le 4 juillet 1779 ainsi qu'à la victoire remportée à la fin de juin sur le vice-amiral Byron. Le 6 février 1778, la France reconnaît l'indépendance des États-Unis, et le 14 février La Motte-Picquet, au large de Quiberon pour accompagner un convoi vers les États-Unis, rend son salut à John Paul Jones en faisant tirer une salve de 9 coups de canon. C’est le premier salut au drapeau américain donné par un navire étranger.

Baroudeur des mers

Le combat de la Martinique, le 18 décembre 1779, est un brillant succès de La Motte-Picquet qui repousse une forte escadre anglaise avec seulement trois vaisseaux. Pendant quatre heures, trois vaisseaux français soutiennent le feu de dix vaisseaux anglais, dont sept tiraient quelquefois ensemble sur L'Annibal. Le combat se termina par une demi-victoire française : La Motte-Piquet parvient à sauver le majeur partie du convoi marchand et à rentrer avec l'ensemble de ses vaisseaux dans Fort-Royal. Les Anglais déplorèrent la perte du capitaine du HMS Conqueror, de cinq officiers et d'environ deux cents hommes, ainsi que de deux de leurs vaisseaux démâtés. Impressionné, l'amiral Hyde Parker envoya un message de félicitations à La Motte-Picquet.

En janvier 1780, La Motte-Picquet reprend la mer avec six vaisseaux et six frégates, pour croiser dans les îles anglaises des Antilles. Il rentre au bout d'un mois, ramenant une grande quantité de prises, et après avoir été chassé plusieurs fois par quinze vaisseaux de ligne anglais, sans subir aucune perte. Le 20 mars, il rencontre trois vaisseaux anglais aux ordres du commodore Cornwallis dont il ordonne la chasse. Comme l'année précédente, il engage le combat seul avec son vaisseau, combat les Anglais pendant plusieurs heures, avant d'être rejoint par son escadre. Le combat se poursuit toute la nuit mais, atteint par un biscaïen dans la poitrine, il reste quelques heures sans connaissance. Le lendemain, le vent étant revenu le soir, la chasse est de nouveau ordonnée mais trois autres vaisseaux anglais et plusieurs frégates viennent en renfort. La Motte-Picquet est alors obligé à son tour de fuir mais les trois vaisseaux anglais endommagés ne peuvent le suivre. Il rentre à bon port où le convoi l'avait précédé.

Le 2 mai 1781, il rencontre un convoi de trente navires marchands, chargé du riche butin fait par les Anglais à Saint-Eustache, et escorté par quatre vaisseaux sous les ordres de l'amiral Rodney et du commodore Hotham, qui se sauvèrent en apercevant l'escadre française. Vingt-six bâtiments son capturés et amenés à Brest. Le 30 mai 1781, il écrit au ministre de la marine.

Le 20 octobre 1782, il commande les quinze vaisseaux français de la flotte franco-espagnole - placée sous les ordres du comte de Guichen et de Don Luis de Córdova - qui combat au cap Spartel, au large du Maroc. Commandant L'Invincible, il attaqua le premier la flotte anglaise de l'amiral Howe. Les Anglais sont contraints de prendre la fuite. L'amiral d'Estaing ne suivit pas son avis de poursuivre la flotte anglaise.

La Motte-Picquet avait été décoré du cordon rouge de commandeur de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, en 1780, à l'occasion de son combat du Fort-Royal, et, lieutenant général des armées navales en janvier 1782, il fut nommé grand'croix en 1784[1].

La Ville de Rennes est marraine de la frégate La Motte-Picquet, frégate anti-sous-marine de classe F70 de la Marine nationale lancée en 1988 et qui sera désarmée en 2021.

Une rue de Rennes a été appelée rue de La Motte Picquet.

Références