« Le dernier couronnement d'un duc à Rennes » : différence entre les versions

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Ce n'était certes pas de gaieté de coeur mais par réalisme que les Etats en étaient venus à cette démarche. Il importait d'assurer la paix à la Bretagne riche et peuplée, terre convoitée par les Anglais et les Français et leurs alliés. D'Argentré écrit que "''le roy de France est un grand roy, qui jamais ne souffrira cet angle du pays en repos, s'il n'en est seigneur irrévocable... Tant qu'il y aurait en Bretagne un duc indépendant, il ne faut espérer nulle paix."'' Dans leur supplique du 4 août, les Etats avaient demandé que le Dauphin fit son entrée solennelle à Rennes comme duc et prince propriétaire du duché, qu'il plût au roi d'unir perpétuellement le duché au royaume de France afin qu'il n'y ait plus de guerre entre les deux pays, "gardant toutefois et entretenant les droits, libertés et privilèges dudit pays", ce à quoi le roi s'engagea en l'actant par l'édit publié à Nantes le 13 août, (précisé par un édit du Plessis-Macé en septembre).<ref> ''Histoire de Bretagne'', t. 1er, par E. Durtelle                  de Saint-Sauveur. Plihon - 1936</ref>
Ce n'était certes pas de gaieté de coeur mais par réalisme que les Etats en étaient venus à cette démarche. Il importait d'assurer la paix à la Bretagne riche et peuplée, terre convoitée par les Anglais et les Français et leurs alliés. D'Argentré écrit que "''le roy de France est un grand roy, qui jamais ne souffrira cet angle du pays en repos, s'il n'en est seigneur irrévocable... Tant qu'il y aurait en Bretagne un duc indépendant, il ne faut espérer nulle paix."'' Dans leur supplique du 4 août, les Etats avaient demandé que le Dauphin fit son entrée solennelle à Rennes comme duc et prince propriétaire du duché, qu'il plût au roi d'unir perpétuellement le duché au royaume de France afin qu'il n'y ait plus de guerre entre les deux pays, "gardant toutefois et entretenant les droits, libertés et privilèges dudit pays", ce à quoi le roi s'engagea en l'actant par l'édit publié à Nantes le 13 août, (précisé par un édit du Plessis-Macé en septembre).<ref> ''Histoire de Bretagne'', t. 1er, par E. Durtelle                  de Saint-Sauveur. Plihon - 1936</ref>


==Le couronnement du jeune duc François III==
==Le jeune dauphin François arrive à Rennes==


Le dauphin fit donc son entrée solennelle à Rennes, le 13 août par la [[porte Mordelaise]]. Michel Champion, procureur des Bourgeois, narra les fastes qui dépassèrent ceux de l'entrée de François 1er en 1518. Trois cents hommes de pied aux couleurs du dauphin-duc et deux cents habitants montés l'accompagnent. Harangues, révérences et spectacles rythment les arrêts aux cours desquels il prête serments de maintenir les "droits, privilèges et anciennes libertés" du pays, et il reçoit les clefs de la ville.<ref> ''Histoire de Rennes'' sous la direction de Jean Meyer, Privat, éditeur - 1972</ref> Des "échafauds": des estrades ont été dressées de par la ville présentant des scènes mythologiques attrayantes mais à sens politique inaccessible au bon peuple, légendées en latin : le roi traité en dieu Mars, mais sans évocation des reines Anne et Claude... La ville de Rennes a offert en cadeau au duc une hermine d'or entre six lys. On écrit que ce furent jours d'allégresse mais ils ne pouvaient faire oublier aux gens une famine persistante.
Le dauphin, après avoir passé la nuit en l'abbaye Saint-Melaine, fit donc son entrée solennelle à Rennes, le 13 août non par la[[porte Mordelaise]] en raison de la longueur du cortège de trois cents hommes de pied aux couleurs du dauphin et de deux cents habitants montés, mais par la porte aux Foulons.Le jeune prince arrive à cheval et a belle allure dans sa "robe à chevaulcher" de velours bleu enrichie de broeries d'or. Yves Mayeuc, évêque de Rennes, et le baron de Laval, gouverneur reçoivent le serment du dauphin prononcé sur les Evangiles, "de maintenir les anciens droits, privilèges et libertés de l'Eglise, de la noblesse, des villes et du peuple". Le duc reçoit les clés de la ville, la porte s'ouvre et le duc se place sous un dais de damas bleu et satin blanc semé d'hermines et de fleurs de lys, porté par quatre gentilhommes, et gagne la cathédrale au milieu des cris de "Vive le duc !" Il entend les vêpres et se retire au manoir épiscopal qui jouxte la cathédrale.<ref> ''L'ancien comté de Rennes ou pays de Rennes '' par Michel de Mauny, éditions Roudil - 1974</ref>  Michel Champion, procureur des Bourgeois, narra les fastes qui dépassèrent ceux de l'entrée de François 1er en 1518. Harangues, révérences et spectacles rythment les arrêts .<ref> ''Histoire de Rennes'' sous la direction de Jean Meyer, Privat, éditeur - 1972</ref> Des "échafauds": des estrades ont été dressées de par la ville présentant des scènes mythologiques attrayantes mais à sens politique inaccessible au bon peuple, légendées en latin : le roi traité en dieu Mars, mais sans évocation des reines Anne et Claude.


