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26 : Namur est prise par les Allemands | 26 : Namur est prise par les Allemands | ||
[[Fichier:Alsace,_1914,_le_pioupiou_chasse_l_allemand.jpeg|200px|left|thumb|Carte postale humoristique d'août 1914 : le soldat français en pantalon rouge chasse l'ennemi ( ''qui sera toujours ridiculisé'')]] | [[Fichier:Alsace,_1914,_le_pioupiou_chasse_l_allemand.jpeg|200px|left|thumb|Carte postale humoristique d'août 1914 : le soldat français en pantalon rouge chasse l'ennemi (''qui sera toujours ridiculisé'')]] | ||
===L'ordre de mobilisation=== | ===L'ordre de mobilisation=== | ||
L’ ''Ouest-Eclair'' du dimanche 2 août 1914 observait que personne à Rennes n’avait été surpris par l’ordre de mobilisation, affiché la veille, dès 16 h 40 | L’ ''Ouest-Eclair'' du dimanche 2 août 1914 observait que personne à Rennes n’avait été surpris par l’ordre de mobilisation, affiché la veille, dès 16 h 40 [[rue du Pré Botté]] et les nombreux Rennais qui attendaient là, crièrent « Vive la France ! » et applaudirent. Même réaction notée à l’annonce par le maire M. [[Jean Janvier]] à la foule du balcon de son bureau, qui déclara ensuite : « Aujourd’hui, il n’y a plus de partis. Une seule chose importe : la défense du territoire. Marchons tous le cœur haut pour faire notre devoir. Soyons calmes, soyons dignes. Et poussons ce cri de ralliement : « Vive la France ! » Ceux qui n’ont pas vu les affiches de la mobilisation, en lisent le contenu, dans leurs journaux: ''l’Ouest-Éclair'', ''Les Nouvelles Rennaise'', le ''Journal de Rennes'', monarchiste qui disparaîtra en 1915. ''Le Nouvelliste de Bretagne'' parait le mardi. Pénurie de papier oblige les journaux perdent très vite des feuilles : l’Ouest-Éclair n’a plus que la moitié de ses pages. | ||
Le journal observe que des groupes se forment dans la rue et que les propos sont confiants. Officiers, soldats, réservistes et territoriaux se précipitent dans les magasins pour des emplettes au cas où il leur faudrait partir à la frontière. Du corps d’armée partent des motocyclistes, des estafettes pour porter des ordres aux régiments. Les cheminots sont réquisitionnés et les voies gardées. | Le journal observe que des groupes se forment dans la rue et que les propos sont confiants. Officiers, soldats, réservistes et territoriaux se précipitent dans les magasins pour des emplettes au cas où il leur faudrait partir à la frontière. Du corps d’armée partent des motocyclistes, des estafettes pour porter des ordres aux régiments. Les cheminots sont réquisitionnés et les voies gardées. | ||
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Dès 1910, l'Allemagne avait adopté une tenue de campagne grise pour ses soldats moyennant un crédit voté de 30 millions. Mais les fantassins français vont partir en guerre vêtus du pantalon rouge, faute d'une affectation des crédits jugés trop importants (estimés à 144 millions) pour confectionner des tenues réséda (gris-vert) pour toutes les armées. Leur nécessité avait pourtant été dûment étudiée et reconnue. On reconnaissait que les brillants uniformes avaient vécu, preuve avait été faite en manœuvres que le pantalon rouge et le képi rouge, conservés et comparés à une compagnie portant la capote gris-bleu avaient suffi à faire distinguer ces soldats, à plus de 1800 mètres, alors qu'à cette même distance la compagnie réséda était impossible à distinguer sur des fonds de bois ou couchée dans des prés dont les foins avaient été coupés quelques jours auparavant - et la guerre éclate début août. Mais la note du tailleur aurait été trop forte et les magasins d'habillement regorgeaient de drap garance à utiliser. Aussi, "en ce qui concerne l'infanterie de ligne, la tenue "réséda", trop disgracieuse, et dont l'établissement eût été trop coûteux, est définitivement condamnée [...] le pantalon rouge subsiste [...] les boutons d'uniforme restent de cuivre ; on estime qu'en campagne le soldat n'aura ni le loisir ni les moyens de les astiquer et que l'oxydation aura tôt fait de leur enlever leur éclat. [...] provisoirement le képi, que sa nuance rouge rend trop voyant, sera recouvert d'un couvre-képi gris-bleu."