Journée des barricades

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Au début de 1589, les Ligueurs, arrivent de villes "rebelles au roi" pour se réfugier à Rennes, cité qui qui ne leur est guère favorable, d'ailleurs le capitaine de la ville, Marec de Montbarot, est tout dévoué au roi; quant au duc de Mercoeur, Philippe-Emmanuel de Vaudémont, gouverneur et lieutenant-gégéral pour le roi au duché de Bretagne, fervent catholique, les assassinats du duc Henri de Guise, chef de la ligue catholique, et de son frère le cardinal, dont il est parent, l'amènent à un revirement et à se dresser contre le roi Henri III, son beau-frère, car il ne manque pas d'ambition. Venant de sa fidèle ville de Nantes, il arrive devant Rennes le 11 mars avec une petite troupe; la Communauté, qui avait été convoquée par le roi aux "petits Etats de Vannes, dénonçait bien les suspects, demandait certes au roi de rétablir l'ordre mais s'interrogeait sur l'éventualité d'ouvrir les portes au duc; or les Ligueurs catholiques, excités par la parole du jésuite Pigenat qui prêchait le carême à la cathédrale, pour lesquels le roi était un hérétique et un excommunié, arrivèrent, le 13 mars, à prendre la Tour aux Foulons; on fit des barricades, on tendit des chaînes dans les carrefours et il exigèrent la remise des clés de la ville au gouverneur Mercoeur qui put entrer le 14 dans la cité, accueilli triomphalement par une majorité de Rennais.[1] Mercoeur fait arrêter le premier président du Parlement de Rennes, Faucon de Ris, chargé de le surveiller, ainsi que ses fils et gendre; il préside l'assemblée de la Communauté et décide que seront envoyés "au diable touz les huguenots, faulteurs et gens de la nouvelle opinion". [2] Il fait élire un nouveau capitaine en remplacement de Montbarot mais, des lettres du roi du 23 mars ayant dénoncé ces agissements, la Communauté n'obtempère pas à la demande de Mercoeur, qui est parti à Fougères, de soutenir l'effort à Vitré pour se débarrasser des Huguenots qui sont au château. Mercoeur parti, les "royaux" retournent la population en faveur du roi. Montbarot est de retour le 8 avril, fort des lettres du roi ordonnant " sous peine de la vie à tous habitants de cette ville de prendre les armes autrement que par le commandement du sieur de Montbarot, de faire aucunes ligues, pratiques et associations". Mercoeur est révoqué et destitué de ses fonctions de gouverneur de Bretagne par le roi. Le 13 avril, le Parlement met Mercoeur hors-la-loi, déclare rebelles ses partisans avec confiscation de leurs biens et déchéance de noblesse. Voici que le peuple acclame maintenant le nom du roi. Rennes enverra du secours aux protestants de Vitré dont Mercoeur lèvera le siège, les troupes calvinistes sorties du château commettant alors des atrocités sur la population hostile.[3]

La ville échappe désormais à la Ligue et, même après la mort tragique de Henri III, par le poignard de Jacques Clément, le 1er août, l'avénement d'un roi protestant ne troubla pas le Parlement et les Rennais. Neuf ans plus tard, en mai 1598, le roi Henri IV à Rennes mesurera sa popularité dans la cité.

Références

  1. Histoire de Bretagne des origines à nos jours, par E. Durtelle de Saint-Sauveur. t.2. Plihon et Plon - 1935
  2. Histoire de Rennes, sous la direction de Jean Meyer; Privat, éditeur - 1972
  3. Rennes et la haute Bretagne, par Joseph Chardronnet; Editions France-Empire - 1980