Né à l'hôpital psychiatrique de Saint-Méen

« Je suis né à l'hôpital psychiatrique, car après la guerre mon père y est entré en tant que jardinier. Ma mère l'a suivi, laissant la ferme familiale à son frère qui était maréchal ferrant.

L'hôpital psychiatrique de Saint-Méen était une vraie ville dans la ville, on y retrouvait tous les corps de métier : il y avait la ferme avec ses animaux, un boulanger, un tailleur, etc. L'hôpital était complètement autonome. Il avait sa propre paroisse, et son abbé : l'Abbé Froc, par la suite devenu exorciste. Je fut enfant de choeur durant des années là bas. J'ai vécu toute ma petite enfance avec les malades, été gardé par des malades, etc.

L'hôpital psychiatrique allait jusqu'au Moulin de Joué, où il y eut un centre de formation par la suite. L'hôpital descendait jusqu'au fleuve, et il y avait une grande prairie, appartenant à l'hôpital, qui rejoignait la plaine de Baud.

J'ai ensuite rejoint Saint-Brieuc pour faire mon apprentissage chez les Frères en horticulture pendant 5-6 ans. Ensuite je suis revenu à Rennes.

Je m'étais juré de ne jamais entrer dans l'administration, mais ironie du sort j'ai fait toute ma carrière professionnelle à l'institut médico-éducatif Hallouvry de Chantepie, où j'ai passé 30 ans avec des jeunes en difficultés. Le centre Hallouvry existe toujours, il est désormais le centre départemental de l'enfance, qui assure l'accueil d'urgence, l'institut médico-éducatif, et l'institut de rééducation pour les jeunes en difficultés. Lorsque je suis arrivé dans les années 1970 le centre Hallouvry dépendait de l'hôpital Saint-Méen, il y eut une scission en 1981. J'étais horticulteur de formation et je suis entré au centre comme éducateur technique, je voulais absolument garder mon métier d'origine.

Je connais très bien le parc du Thabor, car lorsque je revenais de Saint-Brieuc pour voir mes parents, il n'y avait pas une seule fois où je n'allais pas au jardin de plantes pour y apprendre tous les noms de végétaux. »

— Michel • Recueilli par Julie • 11 avril 2013 • licence

Notes et références

• Témoignage recueilli au cours d'un atelier de collecte de mémoire à l'OPAR le 11 avril 2013.