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Michel Ange Mangourit

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Michel Ange Mangourit

Diplomate et ministre français

(21 août 1752, Rennes - 17 février 1829, Paris)

Étrange personnage que ce Rennais qui a bourlingué avec différentes missions, aux États-Unis d'Amérique et en Europe, révolutionnaire, mais royaliste mais antiultra.

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Révolutionnaire... royaliste

Il est le fils de Bernard de Mangourit du Champ Daguet et de Marguerite-Angélique Cairgnon de La Touche. Il est nommé lieutenant au bataillon garde-côte de Pontorson de 1770 à 1777. Il est franc-maçon. [1] Puis, il acquiert l'office de lieutenant criminel au présidial de Rennes. Il se marie le 25 août 1777 avec Louise Bidard de La Morinais.

Mangourit lance son journal

En 1787, il publie diverses brochures jugées séditieuses par le parlement de Bretagne. Contrairement à ceux de Grenoble, les nobles bretons refusent obstinément tout aménagement de l’ancien droit. Par sa feuille le Hérault de la Nation, publiée de Paris et dont il est l'unique rédacteur, il informe au jour le jour de la crise des États de Bretagne et de la montée des tensions à Rennes qui culminera dans la « Journée des bricoles » au cours des mois de janvier et de février 1789 et plus généralement du débat suscité par la convocation des États Généraux : quelle sera la représentation du Tiers État face à celle des deux ordres privilégiés[2]. Il écrira que son journal "sera utile à l’historien de la Révolution française, qui en recherchera les premiers mouvements dans le duché de Bretagne, ses ordres et leurs intérêts divers qui, depuis 1787, n’ont pas changé. Point d’ordres privilégiés. – Plus de parlements. – La Nation et le Roi." En 1788-1789, il en publie d'autres pour défendre la réforme du garde des Sceaux Lamoignon (confier le droit d'enregistrement à une cour plénière, créer 47 tribunaux dits de grands bailliages et abolir la torture). Mais, le 14 juillet, il est parmi les insurgés lors de la prise de la Bastille car il délaisse la cause du roi qui fuira à Varennes. Le 28 juin 1791, il prononce un discours à l'Assemblée nationale, au nom de la section parisienne des Gravilliers soutenant leurs pétitions[3].

Aux États-Unis d'Amérique

En remerciement de ses services le voici consul de France à Charleston en Caroline du Sud, l'un des treize états fédérés, le 2 mars 1792 mais il doit rentrer en France le 23 août 1794, muni d’une lettre élogieuse signée du gouverneur Moultrie, d’une adresse de la municipalité de Charleston, de deux autres des sections XIII et IX de la ville, ainsi que d’une troisième émanant de la Société républicaine locale. Pendant son séjour aux États-Unis il avait projeté de soulever la Louisiane et la Floride pour qu'elles reviennent vers la France et avait armé douze navires corsaires contre les Anglais mais son zèle était devenu gênant pour les autorités de Philadelphie alors en phase de rapprochement avec l’Angleterre. Le voici nommé commissaire des relations extérieures (ministre des Affaires étrangères) du 3 au 21 novembre 1794 dans le gouvernement de la Convention mais il écrit au Comité de salut public qu'il ne peut accepter le poste, ne s'estimant pas à la hauteur. Son refus pourrait résulter d'une méchante accusation portée par Mallet du Pan, un polémiste suisse contre-révolutionnaire, dans le Journal de Perlet : Mangourit aurait violé une jeune fille qu’il était chargé d’interroger au temps où il était juge criminel au présidial de Rennes, et n'aurait échappé à la pendaison que par une fuite rapide. Le Comité le charge alors d'un travail sur la situation de la France vis-à-vis du Royaume des Deux-Siciles et de l'Espagne. En novembre 1795, il est nommé premier secrétaire de légation en Espagne mais, dénigrant l'ambassadeur, il est rappelé. Le 26 juillet 1796, il est nommé chargé d'affaires aux États-Unis mais ne s'y rendra pas car il y a un froid dans les relations franco-américaines et, par lettre du 4 août 1796, l'ambassadeur américain en France, James Monroe s'y est opposé; de plus, dans le numéro 363 du Journal de Perlet, en date du 19 brumaire an V (9 novembre 1796), il est dénoncé comme prévaricateur par un habitant de Rennes qui l’accuse d’avoir, avec la complicité de son greffier, fabriqué au temps de sa lieutenance criminelle de fausses pièces de procédure qu’il se serait ensuite fait payer par le Trésor public.

Agent en missions multiples

En novembre 1797, le voici chargé d'affaires près la république du Valais, où il propage l'anticléricalisme. Dès janvier 1798 il pousse la révolution libérale en Valais. Le moment est arrivé d’utiliser le zèle des 400 Valaisans qui ont offert leurs services pour combattre les satellites de l’oligarchie bernoise. Il ne faut pas que ces braves citoyens puissent nous reprocher un jour de ne pas les avoir crus dignes de la liberté. Admettons-les à l’honneur de partager notre gloire en les associant à nos travaux… Après cet appel du général Chastel au résident français en Valais, Mangourit, le comité général de Saint-Maurice décrète la levée d’un contingent de 400 hommes pour secourir le Pays de Vaud.[4] Avec la permission de Talleyrand, devenu ministre des Affaires extérieures, il accepte de la part des communes du Valais occidental « deux flambeaux, une cuillère et une cafetière. Le seul prix de ces cadeaux du cœur est l’inscription gravée sur ces pièces : À Mangourit, résident de la République française, le Valais libre et reconnaissant".

Mangourit reçoit une médaille en récompense de ses actions au profit de la Révolution. En février 1798 Mangourit se retrouve ensuite enfermé dans Ancône avec le général Jean-Charles Monnier lors du siège qui tourna au drame pour l'armée française : il est l'un des commissaires qui signent la reddition après 500 jours. Il est envoyé à Ancône comme commissaire des relations extérieures à Ancône au début de 1799, après avoir été en route détroussé et pillé de toutes ses affaires à Viterbe, à une soixantaine de kilomètres au nord de Rome, où il est de plus retenu prisonnier 27 jours par la population soulevée contre le nouveau régime. Puis il devient membre de l’Agence générale du commerce au Levant, en fait membre de l'« agence pour l'armée d'Égypte, l'Archipel, la Morée », officine chargée d'appeler les Grecs à l'insurrection.

Après avoir siégé à la commission des Émigrés, il a le tort, sous l'Empire, de refuser le poste de vice-consul à Savannah et a aussi trop dénoncé le comportement de chefs militaires maintenant aux plus hauts postes. Sa carrière diplomatique est terminée. Il relate des déplacements à Hanovre en 1803 et 1804[5]. En 1804 il est secrétaire de la naissante académie celtique qui devient la Société nationale des antiquaires de France. En 1814, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur. Il meurt à 77 ans.


Références

  1. RENNES : Les Francs-maçons du Grand Orient de France | Daniel Kerjan Chapitre 4. L’itinéraire insolite d’un initié : Michel Ange Bernard Mangourit du Champ Daguet (1752-1829)
  2. Journée des Bricoles
  3. Aux origines idéologiques de la Révolution. Journaux et pamphlets à Rennes (1788-1789. Mangourit et Le Héraut de la Nation. Roger Dupuy. PUR - 2001
  4. Nottes relatives à la Révolution de Berne pour M. Mallet Du Pan. Erlach, Gabriel-Albert von. Revue historique vaudoise
  5. https://archive.org/details/travelsinhanove00manggoog