Rennes vue par des yeux venus d'ailleurs

Un Charentais, arrivé à Rennes vers 1885, prend des photos de Rennes dans les dix dernières années du 19e siècle - dont une dizaine figure dans l'album de photos de Jean-Yves Veillard, Rennes Naguère 1850-1939, sans être référencées.

Etienne Maignen se fait, à l'occasion, reporter photographique d'événements locaux, tels les obsèques solennelles, place de la Mairie, du maire Le Bastard, en 1892, mais il prend aussi des clichés de la ville et de ses habitants, tels qu'il les voit. Ce sont, en juillet 1892, des vues du canal d'Ille-et-Rance, du quai Lamartine prises d'un balcon (c'est l'été, ce qui peut expliquer le peu de passants), du Palais de Justice, avec crottin sur les pavés du premier plan, la rotonde du théâtre avec l'arroseur municipal, les serres du jardin des Plantes (Thabor) avec, en premier plan, deux femmes coiffées de la polka et bébés dans les bras, la statue de Duguesclin et la colonne Vanneau-Papu, la place des Lices. Ce sont aussi des vues anecdotiques : canons et artilleurs sur le Champ de Mars, réservoir attelé du service de nettoiement municipal rue Descartes, voiture de saltimbanques place de la gare, chars de mi-carême dressés par les étudiants, procession de la Fête-Dieu, promenade en vapeur à Saint-Grégoire.

Il est en fait difficile de savoir si les vues qui nous semblent pittoresques l'étaient aussi, pour la plupart, à l'oeil du photographe. Elles reflètent, en tout cas, les fonctions judiciaires, militaires, universitaires d'une ville tranquille de bourgeois et de petites gens, restant étroitement liée à ses campagnes.

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