« Camp Victor Rault - n° 22 » : différence entre les versions

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[[Catégorie:Quartier 12 : Bréquigny]]
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'''Suite des chroniques vezinoises'''


==  '''Retour en Bretagne''' '''''Le camp Victor Rault''''' ==
==  '''Retour en Bretagne''' '''''Le camp Victor Rault''''' ==


'''''Suite des chroniques vezinoises'''''
 
 
 
''''''Préparatifs du retour et voyage en camionnette''''''


J’accompagne mon père en gare de Wasquehal. Il étiquette et dépose quelques meubles, surtout des lits démontés. Ils seront expédiés à destination de Rennes par la petite vitesse. Les malles et caisses effectueront le trajet inverse de leur récent premier voyage.
J’accompagne mon père en gare de Wasquehal. Il étiquette et dépose quelques meubles, surtout des lits démontés. Ils seront expédiés à destination de Rennes par la petite vitesse. Les malles et caisses effectueront le trajet inverse de leur récent premier voyage.
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Jusqu’à cet instant précis tout va bien car, mis à part mon père, personne de notre famille ne sait encore où nous allons nous fixer. Le lendemain nous avons la réponse. C’est au [[camp Victor Rault]] que nous établirons nos pénates.
Jusqu’à cet instant précis tout va bien car, mis à part mon père, personne de notre famille ne sait encore où nous allons nous fixer. Le lendemain nous avons la réponse. C’est au [[camp Victor Rault]] que nous établirons nos pénates.
''''' Visite guidée et commentée, du camp Victor Rault'''''


En cette période d’après guerre il y a grande pénurie de logements. Le choix du camp Victor Rault tient compte principalement d’une disponibilité de logement mais aussi de sa proximité avec le lieu de travail de mon père, Centre des transmissions, caserne Margueritte, [[rue du Garigliano]]. Il a probablement fallu qu’il obtienne un passe-droit pour être aussi rapidement servi. Quantité de familles sont en attente de relogement et chacune espère être la prochaine bénéficiaire d’un espace pour vivre.
En cette période d’après guerre il y a grande pénurie de logements. Le choix du camp Victor Rault tient compte principalement d’une disponibilité de logement mais aussi de sa proximité avec le lieu de travail de mon père, Centre des transmissions, caserne Margueritte, [[rue du Garigliano]]. Il a probablement fallu qu’il obtienne un passe-droit pour être aussi rapidement servi. Quantité de familles sont en attente de relogement et chacune espère être la prochaine bénéficiaire d’un espace pour vivre.
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Nous poursuivons avec notre père cette première visite des lieux. Son discours reste le même, rassurant et optimiste comme s’il voulait se persuader, lui-même, devant la dure réalité. Il nous emmène vers les lieux d’aisance situés à une cinquantaine de mètres de notre logement.
Nous poursuivons avec notre père cette première visite des lieux. Son discours reste le même, rassurant et optimiste comme s’il voulait se persuader, lui-même, devant la dure réalité. Il nous emmène vers les lieux d’aisance situés à une cinquantaine de mètres de notre logement.


'''Les lieux d’aisance''' sont un alignement de deux rangées de wc à la turque, construits dos à dos. Il en existe en tout, environ, une trentaine (peut-être plus). La plupart de ces wc sont verrouillés et accaparés par les anciens qui sont ainsi certains de maintenir pour eux un lieu propre. Pour les autres, les nouveaux venus, il faudra qu’ils se contentent de quatre ou cinq wc restés libres et qu’ils s’assurent d’avoir le coeur bien accroché pour les utiliser. Ces lieux sont repoussants de saleté et d’odeurs nauséabondes. Le papier hygiénique, s’il en existe déjà, est de l’argent jeté par les fenêtres, le carré de papier journal est beaucoup plus en usage et demeure à la portée de toutes les bourses. Les enfants oubliant souvent de s’en munir, décorent volontiers les murs de petites virgules couleur chocolat. La fréquentation des lieux, par les enfants, est si fréquente que l’espace manque souvent pour y laisser sa trace personnelle. Les adultes se contentent d’y vider leurs pots de chambre sans état d’âme et sans entretenir les lieux souillés.  
Les lieux d’aisance sont un alignement de deux rangées de wc à la turque, construits dos à dos. Il en existe en tout, environ, une trentaine (peut-être plus). La plupart de ces wc sont verrouillés et accaparés par les anciens qui sont ainsi certains de maintenir pour eux un lieu propre. Pour les autres, les nouveaux venus, il faudra qu’ils se contentent de quatre ou cinq wc restés libres et qu’ils s’assurent d’avoir le coeur bien accroché pour les utiliser. Ces lieux sont repoussants de saleté et d’odeurs nauséabondes. Le papier hygiénique, s’il en existe déjà, est de l’argent jeté par les fenêtres, le carré de papier journal est beaucoup plus en usage et demeure à la portée de toutes les bourses. Les enfants oubliant souvent de s’en munir, décorent volontiers les murs de petites virgules couleur chocolat. La fréquentation des lieux, par les enfants, est si fréquente que l’espace manque souvent pour y laisser sa trace personnelle. Les adultes se contentent d’y vider leurs pots de chambre sans état d’âme et sans entretenir les lieux souillés.  


