Voici les Américains !
1917, dans cette guerre décidément devenue "la Grande" après trois ans de guerre de positions et de combats, véritables boucheries, les combattants des deux côtés s'épuisent. Mais voici qu'arrivent les Américains, et par la Bretagne : d'abord par Saint-Nazaire, avec un passage dans la région de Redon et Pipriac, puis en grande quantité par Brest où vont débarquer 800 000 d'entre eux avec leurs armes et... le jazz.
Rennes ne sera pour la plupart d'entre eux qu'un point de passage sur voie ferrée, les trains se dirigeant vers le nord-est et peu de Rennais seront au contact de ces jeunes hommes du nouveau continent. Aussi, le 18 novembre 1917, le quotidien Ouest-Éclair propose-t-il un portrait du "Poilu américain", donné par un lieutenant F. de Tessan qui, du front, a envoyé au Bulletin des Armées. Celui-ci dessine un charactère quelque peu stéréotypé du Yankee: il est plein d'antrain, le mot "impossible n'existe pas pour lui car rien ne saurait arrêter son ardeur juvénile, il est profondément adaptable , et pratique l'adage national "Take your chance"; ils pratiquent, comme au pays, sur le front la division du travail, chacun donnant le rendement maximum dans le temps le plus court car ils se disent "scientifiques" et sont "convaincus qu'ils rendront des points aux Boches, à mesure que leur entraînement se perfectionnera". Un rayonnant optimisme se dégage de leurs paroles et de leurs actes. "Aux tranchées de première ligne où ils sont maintenant, ils apportent la même bonne humeur, le même calme, la même confiance..." Et l'article se termine en constatant que le "poilu américain" n'est surtout pas poilu !