Beurre de la Prévalaye
C'est ici une spécialité rennaise appréciée pendant trois siècles mais disparue.
Ce beurre provenait de l'exploitation laitière du chateau de la Prévalaye, sis à quelques kilomètres à l'ouest de Rennes, créée par le marquis éponyme.
Madame de Sévigné en raffolait et était une cliente assidue de beurre apprécié jusqu'à la cour royale :
" Il nous vient toutes les semaines du beurre de la Prévalaye; je l'aime et le mange comme si j'étais bretonne; nous faisons des beurrées infinies : nous pensons à vous en les mangeant; mon fils y marque toujours ses dents et ce qui me fait plaisir, c'est que j'y marque encore toutes les miennes.[1] Elle a alors 64 ans.
En 1822, dans Région de l'ouest, route de Paris à Rennes, Régis Jean Vaysse de Villiers, inspecteur des relais de poste, ne manque pas, lors de sa desciption de Rennes, d'écrire :
"Son commerce consiste dans les fils et les toiles de toute espèce, surtout les toiles à voiles. Le beurre est aussi pour elle un grand objet d'exportation à l'intérieur, surtout à Paris. Le plus fameux est celui qui se fait à la Prévalais, ferme située à une lieue de Rennes. Il est fort recherché des Parisiens, auxquels on l'expédie dans des petits pots de grès".
Dès lors, rares sont les guides de voyage, en voiture attelée puis en chemin de fer, qui ne vont pas mentionner ce beurre de la Prévalaye au rang des choses à apprécier, tel le guide britannique Murrays's pour la France de 1877, qui dans sa page sur Rennes indique : "le beurre salé est excellent, spécialement celui de la Prévalaye, envoyé en grandes quantités dans d'autres régions de France." [2]