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Rue de Saint-Malo
La rue de Saint-Malo est une longue rue qui prend naissance place Sainte-Anne, et s'infléchit vers le nord-ouest, rejointe par la rue Saint Martin pour franchir le canal d'Ille-et-Rance et s'achever après le croisement avec l'avenue Charles Tillon et le boulevard des Trois Croix.
Une rue à deux aspects
Son tronçon sud, avant la rue Legraverend et la rue de l'Hôtel-Dieu, ancien et pittoresque, se prolongeait jusqu'au canal, formant un des faubourgs linéaires de la ville, mais cette deuxième partie a été entièrement remodelée dans les années 1970 du dernier siècle, des immeubles modernes ayant remplacé les logis anciens qui faisaient face à l'Hôtel-Dieu.
Dans une entrée latérale de l'Hôtel-Dieu on peut voir, grand-mère assise comme en pénitence, la statue de la célèbre Anaïk, Mam-Goz ar Faouët, oeuvre du sculpteur rennais Louis-Henri Nicot, taillée dans le kersanton.[1] Au n° 32 une des rares maisons rescapées à encorbellement et pans de bois.
La section se poursuivant après la jonction avec la rue Saint-Martin était connue sous le nom de faubourg Saint-Malo jusqu'au début du 20e siècle et était bordée en son début par l'Ecole Normale des garçons (devenue ensuite le siège de l'IUFM).
une ancienne rue de révolte et d'insalubrité
On l'appelait autrefois rue Haute, par opposition à la rue Basse qui partait d'elle en oblique pour suivre à distance l'Ille. En 1792 elle était évidemment devenue rue de Port-Malo. A l'entrée de la rue, en centre ville, subsistent les bâtiments de l'ancien couvent des Jacobins. Lors de la révolte dite "du papier timbré" de 1675, les habitants de la rue Haute se firent remarquer, très en pointe dans ce soulèvement populaire. Des habitants en pâtirent et des maisons furent détruites en représailles.[2].
En 1832, une grande épidémie de choléra ayant frappé Rennes avec comme point de départ la rue de Saint-Malo, le journal l' Auxiliaire Breton donne de la rue et de ses habitants un triste tableau sans indulgence :
La construction de cette rue, étroite et sans air, ces allées infectes, ces cloaques qui ne vident jamais, ces asyles du pauvre, qu'une paresse poussée au dernier degré n'assainit, ne raréfie point, cette malpropreté naturelle à la plupart des gens qui habitent cette rue, qu'aucun avertissement n'a pu dérober à leur apathie, les excès auxquels sont enclins quelques-uns, les privations qui affligent les autres, tout devait faire présumer que là éclaterait le fléau.
De fait, sur les 135 décès recensés en trois mois, 40 touchent des habitants de cette rue.[3]
références
- ↑ Louis Henri Nicot
- ↑ Révolte du papier timbré
- ↑ Histoire de Rennes, sous la direction de Jean Meyer, Privat éd. - 1972