Théophile Joseph Lognoné
Théophile Joseph Lognoné est un horloger né le 10 juillet 1869 et décédé le 4 février 1920 à l'âge de 50 ans.
A la fin du XVIIIe siècle, les artisans, joailliers, coordonniers, peintres en lettres, mécaniciens, horlogers, tailleurs, couteliers de Rennes pourtant réputés internationalement pour leur qualité et leur inventivité, souffrent de la concurrence étrangère.
De l'« artisanat en chambre » à « l’Exposition permanente des inventions nouvelles »
À cette époque il était très fréquent que les artisans, joailliers, coordonniers, peintres en lettres, mécaniciens, horlogers, tailleurs, couteliers n’aient pas d’enseigne au dessus de leur local. Seul le nom de l’artisan apparaissait.
Cet « artisanat en chambre » se concentre essentiellement dans le quartier des Lices et de République et ses fabricants indépendants se mettent alors à vendre à la sauvette différentes babioles dans les quartiers fréquentés, concurrençant les boutiquiers.
Par ailleurs, depuis 1876, existait à Paris, « l’Exposition permanente des inventions nouvelles », installée à l’angle des rues La Fayette et Laffite, reprise en 1889 par l'ingénieur civil Henri Farjas, qui souhaite développer une société de vulgarisation des inventions au moyen d’une exposition permanente des inventions nouvelles.
De la fin du XIXe au début du XXe siècle, Le pays connait une phase d'essor démographique et économique. Autour de Rennes et de grandes villes se développent des cultures commerciales : du chanvre pour le textile, du colza pour l'huile d'éclairage, ou du verger cidricole pour le vinaigre de pomme.
Cela entraîne l'apparition d'économies régionales spécialisées, comme celle du pays de Lamballe et son commerce florissant du « berlingue », toile de lin et de chanvre médiévale exportée jusqu’aux Indes et en Amérique du Sud.
Les produits pondéreux sont principalement convoyés par voies fluviales et maritimes, nécessitant la construction de transporteurs spécialisés, et des liaisons fluviales régulières se mettent entre place entre Rennes et Redon. Dans les centres urbains comme Rennes, la culture bourgeoise est à son apogée ; elle est tournée vers le récréatif et fondée sur la production et la circulation de beaux objets, la poésie et le théâtre.
Dans les communautés rurales, les femmes jouent aussi un rôle dans le développement d'un artisanat tourné vers l'exportation.
L'arrivée du chemin de fer comme moteur de développement
En 1842, l’histoire des chemins de fer français commence avec la création d’un réseau ferroviaire en étoile centré sur Paris. Cependant, il faut attendre 1857 pour l'arrivée du chemin de fer à Rennes [1].
Très jeune, Théophile Joseph Lognoné prend pour objectif de créer sa propre entreprise d'horlogerie. Il se dit en effet que, puisque des trains circulent désormais, les gens auront de plus en plus besoin d'avoir une appréhension précise du temps.
En cette fin de siècle le chemin de fer est synonyme de développement économique. La loi du 11 juin 1880 prévoit des lignes de chemin de fer secondaires pour assurer la desserte de tous les chefs lieux de canton de France.
Chanvril, Dolon : un réseau de familles commerçantes rennaises organisent une société de vulgarisation et de vente en semi-gros
Théophile Joseph Lognoné va rapprocher plusieurs réseaux de familles commerçantes rennaises : les Chanvril, les Dolon pour développer son activité.
Les consommations familiales : modèles, pratiques et représentations
Peut-on parler du petit commerce sans parler famille ?
Être commerçant, avant la guerre : une affaire de famille
En effet, le thème de la famille semble être le passage obligé pour aborder un tel objet à Rennes.
II est rapidement apparu que ces deux notions étaient étroitement liées puisque la famille constitue, dans ce cas-là, à la fois une unité de base de consommation, mais aussi de distribution.
L'apprentissage du métier, la formation
Le fait d'hériter ou de "prendre" une boutique conditionne une pratique professionnelle qui s'exerce dans un monde clos.
Commerçants, clients : un même espace social. Des discours croisés.
A cette époque, il existe une proximité sociale et des correspondances entre les valeurs des commerçants et celles des clients. Ces deux catégories de population s'inscrivent dans une même logique.
Parler "boutique"
C'est ancrée dans un quartier, espace d'interconnaissances clos et socialisé, que la boutique prend sens. Dans cet univers maîtrisable, les conversations vont bon train mais pas n'importe comment, car le rapport qui lie un client et son commerçant (et réciproquement) est fait de l'insertion progressive d'un discours implicite sous les mots explicites de la conversation, qui tisse entre l'un et l'autre partenaires de l'achat un réseau de signes, ténus mais efficaces, favorisant le processus de la reconnaissance.
"Prendre" une boutique ou en hériter
Avant la premiere guerre mondiale, on peut considérer qu'il existe deux catégories de commerçants :
- ceux qui ont hérité de la boutique familiale ou du moins, ceux qui appartiennent à une famille de commerçants. - ceux qui pour des raisons économiques ont quitté la terre, viennent s'installer en ville et louent ou achètent un magasin.
Dans le premier cas, les personnes qui ont hérité d'une boutique ou d'une "tradition" commerçante, le magasin constitue un capital affectif transmis de génération en génération qui, même si il n'est qu'une bien maigre source de revenus ou un appoint à un salaire masculin, détermine le mode de vie de la famille. Pour les situations plus prospères, il s'agit de le faire fructifier pour, en dernière instance, le transmettre à son tour à ses propres enfants.
La question de la succession
La question de la succession équivaut à évaluer qui des enfants pourra "reprendre" la boutique, en l'occurrence celui qui a le plus d'aptitude et de "goût au commerce". La transmission se fera, cependant, en tenant compte de manière plus ou moins souple, d'un mode égalitaire d'héritage et les autres enfants seront dédommagés de ce "manque à gagner".
Le commerce est vécu par les enfants comme appartenant au domaine de la normalité et de l'évidence. II représente un avenir potentiel intériorisé dès l'enfance pour Théophile Lognoné, Léon Lognoné et Marie Lognoné.
« orloger », un métier ancien
A l'origine, le métier d'orloger (sans H) a d’abord été destiné au réglage des canons. A la croisée des sciences, des arts et de la technique, ce savoir-faire a traversé des mers, comme Franschhoek (le « coin des Français »). Ces échanges vont véhiculer des techniques et un savoir-faire, d'une région et d'un pays à l'autre. L’histoire de l’horlogerie continuera d’évoluer au XXe siècle et s’aventurer sur la mer.