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Trublet ou Trublé

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L'Ille traverse Montreuil-sur-Ille, Betton, et Rennes. Entre Montreuil et Rennes, la rivière est parallèle au canal. Quelques moulins, dont le moulin de Trublet, près de Rennes, y avaient été implantés. L'abbaye de Saint-Melaine possédait le droit de pêche du pont Saint-Martin jusqu'au moulin de Trublé[1].

En 1892, les Rennais pêchaient à Trublé dans un cadre bucolique - photo E. Maignen

Les matrices de 1824 indiquent la présence de deux moulins à blé appartenant à Pierre-François Leroux, tanneur qui possède également deux moulins à Saint-Martin.

Le 17 mai 1766 dame Pélagie LE CAS vend à François-Sébastien Gazon de-la-Maisonneuve (1661-1787, fils de Sébastien Gazon, et comme son père marchand de soie et de draps près de la rue Royale à Rennes), les deux moulins Saint-Martin dont le moulin à seigle ne tourne plus . Le 22 septembre 1770, François-Sébastien Gazon de-la-Maisonneuve devient Général Provincial des Monnaies au département de Rennes . En 1787, Julien-Marie Gazon-des-Rivières (1748-1er mai 1794), le plus jeune fils de François-Sébastien Gazon-de-Maisonneuve, avocat au Parlement, hérite seul de la charge de conseiller-général-provincial des Monnaies au département de Rennes et également des 2 Moulins Saint-Martin . Le 29 décembre 1790, après avoir été un parfait royaliste, il présente une soumission d’achat du Moulin de Trublet devenus alors « bien national » . Il s’est, bien évidemment, reconverti et est maintenant colonel de la Garde Nationale en 1792 et, le 23 septembre 1793, il sera même nommé chef de légion de la même garde. Le 19 février 1791, soumis aux enchères comme bien national, Le Moulin de Trublet et les prairies de Saint-Martin sont emportés, par Louis Bonnal fils, pour la coquette somme de cinq mille six cent livres (pour le moulin) et trente-quatre mille neuf cent livres (pour les prairies) . Louis Bonnal fils deviendra président de l’administration municipale de l’an VI à Rennes . Les matrices du cadastre de 1844 indiquent que les moulins de Trublet appartiennent à Édouard Leroux, tanneur. Sur la propriété sont construits un moulin à eau (J 262) et un second moulin à eau avec une maison. [2]

Peu de monde s'en souvient, mais la tannerie constituait à la charnière des XIXe et XXe siècles une des principales industries de Rennes : 150 000 gros cuirs étaient ainsi produits en 1909. Seuls quelques éléments, dont le séchoir de la tannerie Saint-Martin – restauré celui-là – rappellent cette page importante de l'histoire de la ville et de trois des cinq pays hauts-bretons : Rennes, Dol, Saint-Malo où des centaines de tanneries existaient.

Au même endroit,avec la tannerie avant, et après mais avec le même arbre.(photo Johann Derenne)

Le propriétaire déclare la construction d'une tannerie et moteur et d'un logement de concierge en 1899, puis d'un bureau, en 1900. Selon la liste des établissements insalubres, Laurent Zwingelstein est propriétaire de la tannerie en 1896, il déclare la construction d'une tannerie et d'un atelier, en 1899. En 1899 a lieu la démolition des deux moulins et de la maison mais également d'une machine à vapeur et d'un bâtiment (J 265), vraisemblablement construits dans la deuxième moitié du 19e siècle. On verra alors édifier, dans les prairies Saint-Martin, le long du canal, au nord du centre-ville cette tannerie, avec haute cheminée, dite "Manufacture de cuirs lissés"[3].

Les bâtiments des anciennes Tanneries de France, rasés en juin 2016. (photo Breizh-info.com, 2015)

Le 15 septembre 1938, l'usine "Le Cuir lissé français", 5 rue du Moulin Saint-Martin, est vendue à la Société des Tanneries de France, dont le siège social est à Strasbourg. Celle-ci employa jusqu'à 300 ouvriers[4]. En 1948, la tannerie cesse son activité. En 1958, le nouveau propriétaire installe des chambres froides pour poids lourds, puis les bâtiments sont loués à des entreprises. Les bâtiments accueillirent ensuite toutes sortes d'activités : plombiers, carreleurs, électriciens, société de location de matériel, l'atelier Jobbé-Duval de restauration de meubles, de tableaux, un sellier, le carrossier Le Prince. Le bâtiment principal de 4 niveaux, construit en 1919 après un incendie, resta ensuite à l'abandon, fut squatté et tagué. En août 2015, les anciennes tanneries ont presque entièrement brûlé et il n'en restait que les énormes structures de béton et des gravats.

En avril et mai 2016, il a été fait table rase de cette structure, témoin d'un patrimoine industriel rennais florissant[5].




Références

  1. Le Vieux Rennes, par Paul Banéat. Larcher éd - 1911
  2. Annik Pelhâte-Peron, Des Moulins du Pays de Rennes. Université du Temps Libre du Pays de Rennes. UTLA de Bretagne – Vol.6 – oct. 1999 (pp. 83 à 108)
  3. Inventaire topographique de Rennes, par Gasnier Marina et Barbedor Isabelle - 2001
  4. Les prisonniers de guerre allemands dans la région rennaise
  5. Voir sur YouTube : ancienne tannerie de Rennes (1 minute 53 de vues poétiques sur les locaux abandonnés)