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POURQUOI ET COMMENT SAUVER LE PATRIMOINE INDUSTRIEL DE LORMANDIERE ?

Située dans le périmètre de RENNES METROPOLE, à CHARTRES DE BRETAGNE, tout près de KER LANN , cette très ancienne usine de fabrication de chaux exploitée par différentes sociétés dont le siège social était situé à RENNES ( successivement, place du Palais, boulevard de la Liberté , et enfin quai de la Prévalaye ) a , grâce à une succession de hasards, traversé 70 années depuis sa fin d'activité ( 1938), sans avoir été détruite , ni rasée , comme doit habituellement l'être une unité de production industrielle devenue improductive ou désuète.

Cette succession de hasards a maintenu dans un état quasi originel pour certaines parties , cette usine de fabrication de chaux , et en particulier ses sept monumentaux fours à chaux de 12 mètres de hauteur, construits en pierre du pays ( schiste et granit ) dont les plus anciens datent de 1861 .

Car cette usine fut (1853 pour la carrière , 1861 pour les fours jusqu'en 1938 ) la plus importante unité de fabrication de chaux pour la Bretagne , alors économiquement déshéritée.

La chaux fabriquée était , selon la qualité fabriquée , destinée à l'agriculture pour améliorer le rendement des sols , mais aussi et surtout destinée aux activités de maçonnerie du bâtiment sous forme de chaux dite hydraulique , qui fut largement utilisée en Bretagne pour les constructions de belle facture, monuments, églises, soubassements d'écluses, de ponts , de quais, etc ...).

A coté des fours eux-mêmes, ont été également miraculeusement sauvegardés , le quai d'expédition ( avec voie ferrée de 1862 ) , la forge , les bâtiments contenant chaudière à vapeur, machine à vapeur de 1912 , cheminée ,etc..

De plus, les dirigeants de la Société eurent la bonne idée de faire réaliser des reportages photographiques diffusés à leurs clients sous forme de cartes postales dont beaucoup ont été retrouvées , constituant une source exceptionnelle de connaissances du fonctionnement de l'usine , en 1907 ( 45 photos) et 1925 ( une dizaine ) .

Bien qu'il ne soit pas d'usage dans l'industrie , de conserver et de léguer les archives , de nombreux documents ont pu être retrouvés, ayant trait à la fondation et l'histoire des entreprises exploitantes , à l'aspect technique et économique, et évidemment à l'histoire sociale .

Combien de sites dits patrimoine industriel , ont-ils eu cette chance de traverser près de deux siècles sans avoir été détruits , pour encore aujourd'hui nous raconter l'histoire des premiers pionniers de la révolution industrielle, l'histoire des techniques, qui nous on fait franchir au XIX ème siècle , tant de pas de géant , dans les domaines des transports ( en 1820= 4 jours pour un Rennes Paris !), de la construction , de l'agriculture pour combattre la famine, l'histoire du travail , pour en mesurer l'évolution , bref pour nous enrichir de connaissances , nous et nos enfants , à condition bien sûr que nous leur transmettions ce que nous avons reçu, au moins dans le même état de conservation , et sans contribuer , dans ce domaine là aussi, à la destruction de cet héritage , en y portant pas l'intérêt minimum que nécessite ce maintien en bon état .

Or ce patrimoine souffre , du temps qui passe et qui le détériore , et de l'insuffisance d'intérêt que les élites culturelles portent à ces vieux murs qui racontent tant d'histoires pourtant tellement populaires lorsque quelques groupes peuvent exceptionnellemnt y avoir accès . Faut-il y voir un décalage entre ces élites et cet intérêt populaire ? Probablement oui si l'on en juge par l'absence quasi totale de certaines de ces élites locales, départementales ou régionales sur le site à l'occasion des journées du patrimoine de ces 15 dernières années .

L'investissement des collectivités , quelque soit leur "bord politique" aura en effet été minimaliste , des études , coûteuses , mais en fin de parcours , le renoncement , par désintérêt, par choix, ( d'autres aspects de la culture , plus élitiste , ont en effet été plus chanceux , l'art contemporain par exemple ).

L'intérêt de l'ensemble n'avait pourtant pas échappé aux spécialistes du patrimoine industriel , mais aussi et surtout aux 10000 personnes venues visiter le site ces 15 dernières années à l'occasion des Journées du Patrimoine .

10000 , ce n'est que trop peu , et bien d'autres groupes de retraités , scolaires , comités d'entreprise, etc ... auraient souhaité visiter LORMANDIERE.

Mais le site n'est en effet pas suffisamment sécurisé pour accueillir le public , hors des deux journées annuelles du patrimoine , et encore eût-il fallu que des réparations minimales , pourtant annoncées et promises à de nombreuses reprises , soient effectivement exécutées , et ce n'est pas une question d'argent : quelques dizaines de milliers d'euros !

Bien sûr , l'idéal serait que les projets de restauration étudiés, bouclés, voient le jour . Mais continuer à espérer un sursaut de lucidité de la part des élites culturelles publiques , serait destructeur pour le site , car cela est sinon illusoire, au moins beaucoup trop aléatoire et lent pour ces vieux murs qui ont besoin de travaux dans des délais beaucoup plus courts .

Seul espoir désormais : la diffusion tous azimuts , de l'existence de ce patrimoine à sauvegarder , de cet appel à l'aide , de sponsors, ou de passionnés , d'investisseurs souhaitant contribuer à la transmission de ce patrimoine aux générations futures .

Merci a wiki rennes de contribuer à cette diffusion .