Rue de Paris
La rue de Paris, voie axée ouest - est, se situe dans le Quartier 2 : Thabor – Saint-Hélier – Alphonse Guérin. Elle part à l'ouest de la jonction rue Victor Hugo et rue Martenot et aboutit au carrefour boulevard de Metz, boulevard de Strasbourg et avenue Général Leclerc. Elle était, jusque vers 1850, un de ces faubourgs linéaires partant du noyau central urbain et s'allongeant dans la campagne, telles les rue Saint-Hélier, rue de Nantes (faubourg Madeleine), rue de Brest, rue de Saint-Malo.
Origine du nom de la rue[2]
Ce n'est que depuis 1792 que le nom de "Paris" fut donné à une rue et au faubourg. Ce nom fut donné après l'incendie de Rennes. À la suite de la reconstruction de la ville, il fut décidé, le 12 décembre 1726, de donner le nom de Paris à une voie qui aboutissait à la porte des remparts de la ville et qui allait dans la direction de la capitale. Cette voie passait derrière le Parlement de Bretagne et devait aboutir sur l'actuelle rue Le Bastard qui s'appelait alors rue aux Foulons.
Le 19 septembre 1669, c'est par cette rue que le duc de Chaulne fit son entrée dans Rennes en qualité de lieutenant du gouverneur de la province. " Monsieur le marquis de Molac est son lieutenant. Ils sont arrivez en fort bel appareil par le forbourg de la ruë Huë. Il y avait dix sept compagnies sous les armes depuis le manoir où il logeait jusque à la barriere de laditte rue Huë. Il a été harangué par messieurs de la Communauté à la porte des religieuses Catherinnettes, par le sinndic, et ensuite remonté sur son cheval et a conduit à la porte Saint-Georges où a esté fait les ceremonies accoutumées et conduit audit manoir. Il n'y eust aucuns feus d'artifices ny de joye le mesme jour ny le landemain attendu son indisposition, mais il y eust un feu de joye le samedy vingt uniesme sur la place des Lices..."[3]. Le duc de Chaulne devait s'illustrer à Rennes de façon sinistre lors de la Révolte du papier timbré.
La rue de Paris actuelle qui se trouvait à l'extérieur des remparts de la ville, portait alors à cette époque le nom de Rue Hüe, Hux ou Hus. Il avait été dit que ce nom fut donné pour un certain Jehan Hux, riche bourgeois issu d'une famille de notables rennais, qui vers 1485 aida à l'introduction de l'imprimerie à Rennes et favorisa grâce à son argent, l'installation du premier atelier de typographie[4][5]. Or cette voie était déjà connue depuis au moins 1261. Hus, est la forme moderne de Hugues, au moyen-âge Hus, Hux et parfois Huon étaient des prénoms et sont devenues depuis des patronymes.
« Jean Hus ou Hux était un riche marchand et bourgeois de Rennes. Faisant partie d'une famille bien établie, il aurait possédé le capital nécessaire pour poursuivre une opportunité commerciale dans cette nouvelle industrie potentiellement lucrative. Le modèle suivi est similaire à celui adopté à Lyon où le commerçant Barthélemy Buyer avait financé l'atelier de Guillaume Le Roy. À Lyon, l'alliance des fonds d’entreprises et des typographes conduit au développement d’une culture imprimée dynamique, mais Rennes ne bénéficie pas de la situation stratégique de Lyon. La cité bretonne était située à l'écart d'un axe commercial majeur comme la Loire. Cette première empreinte rennaise n'a pas donné lieu à une rafale de publications. Il est également intéressant de noter que c'est le seul livre qui fait référence à Jean Hus. En fait, même dans cette édition rennaise des Douanes, il existe deux variantes d'états, dont l'une n'inclut pas les lignes attribuant l'initiative de la publication à Hus. Il n'est pas clair si la volonté de Hus de financer un atelier d'imprimerie était en raison de son intérêt pour l'impression des douanes ou si cette aventure spéculative dans la nouvelle industrie n'a pas répondu à ses attentes. Notre connaissance des circonstances entourant l'atelier est également limitée. »
— Malcolm Walsby
Origine : "The Printed Book in Brittany, 1484–1600" ("Le livre imprimé en Bretagne, 1484-1600"), pages 32-33 - 2011[6] • Recueilli par Manu35 • 2023 • licence
La rue Hue fut le siège d'une manufacture de faïence fondée en 1749 et qui fabriqua jusqu'en 1790. [7]
Il est vraisemblable qu'à cette époque une famille de notables rennais qui portait ce nom, possédait une propriété sur cet axe.
Urbanisme
À l'emplacement des volées d'escalier précédées par la cascade descendant du parc du Thabor, s'élevait le couvent des Catherinettes, de l'ordre dominicain de la réforme de Sainte-Catherine, suivant les doctrines jansénistes et interdit en 1769. Arrivée de Dinan dans la ville en 1636, la congrégation - acceptée, malgré l'opposition de l'abbesse de Saint-Georges, sous condition d'avoir un fonds suffisant pour se loger, s'entretenir et se nourrir, sans mendier - [8] avait mis du temps à construire son couvent mais en 1661 s'allongea, sur plans de Pierre Corbineau, son imposante façade. Faute d'argent et d'effectifs suffisants, le couvent fut supprimé en 1779. Le bâtiment servi ensuite de Petit séminaire puis d'hôpital général à partir de 1793 ; c'est dans ces locaux abandonnés et déjà vétustes (qu'on allait utiliser pendant plus de cent ans), qu'on installa les femmes de l'Hospice[9]. L'édifice fut détruit en 1900 après l'ouverture de l'hôpital de Pontchaillou.[10]
On remarque ensuite la série de quatre hôtels particuliers construits entre 1840 et 1845 (Hôtel Le Beschu et les trois hôtels identiques Le Corgne, petit lotissement de luxe. Plus loin, c'est la belle série de sept hôtels construits avec leurs pavillons sur rue par Béziers-La Fosse de 1837 à 1843, série interrompue par une autre construction. Il s'agissait du début d'un lotissement particulier dit "du Mail d'Onges" planifié pour s'étendre jusqu'à la Vilaine qui ne fut pas réalisé[11]. Puis, c'est l'ancienne chapelle, local du Cercle Paul Bert.
