Le Bezen Perrot à Rennes
En 1944, la Bezen Perrot, du nom du recteur de Scrignac, qui venait d'être abattu par un résistant de l'organisation spéciale (O.S.) du parti communiste,( Bezen Kadoudal avant décembre 1943), avait pour mission de garder l'immeuble de la Gestapo à Rennes (cité des étudiantes, avenue Jules Ferry, où ses membres prennaient leurs repas) et ses prisonniers, mais aussi de torturer ou d'exécuter sommairement les résistants, d’établir des souricières. Installée à Rennes avec des bureaux 29 quai d’Ille-et-Rance et des cantonnements 19 Rue Lesage et 19 boulevard de Sévigné, elle avait participé depuis le début de l'année à des actions contre les maquis et les résistants de Bretagne.
Ses volontaires, de 60 à 80 Bretons au maximum, encadrés par Ange Péresse et Léon Jasson, n'étaient pas des miliciens. Ils avaient signé un engagement et portaient en opération l’uniforme des Waffen-SS. Pour les forces d’occupation, ils étaient la Bretonische Waffenverband der S.S. L'unité dépendait du Hauptscharfuhrer Hans Grimm (dit Lecomte, Alsacien), du Sicherheitsdienst(S.D.)de Rennes, personnage puissant, en poste fixe à Rennes à partir de 1942, s'occupant de la répression anti-terroriste, en sus des questions d'espionnage et des relations avec la jeunesse et la presse. L'Obersturmbannfuhrer Hartmut Pulmer, chef su Sipo/SD, avait la responsabilité directe des unités qui combattaient les maquis de Bretagne. Les soldats de la Bezen étaient sous les ordres de l'indépendantiste Célestin Lainé (SS-Untersturmführer) et du SS-Untersturmführer Wild (Alsacien, 2e commandant de l’unité. On y trouvait aussi les Obercharführer Goulven Jacq "Maout" et Alan Heusaff.
Dès juin 1944, certains s'étaient enfuis en Allemagne , tel Fred Moyse qui se fit naturaliser allemand. Mais le Ier août, les troupes américaines sont aux portes de Rennes. Célestin Lainé envoie ses lieutenants Ange Péresse et Léon Jasson à la recherche des « gours » de la Bezen afin que ceux-ci rejoignent la rue Lesage, centre de rassemblement. Il se rend avenue Jules Ferry, au siège de la Gestapo, pour mettre au point avec Pulmer les modalités du repli et organiser les convois et les itinéraires. Le soir, un premier contingent de trente membres de la Bezen, mêlé à un groupe d'employés de la Gestapo, prend la route. Le 2 août, le reste suit avec des collaborationnistes notoires, tels l'imprimeur de « l'Heure bretonne », Marcel Guieysse, Roparz Hemon, fondateur de l'Institut celtique, Jos Youenou, beau-frère de François Debeauvais. À l’étape de Paris, les désertions se multiplient : certains (comme celui qu’on surnomme "Tintin la Mitraille") rejoignent les FTP, d’autres les FFI (Le Bihan...) et quelques uns enfilent discrètement des vêtements civils ...
Célestin Lainé et les reliquats de la Bezen Perrot gagnèrent l'Allemagne. Ils eurent le choix entre travailler dans des usines allemandes, ou suivre un cours de radio-opérateur au titre de l'Abwehr. La plupart furent arrêtés en tentant de rentrer en France. Sur l'ensemble des Waffen-SS de la "Bezen Perrot", trois moururent au combat, un fut exécuté par la Résistance, un mourut durant un interrogatoire effectué par la Résistance et un qui avait "retourné sa veste" fut exécuté par les Allemands. Célestin Lainé se réfugia en Irlande.