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Marie-Renée Quéréel - Blanchet
Marie-Renée Quéréel, épouse Blanchet
Résistante, évadée
(6 décembre 1924, Saint-Brieuc - 12 juin 2020, Pacé)
En avril 1944, Marie-Renée, 19 ans, est arrêtée par la Gestapo sur la place de la gare, à Saint-Brieuc, à la rencontre de son chef,au retour d’une mission de repérage aux abords de l’aérodrome allemand de Gaël, en pays de Brocéliande. Elle est interrogée et incarcérée à la prison Jacques-Cartier, à Rennes, où elle restera détenue près de quatre mois.
À l’aube du 2 août 1944, alors que les Américains étaient à Maison-Blanche, aux portes de Rennes, [1] la jeune résistante briochine est embarquée en troupeau à la Courrouze dans un wagon à bestiaux. Elle a quitté la prison "la rage au coœur, en se posant la question : que font les alliés ?" Le lendemain, un second convoi de déportés quittera Rennes, à la Prévalaye. Les deux trains en ont formé un seul au Lion-d'Angers (Maine-et-Loire) à destination de: l’Allemagne et les camps. À bord, près de 1 500 personnes, résistants-déportés, soldats alliés et allemands prisonniers qui espérèrent en vain une action de la résistance. [2]
Le 6 août, le train de déportés est bombardé par les Alliés, à Langeais (Indre-et-Loire), d’où son nom le « train de Langeais ». Bilan : 23 morts et plusieurs évasions dont celle de Marie-Renée. Après Langeais, les hommes et les femmes ont été séparés pour rejoindre la gare de Saint-Pierre-des-Corps, près de Tours. Les premiers à pied, les secondes en camion. [3] « Mauvaise tête, on m’avait mise dans la cabine du chauffeur du premier camion, à côté d’un soldat allemand. Le chauffeur français me fait du pied, à moi, sale, amaigrie, échevelée, robe frippée mais il me souffle: «Quand je vais freiner, saute comme moi. » Un peu plus tard, le chauffeur a freiné, bloquant le convoi et a dit « À toi de jouer ! » Les femmes ont alors été descendues des camions, dans une rue, à Saint-Pierre-des-Corps. » Avec une camarade. nous avons couru, couru mécaniquement, craignant des tirs. Nous entendions les Allemands crier. Nous avons sollicité un presbytère pour être cachées, en vain. Les volets du bourg sont fermés. Nous avons fini par être recueillis par des jeunes gens résistants qui ont entrouvert une porte, nous ont cachées dans une cave puis nous ont aidées à franchir la Loire où nous avons trouvé refuge chez des vignerons résistants. » Le « train de Langeais » a quand même atteint Belfort le 15 août 1944. Un tiers des passagers n’est jamais revenu d’Allemagne.[4] [5]
Après la guerre, Marie-Renée a rejoint Saint-Brieuc et a épousé Prudent Blanchet. Le couple a vécu à Nîmes puis s'est installé à Rennes dès 1950, dans le quartier de Maurepas. Trois enfants sont nés. Marie-Renée n’a jamais mis en avant sa résistance pendant la guerre. Les dernières années, Marie-Renée Blanchet vivait à la résidence Les Nymphéas, à Pacé, et il fallut insister pour qu’elle acceptât un entretien un entretien. mais « Mamie est un héros », a lancé un jour à l’école une de ses petites-filles. L’héroïne était aussi l’un des derniers témoins actifs de la résistance bretonne.[6]
Références
- ↑ Le combat du 1er août 1944 à Maison Blanche
- ↑ 1er - 4 août 1944 : L'étrange libération de Rennes p. 194-196, Étienne Maignen éd. Yellow Concept - 2017
- ↑ Entretien de Marie-Renée Blanchet au journaliste Éric Chopin, aux côtés d’Etienne Maignen, historien spécialiste de l’histoire de Rennes pendant la Seconde guerre mondiale, Ouest-France,11 mars 2018
- ↑ Le dernier train de résistants déportés et militaires prisonniers quitte Rennes juste avant la libération
- ↑ le Train de Langeais sur Wikipédia
- ↑ Elle s’était évadée du dernier train de déportés en 1944. Ouest-France 15 juin 2020