Epuration

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Photo par un reporter américain USIS (United States Information Service) "photo prise à l'instant où les balles d'un peloton d'exécution français atteignent un Français qui a collaboré avec les Allemands - Hines"

Passés les premiers jours après la libération, jours de liesse mais aussi de vindicte contre les « collabos » dont certains sont malmenés, des femmes tondues ou marquées de goudron, la prise en main par le Comité départemental de libération va avoir pour résultat de mettre de l’ordre dans la rue et à l’abri les citoyens accusés à raison, parfois à tort, de collaboration avec l’occupant, allant de la collaboration économique, « horizontale » pour des femmes, à la dénonciation de résistants ou à la collaboration armée aux côtés de la police ou de l’armée allemande, mais pour ce dernier type de collaboration, les principaux responsables ont fui dans les fourgons de leurs maîtres. Le comité de libération instruit des cas en liaison avec le préfet.

Une douzaine d’exécutions auront lieu, telle celle d’un collaborateur, par une peloton de gendarmes, photographiée à Rennes par un reporter, Himes, du service d’information des Etats-Unis ( U.S.I.S), le 21 novembre 1944, neuf jours avant la mise en place de la Cour de justice à Rennes.

L’Ouest-France de ce même 21 novembre donne la liste des 20 jurés d’Ille-et-Vilaine appelés à siéger pendant le mois de décembre à la Cour de justice , 13 sont rennais, dont une femme, comme pour les 20 jurés de la chambre civique, et la date de la première audience de la Cour de justice est fixée au vendredi Ier décembre, salle de la Cour d’assises.

En fait, sur les 15 condamnés à mort par la section départementale d'Ille-et-Vilaine de la Cour de justice de Rennes et effectivement exécutés, 7 étaient membres du GAJS (groupe d'action pour la justice sociale) spécialistes de la lutte antimaquis, et 2 des miliciens de la Selbstschutspolizei arrivés à Rennes en mai 1944 . Seront ainsi exécutés des collaborateurs, des membres du groupe d’action du PPF, Guy Vissault de Coëtlogon, le 24 avril 1945, assistant armé du SD allemand, et le sinistre milicien Emile Schwaller, en juillet 1946. Au total, sur 86 condamnations à mort prononcées par la cour de justice de Rennes, 19 ont été exécutées, surtout dans les premiers temps, sanctionnant des hommes dont les chefs se sont mis à l’abri.

Parfois prévaudra la modération ; ainsi la chambre civique de Rennes estimera que la sexualité n’est pas un motif de poursuites, considérant que les relations sexuelles avec un membre des troupes d’occupation ne constituent pas une aide à l’Allemagne.