<ref>''Lecture pour Tous'' - décembre 1912</ref> | Dès 1910, l'Allemagne avait adopté une tenue de campagne grise pour ses soldats moyennant un crédit voté de 30 millions. Mais les fantassins français vont partir en guerre vêtus du pantalon rouge, faute d'une affectation des crédits jugés trop importants (estimés à 144 millions) pour confectionner des tenues réséda (gris-vert) pour toutes les armées. Leur nécessité avait pourtant été dûment étudiée et reconnue. On reconnaissait que les brillants uniformes avaient vécu, preuve avait été faite en manœuvres que le pantalon rouge et le képi rouge, conservés et comparés à une compagnie portant la capote gris-bleu avaient suffi à faire distinguer ces soldats, à plus de 1800 mètres, alors qu'à cette même distance la compagnie réséda était impossible à distinguer sur des fonds de bois ou couchée dans des prés dont les foins avaient été coupés quelques jours auparavant - et la guerre éclate début août. Mais la note du tailleur aurait été trop forte et les magasins d'habillement regorgeaient de drap garance à utiliser. Aussi, "en ce qui concerne l'infanterie de ligne, la tenue "réséda", trop disgracieuse, et dont l'établissement eût été trop coûteux, est définitivement condamnée [...] le pantalon rouge subsiste [...] les boutons d'uniforme restent de cuivre ; on estime qu'en campagne le soldat n'aura ni le loisir ni les moyens de les astiquer et que l'oxydation aura tôt fait de leur enlever leur éclat. [...] provisoirement le képi, que sa nuance rouge rend trop voyant, sera recouvert d'un couvre-képi gris-bleu."<ref>''Lecture pour Tous'' - décembre 1912</ref> | ||
[[Fichier:D%C3%A9part_41e_R.I..jpg|250px|left|thumb|De pieuses rennaises : soldats, si vous êtes tués au combat...(Ouest-Eclair du 6 août 1914)]] | [[Fichier:D%C3%A9part_41e_R.I..jpg|250px|left|thumb|De pieuses rennaises : soldats, si vous êtes tués au combat... (Ouest-Eclair du 6 août 1914)]] | ||
===Les premiers départs=== | ===Les premiers départs=== | ||
[[Fichier:Cuirassier_blesse_1914.jpeg|200px|left|thumb|Carte postale de 1914 : mise en scène d'un infirmier au secours d'un cuirassier blessé]] | [[Fichier:Cuirassier_blesse_1914.jpeg|200px|left|thumb|Carte postale de 1914 : mise en scène d'un infirmier au secours d'un cuirassier blessé]] | ||
Le 3 août après-midi, le 24e dragons embarque "au bout de la plaine Saint-Hélier, près du pont Villebois-Mareuil" et le 5 c'est au tour du 41e RI : "il a traversé la ville en plusieurs groupes que précédaient la musique ou les tambours et clairons. Nos braves pioupious dont le visage reflétait le calme, un calme joyeux et résolu, ont été salués par les vivats de la foule". | Le 3 août après-midi, le 24e dragons embarque "au bout de la plaine Saint-Hélier, près du pont Villebois-Mareuil" et le 5 c'est au tour du 41e RI : "il a traversé la ville en plusieurs groupes que précédaient la musique ou les tambours et clairons. Nos braves pioupious dont le visage reflétait le calme, un calme joyeux et résolu, ont été salués par les vivats de la foule". Trente-six heures plus tard, le régiment débarquait aux environs de Vouziers, à Vrizy-Vandy. | ||
Vouziers, à Vrizy-Vandy. | |||
Et le 7e régiment d'artillerie est partiellement parti dans la nuit. L'''Ouest-Eclair'' du 9, qui titre en première page que Colmar et Mulhouse sont prises, annonce que la veille la 10e batterie du 5e régiment d'artillerie a défilé avec ses canons fleuris dans les principales rues de la ville avant de gagner la gare et que ses hommes qui chantaient ''la Marseillaise'' ont été acclamés à maintes reprises<ref>[[Rennes d'histoire et de souvenirs]] quatrains 40 et 41</ref>. | Et le 7e régiment d'artillerie est partiellement parti dans la nuit. L'''Ouest-Eclair'' du 9, qui titre en première page que Colmar et Mulhouse sont prises, annonce que la veille la 10e batterie du 5e régiment d'artillerie a défilé avec ses canons fleuris dans les principales rues de la ville avant de gagner la gare et que ses hommes qui chantaient ''la Marseillaise'' ont été acclamés à maintes reprises<ref>[[Rennes d'histoire et de souvenirs]] quatrains 40 et 41</ref>. | ||
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