GEORGES MOREAU (1868-1935)
Georges-Gaston-Emile Moreau est né le 27 mai 1868 à Mont-sur-Marchiennes en Belgique. Il fit de brillantes études secondaires au lycée de Saint-Quentin, puis au lycée de Douai. Le 1er août 1887, il entre à l’École Normale Supérieure. Il obtient l’agrégation des sciences physiques en 1890, ce qui lui permet d’être nommé le 5 septembre 1890, professeur suppléant au lycée d’Angoulême. Peu de temps après il est attaché au laboratoire de physique de l’École Normale Supérieure duquel il devient agrégé-préparateur le 16 novembre 1891.
Il présente sa thèse sur la polarisation et la dispersion rotatoire magnétique et obtient son doctorat ès sciences en 1893. Georges Moreau arrive alors en Bretagne, il est muté au lycée de Rennes le 5 mai, puis le 10 octobre 1894 il obtient un poste de maître de conférences à la Faculté des sciences. Il est chargé de cours de 1895 à 1898 puis il est promu, obtenant la titularisation à la chaire de physique le 1er novembre 1898. Il a alors tout juste 30 ans, l’âge minimal pour être titularisé. Le chimiste Georges Lechartier[1] meurt en 1903, M. Moreau le remplace à la tête de la Faculté en juillet. Il devient par la même occasion vice-président du conseil de l’université. En 1905, Moreau est nommé président de la Société Scientifique et Médicale de l’Ouest. Celle-ci sera dissoute en 1923 pour devenir la société Scientifique de Bretagne que Moreau fonde en 1924 et présidera pendant trois ans
Ce fut sur son initiative que la faculté des sciences de Rennes, une des premières en France, organisa la préparation aux concours de l’agrégation. Il créa un Institut Polytechnique à Nantes (l’IPO devenu aujourd'hui ENSM) en 1919 où il dispensait un cours de mécanique des fluides et dont il était membre du conseil d’administration. Le décanat durait trois ans. Moreau fut à chaque fois réinvesti par ses collègues pendant 32 ans ! C’est une période de sa vie extrêmement fournie : il exerce conjointement ses activités de professeur, de doyen et de savant, le tout entre Nantes et Rennes. Trop actif, on lui imposa une période de repos en 1933. Le 24 mai 1935, à la suite d'un repas de moules pris à Nantes, il décède à l’âge de 67 ans alors qu’il était toujours en fonction.
Ses Travaux scientifiques
La grande curiosité de Georges Moreau lui fit faire des travaux dans des domaines très variés de la physique. Outre quelques recherches sur la dureté des corps au début des années 1920, quelques études sur les couples à flammes et ses observations météorologiques, on peut dire que l’essentiel de sa carrière de savant se décompose en trois parties. Chronologiquement :
Optique et magnétisme
Sa thèse sur la polarisation rotatoire naturelle et magnétique soutenue en 1893 l’amena à publier plusieurs notes sur la théorie de l’absorption de la lumière. Citons, entre autres, sa première publication dans les comptes-rendus de l’académie des sciences en 1894 sur « l’absorption de la lumière dans les milieux isotropes et cristallisés ». Il est intéressant à noter que dans cette publication apparaît le terme d’éther.
La théorie de l’éther était, au XIXe siècle, admise par la plupart des physiciens. Il s’agissait d'une substance censée combler le vide de l’Univers. L'éther permettait la propagation de la lumière ; l’idée d'une propagation dans le vide n'était pas en vigueur car les ondes (mécaniques ou acoustiques) connues à l'époque ne peuvent se propager que dans un milieu matériel. On imaginait donc un fluide occupant tout l'univers nous permettant ainsi d'observer les étoiles par exemple. Mais beaucoup de propriétés de l’éther étaient difficilement concevables, il aurait dû être d'une rigidité quasi infinie pour nous transmettre la lumière d'étoiles situées à plusieurs années-lumière, tout en offrant une résistance nulle au déplacement des objets matériels (puisque la Terre tourne autour du Soleil sans être ralentie). Des physiciens prestigieux comme Fizeau, Michelson, Stokes ou Fresnel se sont longtemps interrogés sur l'éther. Puis vint Einstein en 1905 qui établit via la théorie de la relativité restreinte que l'éther n’existait pas. Parmi les premiers travaux de Georges Moreau à la Faculté on peut également citer ses recherches sur la torsion magnétique, sur les phénomènes thermomagnétiques puis sur l’effet Hall.
Ionisation
Georges Moreau a consacré près de 10 ans de sa carrière à la recherche sur l’ionisation faisant considérablement avancer le domaine. Une dizaine de ses articles furent publiés dans les comptes-rendus de l’académie des sciences. Il établit plusieurs valeurs de l’énergie d’ionisation des molécules KI, KCl, KBr et KNO3. Citons aussi une étude sur la conductibilité qu’il a menée avec M. Blanc et qui fut publiée en 1926.
Photographie
Ce fin physicien était aussi un grand passionné de photographie. Il put à la fin de sa carrière publier des articles sur le sixième art. À partir de 1928, en effet il n’a plus effectué des recherches que sur la photographie et ce jusqu'en 1934. Ils pouvaient êtres lus dans la revue « la photo pour tous ».
Quelques Publications
- Rayonnement et potentiel explosif (1909) Thèses présentées à la Faculté des sciences de Paris... par M. Georges Moreau,... Première thèse. Contribution à l'étude de la polarisation rotatoire naturelle et de la polarisation rotatoire magnétique... (1893)
- Radium et potentiel explosif (1910) Congrès des sociétés savantes à Rennes (1909)
- Propriétés électriques et magnétiques des flammes (1928)
- La Sensitométrie photographique et ses applications (1928)
- Étude sur l'utilisation de l'énergie des marées en France (1931)
Vie privée
Il se maria à Nelly Gastinieau et eut deux enfants, Georges qui fut directeur de Kodak-Pathé et Henriette Moreau qui épousa le Dr René Patay, futur maire de Rennes. Il vivait dans une belle maison de la rue Saint-Hélier qui a disparue depuis.
Cette notice est en grande partie inspirée de la source 1
Notes et références
Bibliographie
- Axel Petit et Dominique Bernard, La physique et les physiciens à la Faculté des sciences de Rennes de 1840 à 1939, Université Rennes 1 (synthèse documentaire), 2012, lire en ligne (Annexe II - Les doyens de la faculté des sciences de Rennes de 1840 à 1939).
- Axel Petit, Virginie Fonteneau, Georges Moreau (1868-1935) : administrer, enseigner, chercher à la faculté des sciences de Rennes, Université de Nantes, Rennes 1. Mémoire de master recherche (Histoire des sciences et techniques), 2008.
Liens externes
- Liste des doyens de l'université de Rennes
- Notice biographie sur la site de la BnF Data BnF et catalogue général de la BnF