Manifestations en 1942
15 avril, en hommage à un soldat britannique
Le mercredi 15 avril 1942 fut l'occasion pour les Rennais d'exprimer leur reconnaissance aux soldats alliés et ainsi de manifester leur hostilité à l'occupant.
Le 28 mars, dans l'opération Chariot, les commandos de Sa Majesté avaient détruit la cale sèche du port de St-Nazaire et ainsi empêché que le cuirassé Tirpitz, monstre de 5000 tonnes, jumeau du Bismarck, puisse y être réparé après une guerre de course dans l'Atlantique. Il s'était agi de précipiter contre la porte de la forme Joubert (dock à sec qui avait hébergé la construction du "Normandie") un vieux destroyer américain bourré d'explosifs, le destroyer HMS Campbeltow, commandé par le Captain Stephen Halden Beattie, qui mena à bien l'opération aux environs de 1 H 30 du matin. Elle comportait un accompagnement par 18 vedettes rapides lance-torpilles et 611 commandos dont un peu plus de 200 réussirent à accoster dans les docks où ils causèrent de gros dégâts, notamment en détruisant l'énorme station de pompage qui permettait d'assécher la forme Joubert. Beaucoup de vedettes lance-torpilles furent coulées.
Les Allemands croyaient avoir désarmorçé les charges explosives du "Campbeltow" quand 4 tonnes de TNT allumées par un système de retard pulvérisèrent la seconde porte de la forme et l'ensemble des officiers et marins allemands qui étaient autour du destroyer américain.
Cette opération exceptionnelle fut accompli au prix de la perte de 169 hommes et 200 prisonniers dont beaucoup de blessés. Certains furent ultérieurement fusillés.
Un soldat britannique prisonnier était décédé le 11 avril à l'E.P.S. (École primaire supérieure de jeunes filles qui servait d'hôpital-prison, rue Jean Macé, devenu depuis un lycée). Écossais, Thomas McCormack était un de ces militaires du régiment Liverpool Scottish, engagés dans l'opération avec le commando n° 2 - 5 et blessé à Saint-Nazaire le 28 mars; grièvement blessé à la tête et au poignet droit par des éclats de grenade, lors des combats avec sa section d’assaut, il fut fait prisonnier et exposé par l’occupant sur la Place de la Vieille-Ville avec d’autres combattants. C’est à cet endroit que pansé et ensanglanté, il fut pris en photo, par un reporter allemand. Les clichés parurent dans la revue ”Signal” [1]. Un témoin a rapporté que plus de cinq mille Rennais participèrent à ses obsèques symboliques. Après cette importante démonstration, il ne semble pas que les Rennais aient répondu en masse à la consigne de Radio Londres de manifester 15 jours plus tard, le 1er mai.
13 juillet, à l'occasion de la fête nationale
Le lundi 13 juillet, répondant à un mot d’ordre lancé par le canal de la B.B.C., de radio Brazzaville, radio Moscou et les postes américains, appelant à manifester symboliquement contre l’occupant, un "impressionnant" défilé de Rennais se déroula, en prélude à la fête nationale, du Panthéon aux monuments du boulevard de la Liberté. [2]. La presse est muette, suivant l'interdiction de divulguer la moindre information.
En fin d'année, les Allemands fêtent avec quelque ironie sous-jacente le Noël de guerre 1942 et la fin de la troisième année de lutte contre l'Angleterre. Ils sont loin de l'optimisme de juillet 1940.
Références
Lien interne
L'hôpital pour prisonniers Jean Macé au temps de la libération