« Révolte du papier timbré » : différence entre les versions

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Mais ce nouvel effort pèsera sur tout le royaume, pourquoi donc la révolte bretonne ?
Mais ce nouvel effort pèsera sur tout le royaume, pourquoi donc la révolte bretonne ?


La France de cette fin du 17 e siècle est en mue. Le pouvoir centralisateur s'y accentue mais dès que l'on quitte le vieux domaine [[Capétien]], on entre dans les provinces où l'autorité royale s'amoindrit, et particulièrement en Bretagne.
La France de cette fin du 17e siècle est en mue. Le pouvoir centralisateur s'y accentue mais dès que l'on quitte le vieux domaine [[Capétien]], on entre dans les provinces où l'autorité royale s'amoindrit, et particulièrement en Bretagne.


Réunie depuis deux siècles et demi au royaume de France, la Bretagne possède son [[Parlement]], qui depuis [[1532]] doit consentir à tout nouvel impôt.
Réunie depuis deux siècles et demi au royaume de France, la Bretagne possède son [[Parlement]], qui depuis [[1532]] doit consentir à tout nouvel impôt.
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D'origine champenoise, le ministre méprise et délaisse l'industrie textile bretonne d'une grande importance pour la région et favorise les draperies rémoises. Puis en 1675, alors que la guerre inquiète, le climat affecte gravement les récoltes. Entre une industrie textile en peine et des cultures dévastées, les bretons s'appauvrissent.
D'origine champenoise, le ministre méprise et délaisse l'industrie textile bretonne d'une grande importance pour la région et favorise les draperies rémoises. Puis en 1675, alors que la guerre inquiète, le climat affecte gravement les récoltes. Entre une industrie textile en peine et des cultures dévastées, les bretons s'appauvrissent.


Et c'est dans ce contexte, que sont annoncés en mars [[1675]], sans que les Etats de Bretagne y aient consenti, l'impôt sur le papier timbré (une taxe sur tous les documents officiels). L'impôt sur le tabac  (nommé "betun") et le droit de marque sur l'étain, utilisé pour la vaisselle commune, avaient été enregistrés par le Parlement.
Et c'est dans ce contexte, que sont annoncés en mars [[1675]], sans que les Etats de Bretagne y aient consenti, l'impôt sur le papier timbré (une taxe sur tous les documents officiels), l'impôt sur le tabac  (nommé "betun") et le droit de marque sur l'étain, utilisé pour la vaisselle commune, enregistrés par le Parlement.


De plus, la rumeur se répand en Basse Bretagne que le roi veut imposer à la province : l'impôt sur le sel, la gabelle. Elle soulève la colère bretonne. En effet, depuis [[1532]], la Bretagne était dispensée de la gabelle comme pays producteur.
De plus, la rumeur se répand en Basse Bretagne que le roi veut imposer à la province : l'impôt sur le sel, la gabelle. Elle soulève la colère bretonne. En effet, depuis [[1532]], la Bretagne était dispensée de la gabelle comme pays producteur.
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=== L'exil du Parlement ===
=== L'exil du Parlement ===


