Mesure des températures de surface
Avec le dérèglement climatique, Rennes (comme toutes les villes) subit des vagues de chaleur (de plus en plus longues, de plus en plus intenses). Si la température de l'air augmente, il en est de même avec la température de la surface du sol. Ces vagues de chaleur mettent aussi en lumière l'importance de conserver :
- l'eau (rivières, ruisseaux, étangs, mares)
- des sols profonds
- de la végétation. Et plus particulièrement des arbres pouvant amener beaucoup d'ombrage
Durant l'été 2020, l'association "La nature en ville", le "GNSA Pays de Rennes" (en lien avec l'association Vitré-Tuvalu) a mené une opération de mesure citoyenne de la température de surface des sols à Rennes.
Outillage
Il a été utilisé un simple thermomètre infrarouge. Pour cette expérience, il a été fait un gabarit, afin de réaliser une mesure (perpendiculaire au sol) à une distance de 10 cm, afin de standardiser la mesure. À noter toutefois que chaque matériel a une incertitude de mesure propre (souvent +/- un degré Celsius).
Il est intéressant de contextualiser la mesure de température de surface avec celle de l'air (à l'heure des mesures). Outre la référence Météo France, il est aussi possible d'utiliser les stations citoyennes NetAtmo
Protocole
En préalable, il faut considérer que la mesure d'une température peut-être influencée par divers facteurs, susceptibles de rendre la mesure pertinente / aberrante :
- la saison : une mesure en été aura plus de sens qu'à une autre saison
- l'horaire : une mesure en après midi est à privilégier (considérant que selon la saison, le pic d'émissivité des matériaux peut se décaler, voir plus bas)
- l'ensoleillement : une journée sans nuage est à retenir, pour ne pas biaiser les résultats
- les ombres portées (des bâtiments, arbres, etc.) : un même site, selon l'heure de la saison pourra être plus ou moins couvert d'ombre (des arbres ou bâtiments). Une mesure sur un point le moins touché par les ombres portées, est plus pertinent
- les matériaux : les matériaux ont une émissivité (émettre de l'énergie par rayonnement) différente : l'asphalte, le béton, le granite ont une émissivité plus importante que la bois ou le sable ou encore mieux l'herbe.
- la couleur / albedo : les matériaux de couleurs sombres accumulent et ré-émettent plus de chaleur que les matériaux de couleur clair. Un même goudron (neuf : très sombre ou vieux, plus gris clair) peut donner des résultats différents
- la perméabilité des sols : selon que le sol est perméable ou non à l'eau, on a inévitablement une humidité et donc une température qui varie. Pour mesurer des températures maximales, il est préférable de ne faire des mesures que sur des matériaux imperméables.
Il a été fait de deux façons différentes, à Rennes et Vitré. Les protocoles variant selon l'objectif visé :
SPATIAL : mesure linéaire par transect
- Dimension spatiale : cette mesure est pertinente pour mesurer, sur une rue par exemple, le différentiel de température entre une partie ombragée et une partie ensoleillée.
- Dimension temporelle : l'horaire de mesure importe moins, mais doit être fait de préférence ver le pic de chaleur (de la fin de matinée au milieu d'après midi)
- Nombre de points de mesure : le nombre de points de mesure peut varier selon le linéaire. Il est recommandé, pour plus de lisibilité d'avoir des espacements réguliers (équidistance)
Ce protocole a l'avantage d'être rapide à mettre en oeuvre sur le terrain. Et de bien illustrer l'intérêt de l'ombrage. Mais ne permet pas d'illustrer les écarts sur différents horaires et à l'échelle d'un quartier ou d'une ville.
Comme il a été réalisé à Vitré, ce protocole peut être doubler, sur deux rues / chemins parallèles, afin d'illustrer le différentiel de température sur deux espaces proches géographiquement et qui devraient donc avoir, en théorie, la même température.
INTENSITE : mesure à différents horaires
- Dimension spatiale : cette mesure est pertinente pour inter-comparer différents sites.
- Dimension temporelle : en mesurant la température le matin (vers 9h), le midi (vers 14h) et le soir (19h), il est possible de mieux cerner l'intensité de variation des températures sur un même site. Et de comparer différents sites sur un même quartier, une même ville.
- Nombre de sites de mesure : le nombre de sites de mesure est à définir au préalable. Attention toutefois au temps de trajet entre les sites, surtout s'ils sont nombreux
L'intérêt de ce protocole est de mieux cerner les écarts de température dans le temps et dans l'espace (à l'échelle d'un quartier ou d'une ville). Mais il peut s'avérer chronophage.
Résultats à Rennes (été 2020)
Accéder à la carte en ligne : Carte uMap
Résultats à Vitré (août 2020)
Résultats des mesures de température un jour d'été (en milieu d'après midi) sur Vitré, sur un transect urbain (plus ou moins omrabgé). Accéder à la carte en ligne : Carte uMap Mesure 1 - transect
Le point le plus à l'ouest est à l'ombre d'un haut mur, avec du sol naturel et de grands arbres. Les points sur la place de la gare, rue de la Liberté sont des secteurs minéralisés, avec peu ou pas de végétation
Mesure 2 - double transect
Transect (sud) sur un chemin, non bitumé, sous l'ombrage d'arbres, comparé aux résultats des températures sur une rue bitumée, sans arbres. Les pics de températures sont observés à l'aplomb de murs (pignons de maisons).
Résultats à Rennes (2022)
Une nouvelle campagne de mesures a été effectuée à Rennes au cours de l'été 2022.
Des mesures de surface ont alors été relevées une fois par mois, le long d'une journée sur 3 sites différenciés par leur taux d'imperméabilité : le parc du Thabor (végétalisé), le square de la Motte (mixte) et la place de la mairie (minéral).
Evolution des températures selon la saison et l'heure
On peut voir que l'horaire du pic d'intensité de la chaleur des matériaux au sol varie selon la saison. En mai, le pic est plutôt à 15h, alors qu'il est plus tardif en juillet. La durée et l'intensité du pic semble aussi varier dans la saison. L'intensité du pic est plus élevé (plus de 20 degrés d'écarts avec la T° de l'air) en juillet qu'en mai. Et cette intensité (à plus de 15°C) dure près de 4 heures, contre seulement deux, en mai. Enfin, on voit l'effet des ombres portées (des bâtiments environnants) et l'inertie de la baisse des températures : au dessus de 30% de points à l'ombre (le matin et la fin d'après midi), la température moyenne des matériaux de la place semble être proche de celle de l'air. Ceci est moins vrai en fin d'après midi, où il faut attendre que la place soit complètement à l'ombre pour que les matériaux reviennent à la température de l'air.
Résultats obtenus sur 9 points de mesures par site au cours du mois de mai
La température de l'air était alors de 22°C.
Mesure 1 - effectuée au mois de mai
La différence de température entre la place de la mairie et le parc du Thabor est d'environ 6°C au mois de mai.
Une différence a été mise en évidence selon le type de matériau avec le bitume et la terre nue qui s'échauffement bien plus que la pelouse.
Différence de température de surface selon le revêtement du sol
Résultats obtenus sur 9 points de mesures au Thabor et sur la place de la mairie au cours du mois de juin.
La température de l'air était alors de 36°C.
Mesure 2 - effectuée au mois de juin
La différence de température entre la place de la mairie et le parc du Thabor est d'environ 10°C au mois de juin, du fait que le parc du Thabor présente plus d'ombre apportée par les arbres. Il constitue un îlot de fraicheur essentiel lors de jours caniculaires.
Le différentiel de température entre le mois de mai et le mois de juin est d'environ 25°C quelque soit le lieu de mesure.