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D'étranges "colons" internés au camp Margueritte
D’étranges « colons » allemands venus d’Alsace internés à Rennes
Des familles allemandes avec enfants, internées depuis novembre 1944 au camp de Schirmeck en Alsace furent amenées à Rennes, le lundi 22 janvier 1945, au camp Margueritte pour les internés administratifs. Ces familles allemandes avaient été installées par le régime national socialiste dans des propriétés alsaciennes pour coloniser cette région rattachée au Reich. Ils étaient 719, ces « colons » allemands, en majorité des femmes et des enfants. Le journal relatant cette arrivée, estime que « peut-être ce séjour et l’annonce prochaine de la défaite allemande feront comprendre à ces nationaux socialistes le drame de l’ambitieuse politique hitlérienne, relief du bellicisme germanique, dont souffre aujourd’hui le monde en guerre mais dont nous délivrera à jamais la victoire en marche ».[1]
En mars, une cinquantaine d’enfants sont hospitalisés. Le 9 mars 1945, les Allemandes de la baraque 9 signent une pétition ; ne s’estimant pas responsables du sort actuel de la France, elles demandent la possibilité de sortir du camp comme d’autres détenues, une amélioration de l’ordinaire pour leurs enfants et l’assistance de la Croix-Rouge pour obtenir huile de foie de morue, savons, réparations des chaussures.
Un an après leur arrivée, le 31 janvier 1946, ils sont en gare de Rennes pour rentrer, via Pithiviers, femmes et enfants en tête, suivis d’hommes en civil et d’autres en uniformes de l’organisation Todt. Et le journaliste de remarquer : « Bien des témoins ont même pu s’étonner un peu de constater leur bonne mine, de les voir chaudement vêtus, gantés de laine, chargés de lourds bagages, sacs tyroliens etc. Beaucoup poussaient leur progéniture dans des voitures d’enfants. Quant à leurs compagnons, ils restaient militairement et impeccablement alignés. Ils ont cela dans le sang ! » [2]