1940, scène du début de l'occupation

1940, petite scène du début de l'occupation à l'angle de la rue de l'Alma et du Bd du Colombier
80 ans plus tard, le même endroit


Scène du début de l'occupation allemande à Rennes.

* Quand ? On est au début de l'occupation à Rennes mais on constate une pancarte en allemand, indiquant la direction d'un "Veterinär Park" et une autre donnnant les directions de postes de croix Rouge (Rotes Kreuz). La scène peut-elle être en juin 1940, ou plus tardive, comme le laisseraient penser ces pancartes, mais les Allemands ne tardaient pas à apposer leur signalétique à leur arrivée dans une ville. On peut envisager le mois d'août 1940, période où les Allemands étaient preneurs de vélos et l' Ouest-Eclair affiche plusieurs numéros de suite la demande du maire invitant les Rennais à satisfaire la demande allemande. Il n'y a pas de plaque arrière de vélo (avec immatriculation GV) car elle n'apparaît que fin 1940, instituée par arrêté préfectoral du 29 novembre.

 
Rue de l'Alma, quelques instants avant la scène sur photo de gauche
 
Emplacement de la photo

* Qui ? Des militaires et des civils.

 
Vos vélos, s.v.p ! (Ouest-Eclair 11, 13, 14 août 1940)

Une femme s'apprête à traverser mais des militaires et des civils au premier plan sont l'objet du photographe : deux soldats allemands de la Wehrmacht, celui de gauche un caporal, celui de droite, plus gros, un sergent(Unteroffizier) ou sergent-chef (Unterfeldwebel), le troisième est un français, comme l'indique son brassard marqué "police", portant béret et botte. Le pantalon est d'un gendarme (avec la bande verticale latérale) mais le port du béret est étrange, car le gendarme portait képi ou casque. Un insigne de poitrine et l'insigne de manche ne sont pas identifiés.


Les civils, trois jeunes passent : une petite fille sur le trottoir et, sur la rue, deux jeunes gens, l'un en culottes de golf, vêtement usuel des jeunes à l'époque, ont quitté le trottoir et vont dépasser le groupe qui stationne. Deux cyclistes rennais sont arrêtés, l'un a la tenue d'un bourgeois, costume, cravate et chapeau, l'autre porte un vêtement à col ouvert et est tête nue.

* Que se passe t-il ? Il s'agit d'un contrôle : le caporal a probablement les yeux tournés sur un papier que lui a remis le cycliste qui est descendu de vélo, le sergent ou sergent-chef attend, il parait en train de parler. Le second cycliste n'a mis qu'un pied à terre et semble interrogé par le policier français qui lui parle et prend des notes sur un carnet. Il ne s'agit pas d'une infraction au code de la route mais plutôt d'un contrôle d'identité, la possession des vélos étant peut-être en cause : ces civils en ont-ils vraiment besoin pour leur travail ?

* L'auteur de la photo est inconnu. Il est probable qu'il est un soldat allemand photographiant comme beaucoup, en l'occurrence une scène de contrôle de la population. Il peut être aussi français, dans le but de montrer la coopération entre autorités allemandes et autorités françaises, ou, au contraire, les mesures de contrôle tatillonnes imposées par l'occupant. Une ordonnance du chef militaire de l'administration en France, datée du 16 septembre 1940, interdira la photographie en plein air à la population de la zone occupée.

 
Lieu de la photo sur extrait de plan Larcher 1942

* Mais où ? Déterminer le lieu est difficile malgré une indication précise: la pancarte donnant la direction de Nantes. C'est à un carrefour car, de la droite débouche un peu en oblique une rue, dotée d'une vespasienne marquée de la réclame Cinzano, à laquelle est accrochée une pancarte avec Croix-Rouge signalant des postes de secours par un double fléchage à gauche et à droite; la pancarte marquée "Veterinär Park" envoie vers une rue à gauche.

Quelle est la rue parcourue par des camions, l'un descendant, l'autre chargé, montant ou stationné  ? En fond très lointain de la rue l'on aperçoit des structures la dominant et fermant la perspective: deux pylones et très probablement un wagon de voyageurs, ce qui amène à penser à la voie ferrée en remblai qui longe le boulevard de Beaumont et passe sur le pont de la rue de Nantes.

 
Après réquisition, des bicyclettes sont rendues par les Allemands, sans doute vu leur état médiocre (Ouest-Eclair 17.08. 1940)
 
Place de la gare, en 1940 ou 1941, un agent règle une circulation automobile infime (Archives de Rennes)
 
Et, au verso, un timbre fiscal :impôt sur les vélocipèdes- 1944

Cette rue en direction de Nantes, assez large, rectiligne et en pente, ne peut être le boulevard de la Tour d'Auvergne car elle n'est pas plantée d'arbres; la seule autre voie dirigeant plein sud est l'ancienne rue de Nantes, mais elle n'était pas rectiligne et était moins large que la section vue sur la photo et non pentue. La seule section de rue restant avec indication de la direction de Nantes serait donc la portion du boulevard du Colombier descendant, sur 200 mètres, vers les voies ferrées avant de les longer. La pancarte indiquant la direction d'un "Veterinär Park" dirige par le boulevard de Beaumont vers la gare ferroviaire de marchandises. Le site semble donc bien le carrefour avec la rue de l'Alma et le boulevard de Beaumont, photographié d'est vers l'ouest.

Le secteur photographié a été complètement remanié et n'offre pas de repère subsistant pour une identification aisée.

Si un contributeur peut apporter confirmation ou infirmation étayée, il sera le bienvenu. L'identification de la période de l'affiche anti-britannique en partie gauche de la de la scène sur la plus petite photo permettrait de confirmer la période retenue pour cette scène ou de l'infirmer.

 
Août 1940, place de la République (Ouest-Eclair 11.08.1940)

Pendant toute l'occupation le vélo sera le mode de transport principal et l'objet de nombreux vols signalés dans le journal. L'auto se fait très rare et roule actionnée par le gazogène et l'agent de circulation fait ses gestes pour de rares véhicules.

 
Probablement à hauteur du café de l'Aviation, 124 rue de Nantes : cinq personnes ont le regard sur le chargement d'étoffes de deux soldats allemands: deux Rennaises et un Rennais sur le trottoir, et deux prisonniers gardés par un Allemand à bord d'une charrette hippomobile




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