« Retour d'Algérie à Rennes, une nuit de février 1961 » : différence entre les versions

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[[Catégorie:Un lieu, un souvenir]]
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Un jeune Rennais, de retour de Kabylie, en Algérie, retrouve sa ville, une nuit de février [[1961]], de la gare au [[Palais Saint-Georges|palais Saint-Georges]]. ''Ce souvenir forme la dernière page d'un livre relatant une expérience sur cette guerre''. *
Un jeune Rennais, de retour de Kabylie, en Algérie, retrouve sa ville, une nuit de février [[1961]], de la gare au [[Palais Saint-Georges|palais Saint-Georges]]. ''Ce souvenir forme la dernière page d'un livre relatant une expérience sur cette guerre''. *
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- Salut, répondirent-ils dans leur demi sommeil. Ils avaient ôté leurs chaussettes et l'odeur était forte, constata Charlier, maintenant qu'il était dans l'embrasure de la porte. Il la repoussa.
- Salut, répondirent-ils dans leur demi sommeil. Ils avaient ôté leurs chaussettes et l'odeur était forte, constata Charlier, maintenant qu'il était dans l'embrasure de la porte. Il la repoussa.
[[Fichier:Place_de_la_gare.png|400px|left|thumb|La place de la gare en 1961, avec en fond la fumée des locomotives]]


Le train ralentit en abordant la gare de triage sur laquelle il s'enfila parmi les longues files de wagons dormants. Il aperçut, à gauche, les voûtes ondulées du dépôt des locomotives. Le train passa au-dessus du [[boulevard Villebois-Mareuil]], puis sous le pont Saint-Hélier, repéra Charlier. Il entra en gare à toute petite allure et les secousses de l'arrêt... "''Rennes... Rennes... Trois minutes d'arrêt. Les voyageurs sont priés d'emprunter le passage souterrain... Correspondance pour...".''
Le train ralentit en abordant la gare de triage sur laquelle il s'enfila parmi les longues files de wagons dormants. Il aperçut, à gauche, les voûtes ondulées du dépôt des locomotives. Le train passa au-dessus du [[boulevard Villebois-Mareuil]], puis sous le pont Saint-Hélier, repéra Charlier. Il entra en gare à toute petite allure et les secousses de l'arrêt... "''Rennes... Rennes... Trois minutes d'arrêt. Les voyageurs sont priés d'emprunter le passage souterrain... Correspondance pour...".''
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Arrivant aux derniers degrés, il leva la tête et vit son père accoudé à la rampe avec quelques autres. Il fit quelques pas, posa son sac à terre et ils s'embrassèrent sans grandes démonstrations, échangeant des mots banals :
Arrivant aux derniers degrés, il leva la tête et vit son père accoudé à la rampe avec quelques autres. Il fit quelques pas, posa son sac à terre et ils s'embrassèrent sans grandes démonstrations, échangeant des mots banals :
 
[[Fichier:Olympic_bar.png|300px|left|thumb|L'Olympic Café, avenue Janvier, qui deviendra Olympic Bar]]
- Bonjour, papa.
- Bonjour, papa.


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- Oui. On t'y attends, tu penses. Tiens, mets ton barda dans le coffre.
- Oui. On t'y attends, tu penses. Tiens, mets ton barda dans le coffre.


Quelques enseignes lumineuses marquaient les hôtels bordant la place. Les portes claquèrent  et l'Aronde s'engagea dans l'[[avenue Janvier]]. Au début, à droite, flambaient les anneaux entrelacés de ''l'Olympic Bar''. De chaque côté, les points jaunes des lampadaires balisaient, tout droit, l'avenue. A gauche, Charlier aperçut la pâle et plate façade de la cité administrative, puis l'abside de la chapelle et la longue bâtisse, de tufeau et de briques, du [[lycée Chateaubriand]], puis à droite, la devanture du magasin de jouets Tomine.
Quelques enseignes lumineuses marquaient les hôtels bordant la place. Les portes claquèrent  et l'Aronde s'engagea dans l'[[avenue Janvier]]. Au début, à droite, flambaient les anneaux entrelacés de ''l'Olympic Bar''. De chaque côté, les points jaunes des lampadaires balisaient, tout droit, l'avenue. A gauche, Charlier aperçut la pâle et plate façade de la cité administrative, puis l'abside de la chapelle et la longue bâtisse, de tufeau et de briques, du lycée Chateaubriand,<ref>[[Lycée Émile Zola]]</ref> puis à droite, la devanture du magasin de jouets Tomine.


Ils coupèrent la longue et large trouée des quais, piqués de réverbères, enserrant, dans leurs profondes parois de granit, l'eau noire de la [[Vilaine]].
Ils coupèrent la longue et large trouée des quais, piqués de réverbères, enserrant, dans leurs profondes parois de granit, l'eau noire de la [[Vilaine]].
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- Tu sais, on parle de couvrir les quais, de la Poste à la Mission, dit son père.
- Tu sais, on parle de couvrir les quais, de la Poste à la Mission, dit son père.


- Ah bon, fit Charlier.<ref> La fin du livre survenant sur ces propos banals échangés entre le père et le fils dans le cadre rennais peut paraître surprenante mais reflète, d'une part, une volonté de silence ou l'incapacité à communiquer sur cette guerre -qui n'en eut pas le nom jusqu'en 1999 - constatées chez les anciens appelés du contingent en Algérie et d'autre part, l'absence de questionnement de leurs proches, situation qui, avec de rares exceptions, dura souvent pendant des décennies. </ref>
- Ah bon, fit Charlier.<ref>La fin du livre survenant sur ces propos banals échangés entre le père et le fils dans le cadre rennais peut paraître surprenante mais reflète, d'une part, une volonté de silence ou l'incapacité à communiquer sur cette guerre - qui n'en eut pas le nom jusqu'en 1999 - constatées chez les anciens appelés du contingent en Algérie et d'autre part, l'absence de questionnement de leurs proches, situation qui, avec de rares exceptions, dura souvent pendant des décennies.</ref>


Ils arrivaient. Devant eux, tout en haut du jardin, les hautes arcades du [[palais Saint-Georges]] se répétaient à l'envi.
Ils arrivaient. Devant eux, tout en haut du jardin, les hautes arcades du [[palais Saint-Georges]] se répétaient à l'envi.
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- À propos, quel jour sommes-nous ? demanda Charlier.
- À propos, quel jour sommes-nous ? demanda Charlier.


- Voyons... Depuis près de trois heures, fiston, c'est dimanche !"<ref>''En opération sur le terrain, lorsque le radio d'un commando de chasse parlait pour caler son poste sur une fréquence, il avait coutume de dire : "  Pour calage...lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, pas de dimanche, pas de dimanche...", allusion au fait que les opérations pouvaient avoir lieu tous les jours de la semaine, et bien souvent dimanche compris'', [[Utilisateur:Stephanus|Stephanus]] 23 février 2011 à 09:47</ref>
- Voyons... Depuis près de trois heures, fiston, c'est dimanche !"<ref>''En opération sur le terrain, lorsque le radio d'un commando de chasse parlait pour caler son poste sur une fréquence, il avait coutume de dire : "  Pour calage... lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, pas de dimanche, pas de dimanche...", allusion au fait que les opérations pouvaient avoir lieu tous les jours de la semaine, et bien souvent dimanche compris'', [[Utilisateur:Stephanus|Stephanus]] 23 février 2011 à 09:47</ref>




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