En 1910 la municipalité installe le Cercle Paul Bert dans d'anciens biens de l'Église, dont la chapelle qui donne sur la rue. Pendant la Grande Guerre il sera l'hôpital complémentaire n° 58. À partir de juillet 1941 jusqu'à la fin de la guerre le commissariat central de la police fut logé dans ses locaux.
Plus loin, à gauche, une allée monte vers l'imposante façade de l'Ecole et lycée Saint-Vincent de Paul.
L'imprimerie Oberthür compta jusqu'à 1 300 employés. Construits en 1870, 1883, et 1900 respectivement par les architectes rennais Jean-Baptiste Martenot, Frédéric Jobbé-Duval, et Charles Coüasnon, les bâtiments sont constitués de deux halles ateliers parallèles reliées entre elles par deux corps de bâtiment. Ils furent transformés en parc d'affaires inauguré en juillet 1989. Le président de Mac-Mahon avait visité l'usine en août 1874[12].
« Chacun des établissements attire à lui les ouvriers qu'il occupe; il devient le noyau d'un quartier dont l'importance se mesure à l'importance de l'établissement. Il se produit par suite une certaine localisation des professions, analogue à celle qui s'est produite dans les villes du Moyen-Age, où l'on trouvait la rue des Orfèvres, des Foulons[13], des Tanneurs[14]... Ce phénomène est particulièrement sensible autour de l'imprimerie Oberthür, de la gare et de l'arsenal. Un grand nombre des ouvriers de l'imprimerie Oberthür habitent le faubourg de Paris : ce quartier a augmenté de 3 500 habitants depuis 1856. [...]
Aussi l'établissement des lignes urbaines a-t-il eu pour effet de favoriser ou même de provoquer le développement des faubourgs. Il s'en faut toutefois que les quartiers desservis s'accroissent tous avec la même rapidité. Le tramway n'est qu'un moyen; ce que l'on cherche, en s'éloignant de la ville, c'est un faubourg agréable et calme, une exposition bien choisie. Dès lors,les conditions topographiques vont à nouveau jouer un rôle : elles nous expliquent la prospérité de certains quartiers, Saint-Cyr, le faubourg de Fougères, le faubourg de Paris. [...] La progressions du faubourg de Paris est aussi rapide : à Bellevue[15], un champ a été alloti, vendu et couvert d'une vingtaine de maisons en deux ans. L'ouverture du tramway Rennes-Cesson provoquera sans doute un nouvel allongement du faubourg de Paris dans la direction de l'est. »
— Gaillard H.
Origine : De l'influence des conditions démographiques sur le développement de Rennes (suite et fin). In: Annales de Bretagne. Tome 24, numéro 4, 1908. pp. 558-574. • Recueilli par Manu35 • 2020 • licence
Au n° 71 on pouvait apercevoir, au fond d'un jardin arboré, un hôtel particulier en forme de pavillon construit à la fin du 19e siècle par l'architecte Julien Ballé pour un sir W. Codrington, avec orangerie construite en 1898 et avec belvédère sur rue. L'hôtel, l'une des premières œuvres marquantes de l'architecte à Rennes[16], a malheureusement été détruit début 2015, et a cédé la place à un immeuble de 17 logements.
Note et références
- ↑ Le Vieux Rennes, par Paul Banéat - J.Larcher éd. - 1911
- ↑ à partir de la notice rédigée par Joël DAVID, chargé d'odonymie à la Ville de Rennes, Rennes Métropole
- ↑ Chroniques de François Toudoux - 17 e siècle
- ↑ rue Pierre Bellesculée
- ↑ http://www.wiki-rennes.fr/Notices_sur_les_rues_de_Rennes_1883 - Notices sur les Rues, Ruelles, Boulevards, Quais, Ponts, Places & Promenades de la ville de Rennes, Rennes, 1883, p. 51, par Lucien Decombe
- ↑ https://histoire.ens.psl.eu/IMG/pdf/the_printed_book_in_brittany_1484-1600_the_printed_book_in_brittany_1484-1600.pdf
- ↑ Anciennes faïenceries rennaises
- ↑ Histoire de Rennes, p.316, Émile Ducrest de Villeneuve et D. Maillet. Edouard Morault, libraire. Rennes - 1845
- ↑ Histoire des hôpitaux de Rennes, professeur J-C. Sournia. BIU Santé
- ↑ Centre hospitalier universitaire (CHU)
- ↑ Rennes au XIXe siècle, Architectes, Urbanisme et Architecture, par Jean-Yves Veillard. pp. 256, 257 Éditions du Thabor - 1978
- ↑ Le maréchal-président de Mac-Mahon à Rennes
- ↑ aujourd'hui rue Le Bastard
- ↑ rue des Tanneurs
- ↑ la rue de Bellevue portant le nom du lieu-dit ne sera cependant dénommée qu'en 1936, une trentaine d'années après la parution de l'écrit
- ↑ http://www.placepublique-rennes.com/article/Julien-Balle-une-production-architecturale-eclectique
Lien interne
Sur la carte
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Cercle Paul Bert. Hôpital complémentaire n° 58
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