A l'occasion des 80 ans de la libération de Rennes, (re)découvrez l'ensemble des
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Rennes il y a cent ans, en 1911
Rennes en 1911[1], année de recensement, compte 79 000 habitants, soit 4000 de plus qu'en 1906, lors du précédent recensement. L'accroissement naturel est négatif (1748 décès pour 1397 naissances en 1910), c'est donc par les migrations qu'augmentent la population. L'ascendance rurale est proche, "la campagne n'est jamais bien loin". La population se concentre encore principalement au nord de la Vilaine, dans la "Ville haute", où vivent les classes les plus aisées. La ville basse accueille encore les populations plus défavorisées. Même si déjà, en 1911, la morphologie de la ville est en pleine mutation, le nord-est de la ville reste la vitrine de la réussite sociale.
Développement urbain
Au sud, la ville a déjà changé depuis le comblement (lors du Second Empire) du Canal des murs, qui longeait les anciens remparts, au niveau du boulevard de la Liberté. Le choix du site de la gare en 1857 a également contribué à changer la ville. Les chemins de fer sont gérés par la Compagnie de l'Ouest, très critiquée par L'Ouest-Éclair pour services insuffisants : « de Rennes à Cherbourg, la vitesse moyenne n'est que de 24 km/h »[2]. Le sud de la gare est le quartier où vivent les ouvriers, le quartier Laënnec (proche du boulevard Laënnec) est en phase de construction depuis 1885. Le quartier Sud-gare émerge, l'église des Sacrés-Cœurs posée au milieu de la campagne, n'est pas encore terminée. En mars 1911, une convention est signée pour la construction de la caserne, comprenant l'obligation par la ville d'amener l'eau et le gaz jusqu'à celle-ci.
En centre-ville, le Palais universitaire devient le Musée des Beaux Arts. Le Palais du commerce est inauguré, avant de subir un incendie le 28 juillet (il ne sera vraiment terminé qu'en 1929), donnant raison au proverbe local "À Rennes, rien ne prend, sauf le feu".
Importance de l'armée
L'armée tient une grande place dans la vie sociale et économique, et culturelle : on joue de la musique militaire auKiosque du Thabor ainsi que sur la place de la Mairie. La ville compte 5000 militaires, l'Arsenal emploie 1000 personnes, 2000 si on leur ajoute les employés de manutention, des ateliers de confection, l'intendance, etc… Parmi les casernes de l'époque, on recense la caserne du Colombier, la caserne de Guines, la caserne de l'Arsenal (située au niveau de l'Hôtel de Police), la caserne Mac Mahon, auxquelles il faut ajouter l'Arsenal, le Palais saint-Georges, le couvent des Jacobins (utilisé comme magasin d'habillement militaire), ainsi que le terrain de manoeuvre de La Courrouze.
En janvier 1910, Liautey est nommé Commandant du 10e corps d'armée à Rennes (alors qu'il aurait préféré un commandemant à l'est, zone sensible dufait des tensions avec l'Allemagne). Il est accueilli en grande pompe à Rennes, et loge dans l'hotel le plus luxueux de la ville, l'Hôtel Moderne, situé 17 quai Lamennais. Deux jours après son arrivé, il est déjà reparti en congé, il ne revient que trois mois plus tard. En 1912, il est nommé au Maroc.
Industrie et commerce
La ville est peu développée industriellement : on trouve six tanneries, quelques sites de travail des métaux et de mécanique, notamment à la Prévalaye, ainsi qu'une fabrique de limes. L'imprimerie Oberthur, les Moulins de saint-Hélier et les ateliers des chemins de fer sont parmi les gros employeurs. Le ménage typique en 1911 est composé d'un homme ouvrier des chemins de fer et d'une femme commerçante (la ville a environ deux mille boutiques).
Rennes accueille le concours national agricole du 20 au 28 mai.
Universités
Rennes est déjà une ville universitaire, avec ses 1600 étudiants, dont 967 juristes, parmi lesquels on ne retrouve que deux femmes.
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- ↑ Article rédigé à partir de notes prises lors de la conférence donnée par Jean Quéniart, professeur émérite d'Histoire à l'université Rennes 2 lors d'une conférence organisée le 30 novembre 2010 par l'Association Les Trois Maisons, à la Maison Héloïse
- ↑ Source : L'Ouest-Éclair, 1911