Dernière étape de notre visite guidée, les lavoirs. Cet espace couvert est implanté non loin du local des ordures ménagères qui lui est construit en bordure de la [[rue Victor Rault]].   
Dernière étape de notre visite guidée, les lavoirs. Cet espace couvert est implanté non loin du local des ordures ménagères qui lui est construit en bordure de la [[rue Victor Rault]].   


'''La poubelle centrale du camp''' est un petit local en dur, il borde la rue Victor Rault. Il a été construit pour recueillir l’ensemble des détritus du camp. L’accès de la partie arrière du local est surélevé pour permettre aux usagers un déversement facile des ordures ménagères à travers des orifices placés à cet effet. La façade de cette construction se situe au niveau de la rue, ses portes sont métalliques et coulissantes. Les employés municipaux peuvent ainsi charger dans un camion, au moyen de pelles, les dépôts nauséabonds qui ont macéré plusieurs jours avant d’être enlevés. On imagine combien le manque d’hygiène est total et les conditions de travail d’un autre âge. L’organisation de l’évacuation des ordures ménagères a toutefois été modifiée par la suite. Après notre quatrième année de séjour ce local, nettoyé, n’est plus utilisé comme dépôt d’ordures, il sert de terrain de jeux pour les enfants.
La poubelle centrale du camp est un petit local en dur, il borde la rue Victor Rault. Il a été construit pour recueillir l’ensemble des détritus du camp. L’accès de la partie arrière du local est surélevé pour permettre aux usagers un déversement facile des ordures ménagères à travers des orifices placés à cet effet. La façade de cette construction se situe au niveau de la rue, ses portes sont métalliques et coulissantes. Les employés municipaux peuvent ainsi charger dans un camion, au moyen de pelles, les dépôts nauséabonds qui ont macéré plusieurs jours avant d’être enlevés. On imagine combien le manque d’hygiène est total et les conditions de travail d’un autre âge. L’organisation de l’évacuation des ordures ménagères a toutefois été modifiée par la suite. Après notre quatrième année de séjour ce local, nettoyé, n’est plus utilisé comme dépôt d’ordures, il sert de terrain de jeux pour les enfants.


'''Les lavoirs''', est un espace couvert, suffisamment vaste pour accueillir un grand nombre de commères. C’est là que les femmes d’une partie du camp refont le monde. Ainsi Anna Maria, ''la pasionaria'' locale, qui doit être âgée de 16 ou 18 ans, raconte l'épopée de l'armée républicaine de la guerre d’Espagne. Elle clame haut et fort "''Donnez moi un char et je vais aller tuer Franco''". Pendant qu’elle ''cause'' son travail n’avance guère. On entend alors au loin, la voix forte de sa maman, amplifiée comme un porte-voix par le couloir de la baraque n°5  "''Anna Maria Ven aqui''". Combien de fois n’avons-nous pas entendu cet appel à toute heure du jour. Il est resté comme une musique et un symbole.
Les lavoirs, est un espace couvert, suffisamment vaste pour accueillir un grand nombre de commères. C’est là que les femmes d’une partie du camp refont le monde. Ainsi Anna Maria, ''la pasionaria'' locale, qui doit être âgée de 16 ou 18 ans, raconte l'épopée de l'armée républicaine de la guerre d’Espagne. Elle clame haut et fort "''Donnez moi un char et je vais aller tuer Franco''". Pendant qu’elle ''cause'' son travail n’avance guère. On entend alors au loin, la voix forte de sa maman, amplifiée comme un porte-voix par le couloir de la baraque n°5  "''Anna Maria Ven aqui''". Combien de fois n’avons-nous pas entendu cet appel à toute heure du jour. Il est resté comme une musique et un symbole.




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