La cérémonie du couronnement eut lieu le lendemain en la cathédrale selon le rite traditionnel. Ayant ôté le collier de l'ordre de Saint-Michel, le jeune François mit le collier de l'ordre de l'Hermine et reçut l'épée de duc bénie des mains de l'évêque [[Yves Mayeuc]] qui bénit  aussi le cercle ducal en or et le lui posa sur la tête. Assis sur le trône, le jeune duc répondit amen à chaque phrase de la formule du serment énoncée par l'évêque. Sitôt la cérémonie achevée, il quitta sa capitale, sans avoir même reçu l'hommage des vassaux. Il ne devait jamais y revenir et mourra quatre ans plus tard. D'ailleurs le roi n'avait pas confié à son fils l'administration et le gouvernement du duché dont il restait l'administrateur légal. La Bretagne va gagner en sécurité et perdre en autonomie et Rennes ne sera plus que la capitale d'une province.
==Le couronnement du duc François III==
 
La cérémonie du couronnement commence le lendemain, dès 7 heures, en la cathédrale selon le rite traditionnel. Le dauphin entre dans la cathédrale où on le revêt d'un manteau rouge fourré d'hermine sur lequel on lui passe le collier de l'ordre de l'Hermine. On lui remet l'épée de duc bénie des mains de l'évêque [[Yves Mayeuc]] et le sceptre. Puis l'évêque pose sur sa tête, après l'avoir béni, le cercle ducal en or ( que François 1er a fait faire pour un coût de 219 livres tournois "pour servir au couronnement et première entrée du Dauphin dans la ville de Rennes comme duc et propriétaire du duché de Bretagne"). Assis sur le trône, le jeune duc répondit amen à chaque phrase de la formule du serment énoncée par l'évêque. La cérémonie achevée, le duc arme chevaliers plusieurs seigneurs dont Pierre d'Argentré, sénéchal de Rennes.
 
Les bourgeois de Rennes se sont cotisés pour offrir au duc "une hermine d'or de grandeur naturelles, reposant sur une terrasse émaillée, entre six beaux lis entourés de la couronne ducale, emblème de l'union de la Bretagne à la France".  Cette oeuvre de Pierre Even, orfèvre à Rennes, causa "une admiration merveilleuse aux assistants". Mais le duc quitta sa capitale, sans avoir même reçu l'hommage des vassaux. On parle de l'allégresse du bon peuple, parenthèse joyeuse en ces jours de famine persistante.
 
François III ne devait jamais revenir à Rennes et mourra quatre ans plus tard. D'ailleurs le roi n'avait pas confié à son fils l'administration et le gouvernement du duché dont il restait l'administrateur légal. La Bretagne va gagner en sécurité mais perdre en autonomie et Rennes ne sera plus que la capitale d'une province.


==références==
==références==
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