Le théâtre de Rennes dont l'architecte fut Charles Millardet a été bâti par Pierre Louise à l'emplacement de l'ancienne place aux Arbres qui faisait face à l'hôtel de ville, côté est de la place de la Mairie. Cette place, remblayée avec des décombres de l'incendie de 1720 était plantée de tilleuls. Le théâtre a été renommé "Opéra" dans les années 80 du 20e siècle.

Opéra de Rennes (de Wikimedia Commons)
De nuit, l'Opéra a aussi fière allure (de Wikimedia Commons)

Concernant le projet de théâtre, en séance du 12 mai 1831, le maire Philippe Jouin déclarait : "L'administration à laquelle j'ai succédé (NB : celle de Louis de Lorgeril)[1] crut devoir pour des raisons particulières en différer la création. Rennes qui réunit dans son sein la jeunesse des écoles de droit et de médecine et une garnison nombreuse ne peut être privé plus longtemps d'un établissement de cette nature." Ce choix n'est pas un simple règlement de comptes, il s'insère dans une option plus vaste : faire de Rennes une capitale intellectuelle et relancer le commerce[2].

Il fut inséré dans un ensemble immobilier comprenant des logements et une galerie à fonction marchande à l’arrière, qu'on appelait Galeries Méret comportant en 1904 "de superbes magasins et de beaux cafés."[3]. Son avancée répond au creux de la mairie dessiné par Jacques Gabriel[4].

Sa belle salle à l'italienne n'offre que 642 places, et il est principalement axé sur l’art lyrique. Des concerts de musique classique ou de musique du monde y sont aussi programmés.

Il est inauguré le 29 février 1836, après quatre ans de travaux, par un concert du Cercle musical au bénéfice des Pauvres. "Tout était plein ; les premières loges, les baignoires étaient resplendissantes de femmes richement parées, et le public avait cessé d'être bruyant [...] et plus d'une dévote, attirée là par la curiosité a dû se demander si, en réalité, le théâtre ainsi fait serait une œuvre bien criminelle."[5]. Les deux premiers opéras comiques joués furent La Dame Blanche et Maison à vendre, œuvre du Rennais Alexandre Duval[6] il fut complètement détruit par un incendie le 20 février 1856. En 1910, le maire Jean Janvier, conseillé par Emmanuel Le Ray, décida de supprimer un pesant lustre de bronze alimenté au gaz, danger permanent pour le public, et de surélever de deux mètres le plafond de la salle de spectacle. Le plafond de la salle, où l'on voit une farandole de Bretonnes et Bretons, évocation des danses de la Bretagne et de sa jeunesse, est une œuvre de Jean-Julien Lemordant dont la pose des neuf toiles qui la composent demanda trois semaine de travail. L’œuvre fut inaugurée le 1er juin 1914 par le président Poincaré à Rennes et a été inscrite au titre des monuments historiques le 29 octobre 1975. La statue d'Apollon et neuf statues des Muses, œuvres de François Lanno[7], couronnent sa façade. La façade et ses toitures donnant sur la place de la mairie, furent classées au titre des monuments historiques le 13 décembre 1961. L'opéra a été restauré en 1997-1998.

Statue d'Apollon en couronne de l'Opéra (de Wikimedia Commons)
Loge à l'Opéra (par Vigneron, de Wikmedia Commons)
Le plafond du théâtre de Rennes, maintenant Opéra

[8]

Références

  1. rue de Lorgeril
  2. La bourgeoisie et le pouvoir culturel à Rennes au XIXe siècle, par Marie-Claire Mussat. Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne. Tome LXVIII - 1991
  3. Rennes et ses environs, guide illustré, Adolphe Orain. éd. Bahon-Rault - 1904]]
  4. Rennes d'histoire et de souvenirs quatrain 25
  5. Auxiliaire Breton du 2 mars 1836
  6. rue Alexandre Duval
  7. rue François Lanno
  8. MM. les Occupants se distraient