Le 16 octobre, par ordre du roi, le Parlement est exilé à Vannes, un exil qui va durer quinze ans.Une centaine de conseillers avec, à leur tête, le premier président François d’Argouges, père du futur évêque de Vannes, quitte sa résidence de Rennes. Suivent les gens du roi et autres auxiliaires de justice (procureurs, avocats, greffiers, huissiers, sergents, chirurgiens et autres experts), sans oublier les domestiques. Certains artisans et commerçants rennais rejoignent leur clientèle à Vannes. C’est la raison pour laquelle une véritable marée humaine s’empare de la cité vannetaise.
Le 16 octobre, par ordre du roi, le Parlement est exilé à Vannes, un exil qui va durer quinze ans.Une centaine de conseillers avec, à leur tête, le premier président François d’Argouges, père du futur évêque de Vannes, quitte sa résidence de Rennes. Suivent les gens du roi et autres auxiliaires de justice (procureurs, avocats, greffiers, huissiers, sergents, chirurgiens et autres experts), sans oublier les domestiques. Certains artisans et commerçants rennais rejoignent leur clientèle à Vannes. C’est la raison pour laquelle une marée humaine envahit la cité vannetaise. S'en vont les présidents et conseillers de la cour avec leurs familles et leur domestiques, mais aussi les avocats, procureurs, clercs, huissiers, greffiers, sergents et leurs familles. Dès 1676 le nombre des baptêmes diminue brusquement, passant de 1800 à 1450. <ref> ''L'évolution de la population de Rennes au XVIIe siècle'', par François Lebrun. Persée</ref>  Rennes a perdu en quelques semaines plusieurs milliers d'habitants et va connaître une sinistre occupation militaire, la destruction de ses faubourgs.  ║À partir du 16, les habitants sont tenus de remettre leurs armes à leurs capitaines à l'exception de cinquante par compagnie de la haute ville et vingt-cinq en basse ville et ces armes sont envoyées à Belle-Ïle menacée par les Hollandais. Le 17 au soir des procureurs de la Cour et du présidial sont arrêtés ainsi que des vagabonds et seront libérés.


Madame de Sévigné écrit au comte de Bussy Rabutin et à mademoiselle de Bussy,  le 20 octobre, avec quelque détachement : ''Cette province est dans une grande désolation. M. de Chaulnes a ôté le parlement de Rennes pour punir la ville ; ces Messieurs sont allés à Vannes, qui est une petite ville où ils seront fort pressés. Les mutins de Rennes se sont sauvés il y a longtemps : ainsi les bons pâtiront pour les méchants ; mais je trouve tout fort bon, pourvu que les quatre mille hommes de guerre qui sont à Rennes, sous MM. de Fourbin et de Vins, ne m’empêchent point de me promener dans mes bois, qui sont d’une hauteur et d’une beauté merveilleuses.''  Le 27 octobre elle écrit à sa fille :"On a ôté le Parlement : c'est le dernier coup car sans cela Rennes ne vaut pas Vitré."
Madame de Sévigné écrit au comte de Bussy Rabutin et à mademoiselle de Bussy,  le 20 octobre, avec quelque détachement : ''Cette province est dans une grande désolation. M. de Chaulnes a ôté le parlement de Rennes pour punir la ville ; ces Messieurs sont allés à Vannes, qui est une petite ville où ils seront fort pressés. Les mutins de Rennes se sont sauvés il y a longtemps : ainsi les bons pâtiront pour les méchants ; mais je trouve tout fort bon, pourvu que les quatre mille hommes de guerre qui sont à Rennes, sous MM. de Fourbin et de Vins, ne m’empêchent point de me promener dans mes bois, qui sont d’une hauteur et d’une beauté merveilleuses.''  Le 27 octobre elle écrit à sa fille :"On a ôté le Parlement : c'est le dernier coup car sans cela Rennes ne vaut pas Vitré."


S'en vont les présidents et conseillers de la cour avec leurs familles et leur domestiques, mais aussi les avocats, procureurs, clercs, huissiers, greffiers, sergents et leurs familles. Dès 1676 le nombre des baptêmes diminue brusquement, passant de 1800 à 1450. <ref> ''L'évolution de la population de Rennes au XVIIe siècle'', par François Lebrun. Persée</ref>  Rennes a perdu en quelques semaines plusieurs milliers d'habitants et va connaître une sinistre occupation militaire, la destruction de ses faubourgs.  ║À partir du 16, les habitants sont tenus de remettre leurs armes à leurs capitaines à l'exception de cinquante par compagnie de la haute ville et vingt-cinq en basse ville et ces armes sont envoyées à Belle-Ïle menacée par les Hollandais. Le 17 au soir des procureurs de la Cour et du présidial sont arrêtés ainsi que des vagabonds et seront libérés.
 


=== Punition ===
=== Punition ===
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