Parc du Thabor

vue du parc du Thabor au printemps 2012
Les serres du Thabor dans les années 30 du 20e siècle[1]
Le kiosque Thabor au printemps 2012
Une esquisse de Buhler en 1867 : de la roseraie, à gauche, à l'Enfer, à droite

D'abord jardin des moines

C'était au 18e siècle un jardin de moines qui portait déjà ce nom en 1610 alors qu'il n'était qu'un simple verger, avec une profonde excavation dénommé " enfer".[2] Le parc du Thabor ou Thabor, situé à proximité du centre ville, dans le quartier Thabor, est un parc public aménagé sur plus de dix hectares dont la particularité est de mêler un jardin à la française, un jardin à l’anglaise et un important jardin botanique. Son nom fait référence à une montagne calcaire d’Israël dominant au sud-ouest le lac de Tibériade, le mont Thabor  .


Le développement et l’agrandissement du parc du Thabor se sont fait par vagues successives. D’abord simple promenade publique, puis muni d'un jardin botanique, le parc est aménagé entre 1866 et 1868 par Denis Bühler qui mit en place le boulingrin, l’enfer, les jardins à la française et les jardins à l’anglaise. Au début du 20e siècle, la partie sud du parc, appelée « les Catherinettes », est aménagée en extension du jardin anglais et donne sur la rue de Paris avec aménagement de rochers artificiels et cascade et descente jusqu'à la rue par le transfert des escaliers monumentaux du contour de la Motte. Un kiosque à musique est mis en service en mai 1880.

 
Au tout début du 20e siècle, elle contemple l'eau cascadant vers la rue de Paris sur les rochers artificiels des frères Bühler - photo E. Maignen
 
Au début du 20e siècle : l'eau coulait...
 
Le plan du parc

Anecdotes

Le 29 mai 1943, anecdote sinistre, vers 16 heures, 25 personnes sont tuées dans une tranchée aménagée dans "le Carré Duguesclin", touchée par les forteresses volantes américaines et d'autres sont tuées dans une tranchée près de l'extrémité est des serres et des bassins, le 17 juillet 1944.

À cette époque on peut voir des soldats allemands convalescents, torses nus sur le toit-terrasse du lycée de jeunes filles transformé en hôpital.

En 1944, c'est au carré Du Guesclin, près de la statue du connétable, que sous le pseudonyme de Le Vigan, Pierre Herbart  , depuis peu arrivé à Rennes, rencontre incognito pour la deuxième fois le responsable de la résistance chargé de l'assister dans sa mission de chef de maquis pour la Bretagne. D'emblée, Le Vigan lui montre une carte et lui fait part de sa conviction concernant le lieu du débarquement et logiquement de la priorité de la libération de Rennes, après le port de Cherbourg, mais avant Paris. Le même témoin fait état de sa nomination comme vice-président du comité de libération de Rennes et de sa préoccupation personnelle d'éviter les exactions et autres règlements de compte une fois la ville libérée, outre sa mission officielle qui était de "coiffer sur le poteau" tant les Américains que les résistants communistes dans l'installation des autorités locales. Par la suite, il sera convié à la préfecture par le Général de Gaulle pour être remercié de ses bons offices [3].

 
Le réglement intéieur en 1867, arrêté du maire Robinot de Saint-Cyr

Le Thabor vu par Lucien Decombe, en 1883[4]

« Nous franchissons la grille et nous nous trouvons dans la promenade du Thabor. C’était, avant la Révolution, le jardin particulier des moines Bénédictins établis dans les bâtiments de l’abbaye de Saint-Melaine, occupés aujourd’hui par l’Hospice des vieillards. L’entrée de la promenade existait autrefois tout à fait au nord, dans l’ancienne ruelle de la Palestine ; de cette difficulté d’accès il était résulté de la part des promeneurs un complet abandon du Thabor, et grâce à ce délaissement, les antiques bosquets des Bénédictins virent plus d’une fois les duellistes y venir vider leurs querelles l’épée à la main.

La belle et vaste pelouse rectangulaire, encadrée de grands arbres, qui se présente à nous porte le nom de Carré Du Guesclin ; au milieu se dresse, sur un piédestal de granit, la statue du grand connétable, inaugurée en 1825.

Un peu plus loin, au pied d’une terrasse en fer à cheval, s’élève depuis 1835 la gracieuse Colonne de Juillet, œuvre du statuaire breton Barré, surmontée d’une petite statue de la Liberté ; ce modeste monument consacre le souvenir de deux enfants de la cité, Vanneau et Papu, tués en 1830 à Paris, pendant les journées de Juillet. Une double rampe conduit du Carré Du Guesclin aux allées supérieures du Thabor, plantées de beaux arbres et entourant l’Enfer, vaste et profond bassin tapissé de gazon, et recouvert d’un dôme de verdure impénétrable aux rayons du soleil.

Un des plus grands agréments du Thabor et du Jardin des Plantes, est la diversité des aspects : les terrasses, les pelouses, les allées ombreuses, les bassins de verdure s’y succèdent et s’y entremêlent avec un art et une variété qui donnent un charme infini à cette délicieuse promenade dont la réputation est d’ailleurs justement méritée, et que nous envient les plus grandes villes de France. »

Lucien Decombe
Origine : Notices sur les Rues, Ruelles, Boulevards, Quais, Ponts, Places & Promenades de la ville de Rennes • 1883licence


Images du Thabor



Haïku rennais

« Riaient au Thabor

les yeux bleus d'Eléonore,

je les vois encore. »

Stephanus • 21 mars 2011licence


Notes et références

  1. Guide itinéraire de Rennes et ses environs; éd J. Larcher - 1939
  2. Le vieux Rennes, par Paul Banéat
  3. Emission de France-Culture du 24 mai 2000, rediffusée le 11 septembre 2010.
  4. Notices sur les rues de Rennes, 1883, Lucien Decombe




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