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Asile de Saint-Méen

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L'hospice de Saint-Méen construit par Guillaume Regnier[1] Au Ier plan se trouve l'actuelle avenue Général Leclerc
Plan de l'asile de Saint-Méen en 1919
L'hospice de Saint-Méen, avant 1939. L'établissement ne s'est pas encore étendu vers le sud. (Archives de Rennes 255FI96)

Le 4 septembre 1627, Guillaume Régnier, fils d'un conseiller au Parlement de Bretagne, acquit au lieu dit (Le Tertre de Joué) à Rennes, divers bâtiments relevant de l'abbaye de Saint-Georges de Rennes (fondée en l'an 1000). Le pèlerinage à la fontaine du grand Saint-Méen, entre Gaêl et Montfort (à 10 lieues de Rennes) attirait beaucoup de fidèles atteints surtout aux mains de « maladies de peau lépreuses, purulentes et dartreuses », qui devaient s'y rendre à pied en demandant l'aumône ; certains passaient par Rennes et l'hôpital Saint-Yves ne suffisait plus à les abriter. Pour leur venir en aide, Guillaume Régnier, conseiller au Parlement, fonda en 1627 une chapellenie au Tertre de Joué dont son fils Guillaume devint le premier aumônier. En principe, les pèlerins n'y pouvaient séjourner qu'une nuit ou deux ; cette formule, qui reprenait l'idée de l'hôtellerie du Moyen Âge, était périmée. Bien des voyageurs étaient trop faibles pour repartir rapidement, leur séjour se prolongeait et certains même y mouraient, ainsi l'hôpital Saint-Méen devint un hôpital. Il s'agrandit de plusieurs fermes aux alentours, et une chapelle fut construite en 1652.


Au 18e siècle furent édifiées trois modestes constructions, les seules pour le siècle dans tous les hospices de Rennes : un petit corps de logis aux incurables en 1745, un pavillon pour les prêtres retraités en 1767, dû à la générosité du comte de la Bourdonnaye de Montluc, et un bâtiment offert par Pierre Fournier et Mme La Bourdonne, dont Louis XVI fit un établissement à part : l'Hôpital des Enfants Trouvés. En 1786, le roi et les Etats de Bretagne durent consentir aux hospices des subventions supplé mentaires, car ils ne parvenaient plus à prendre soin des 645 enfants à leur charge, logés à Saint-Yves ou à l'Hôpital Général, ou en nourrice, ou en apprentissage à la campagne. L'hospice Saint-Méen connut des utilisations diverses. Des aliénés y furent admis pour la première fois en 1725. Les Sœurs de Saint-Thomas de Villeneuve y firent leur entrée dix ans plus tard. Des dérangés d'esprit y étant admis pour les isoler, quelques nobles redoutant l'arrestation lors des démêlés entre le Parlement et le Roi, vinrent y chercher une pension discrète ; puis les autorités de justice y internèrent par lettre de cachet des nobles remuants qui se trouvaient ici mieux que dans une prison mais comme une garde était nécessaire, l'hospice devint caserne... [2].

La façade de l'hôpital Guillaume Régnier en 2012

L'hospice devint donc prison politique, vers le milieu du 18 e siècle [3].

En 1849 le docteur hygièniste rennais Adolphe Toulmouche, [4] observe : " A l'hospice Saint-Méen, qui renferme 285 lits, qui offre un mouvement annuel d'environ 450 à 500 malades, outre sa population fixe, la mortalité est de 0,50 en moyenne. Les teigneux et les galeux y figurent pour la forte partie. Quant aux aliénés, leur nombre est de 228 ou plus ou moins variable. Le local est vaste, bien aéré, hors de la ville ou à l'extrémité d'un faubourg, sur l'un des points les plus élevés."

Le 1er janvier 1852 Saint-Méen est acquis par le département et prend le nom officiel « d'asile départemental des aliénés d'Ille-et-Vilaine ». À cette époque, l'asile se composait d'un ramassis de vieilles constructions, très mal disposées.

Les plans de restauration de l'Asile de Saint-Méen vont se succéder en 1878 puis en 1887. Dans la deuxième moitié du siècle, les conceptions architecturales des hôpitaux iront vers une grande superficie d'occupation au sol, possibilité d'accueillir « 1200 à 2000 lits ». L'asile de Saint-Méen vit en autarcie avec ses services généraux qui lui donnent une autonomie notable de fonctionnement, l'hôpital de cette deuxième moitié du 19 e siècle est aussi qualifié de cité jardin, microcosme fermé, à l'image d'une société urbaine en réduction où la chapelle jouerait le rôle de l'église, la cuisine et la ferme celui du marché, l'administration celui de l'Hôtel de Ville, l'hébergement celui de l'habitat et comprenant des places, parcs, etc. Le bâtiment fut en grande partie incendié en 1903.

Entre 1920 et 1926, c'est le terrain de la Motte au Duc qui sera choisi comme assise de deux pavillons pour recevoir les épileptiques, les idiots, etc.

En 1937, un programme de rénovation est établi, pour parer aux urgences ; malheureusement la construction des cinq pavillons commencée avant le début de la guerre n'est pas achevée et ne le sera que fin 1944. Entre temps des pavillons de l'Hôpital seront utilisés pour des centres de formation sportive des Allemands, des miliciens[5]. Sans doute faut-il voir là, ainsi que la proximité de la gare de triage, les raisons qui expliquent que l'Hôpital ait été une cible des bombardements du 17 juillet et du 1er août 1944... Ils occasionnent de nombreux morts parmi les malades et le personnel, et détruisent des bâtiments importants[6].

Le bombardement du 17 juillet 1944 par l'US Air Force causa dégâts et victimes. Au sortir de la guerre, une partie des bâtiments neufs construits à proximité du boulevard de Strasbourg fut réquisitionnée pour servir de relogement aux Rennais sinistrés. Cet état de fait dura 10 ans jusqu'en 1956. Le 16 juin 1996, l'hôpital St-Méen devient le centre hospitalier Guillaume Regnier [7].

Faits divers

Le 14 février 1827, la Cour d'assises d'Ille-et-Vilaine condamne Pierre Texier, 31 ans, natif de Cesson, infirmier de l'asile, à six années de réclusion pour le vol de divers objets dans l'établissement[8].

Notes et références

  1. Le Vieux Rennes, par P. Banéat
  2. Histoire des hôpitaux de Rennes, professeur J-C. Sournia. BIU Santé - 1969
  3. Le Vieux Rennes, par P. Banéat.
  4. rue Toulmouche
  5. La Milice à Rennes
  6. De l'aumonerie de Saint-Méen au centre hospitalier Guillaume-Régnier, 1627-1997, Regards sur un établissement
  7. Article dans Jeanne d'Arc, mémoire d'un quartier, par Claude Rouleau.
  8. La peine est très lourde parce qu'en tant qu'employé son larcin est assimilé à un vol domestique, donc relevant des assises et non, comme un vol simple, du tribunal correctionnel, où sa peine aurait été de quelques mois d'emprisonnement. Source : Registre des arrêts de la Cour d'assises d'Ille-et-Vilaine, 1826-1827, cote 2U 298 des Archives départementales.


Galerie cartes postales

L'Hospice Saint-Méen. Laloy, architecte. Carte postale Neurdein 148. Coll. YRG
Les Porcheries. E. Mary-Rousselière. Coll. particulière






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