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L'Heure bretonne

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En juillet 1940, au congrès de Pontivy, François Debeauvais et Olier Mordrel créent le Comité National Breton. Ils décident aussi l'édition d'un hebdomadaire, l'Heure Bretonne, dont le premier numéro est symboliquement daté du 14 juillet 1940.[1]

Le Ier numéro de L'Heure bretonne, avec, en haut de la colonne centrale, un modeste article pour annoncer que "La Bretagne existe désormais officiellement"

Cet hebdomadaire est édité à Rennes par le Comité National Breton. Il est en fait la continuité de Breiz Atao.

Le 1er numéro du 14 juillet 1940, annonce, sous le titre « La Bretagne existe désormais officiellement », que :

« Réparant le dédain dont la Bretagne fut pendant 150 ans l'objet de la part de l'administration française, les autorités allemandes ont reconnu officiellement notre pays

1° en créant un poste de gouverneur de la Bretagne

2° en groupant les 5 départements sous son autorité. Le général gouverneur Weyer s'est installé à la préfecture de Rennes."

Protestation contre l'envoi de bestiaux à Paris. L'Heure bretonne du 26 avril 1941. Collection ADIV

Les indépendantistes avaient pris leurs désirs pour une réalité en se fondant sur la parution d'un journal officiel du Gouverneur de la Bretagne.

Le journal officiel du Gouverneur de la Bretagne : le texte a fait croire aux indépendantistes que l'indépendance était en bonne voie sous l'égide allemande

L'espoir des indépendantistes fera long feu, les autorités allemandes ménageant le gouvernement de Vichy à partir de septembre 1940.[2]

En août 1940, quelques nationalistes vendant l'Heure Bretonne sont arrêtés à Quimper. Angéli, préfet du Finistère, prononce à plusieurs reprises l'interdiction de vendre ce journal dans le département. Werner Best, chef de l'administration militaire à Paris refuse, le 13 août, que le préfet d'Ille-et-Vilaine interdise la publication de l'hebdomadaire.[3] Au demeurant, les autorités allemandes n'ont pas eu à se plaindre de la ligne éditoriale de cet hebdomadaire, qui paraîtra en toute légalité jusqu'au 4 juin 1944, en vilipendant les Juifs, les Jacobins et les Français en général, au nom de la défense d'une « race bretonne » (selon l'expression du modéré Delaporte), et de l'« Europe nouvelle » aryenne qui s'édifiait alors.

L'heure bretonne avait pignon en haut de la place de la Mairie, au coin de la rue d'Estrées [4]

201 numéros parurent entre juillet 1940 et juin 1944.

Cet hebdomadaire fut donc l'organe de propagande du nationalisme breton et un relais de l'alliance avec l'Allemagne dans le cadre de la création de l'« Europe nouvelle ». Il encourageait les Bretons à s'organiser dans le cadre d'une autonomie nationale, adoptait en permanence des accents xénophobes et très fréquemment antisémites et appelait les jeunes Bretons à faire l'« Europe nouvelle » sous les auspices du Reich.

Il se réjouissait de l’effondrement de la République française qui répandait, selon lui, « une odeur de compromission, des relents maçonniques, de grasses senteurs de Juifs ». Cet organe, dans la lignée d'un antisémitisme assez répandu avant 1940, faisait chorus avec une certaine presse de cette époque et avec celle de la collaboration. Des articles traduisaient néanmoins une critique permanentes du gouvernement de Vichy, une haine contre l'Angleterre et d'autres affichaient la solidarité à l'égard de l'Allemagne nazie par la relation des exploits de la Wehrmacht.

Le 15 mai 1941, le capitaine Biteau, commandant de la section de gendarmerie de Rennes, décrit les inscriptions de propagande séparatiste faites au goudron et difficiles à faire disparaître, sur les murs des principaux bâtiments de Rennes entre le 25 et le 27 avril telles que: à la préfecture "Ripert, va-t'en !" Vive la Bretagne libre !", "Nous sommes fatigués de vous voir, M. Ripert", "Bretons, du courage! Ayez confiance en nous." au commissariat central : "Police bretonne", au Palais de justice :"justice bretonne", à la maison centrale : "Bretons, gardez les produits de votre travail", "Aujourd'hui la Croatie libre, demain la Bretagne "A bas les pantins de Vichy", "prison bretonne. Cellule pour Ripert et ses valets".[5]

Alors que le monde libre est en guerre contre le nazisme, on peut lire des slogans tel que « ni français, ni allemand, breton seulement! » en première page, puis un article donnant au Reich le rôle de « défenseur de l'occident ».

« À la porte les juifs et les enjuivés », c'est cet article de Hervé Le Helloco que L'Heure Bretonne, 3e année, numéro 105, page 1, publia en une, au milieu de la première page, sous la signature D.R., le 18 juillet 1942 au lendemain de la rafle du Vel d'Hiv des 16 et 17 juillet 1942.

Le fichier d'abonnés comportera jusqu'à 3000 noms. [6]

Références

  1. Allée Morvan Lebesque
  2. De 1940 à 1941, Réapparition d'une Bretagne provisoirement incomplète, un provisoire destiné à durer, par Etienne Maignen. Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine. t. CXIV - 2010
  3. Archives secrètes de Bretagne 1940-44, par Henri Fréville. Ed. Ouest-France - 1985
  4. Les Heures douloureuses de Rennes, par V. Ladam
  5. Chronique d'une France occupée. Les rapports confidentiels de la gendarmerie p. 454, par Jean-Marie Pontaut et Eric Pelletier Michel Lafon - 2008
  6. La collaboration à Rennes. Blog de Kristian Hamon. 16 octobre 2015

Lien interne