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Square Séverine
Le square Séverine est situé près du canal Saint-Martin. Cet espace a été dénommé par délibération du conseil municipal du 8 juillet 1999, son intitulé à été modifié par délibération du conseil municipal du 7 octobre 2002.
Séverine
Journaliste et femme de lettre[1]
(27 avril 1855, Paris - 23 avril 1929, Pierrefonds, Orne)
Caroline Rémy naît dans une famille de petit-bourgeois conformistes. Son père est fonctionnaire à la Préfecture de Paris elle a une éducation austère, privée de caresses, de cadeaux et de rires.
"Line" ne va pas à l'école, elle apprend à lire seule, dans le quotidien "Le Siècle" et dans les romans de la Comtesse de Ségur. Son père lui apprend le latin, le grec, le piano. Sa mère l'emmène au théâtre ; elle a le coup de foudre, veut devenir actrice, mais ce choix est aussitôt condamné. En 1870, lors du siège de Paris, elle est choquée par ce qu'elle voit. Envoyée en pension dans un établissement religieux, elle y tombe gravement malade et en est aussitôt retirée.
À 17 ans, entre institutrice ou femme mariée, elle choisit la deuxième solution. Elle se marie à Henri Montrobert, employé du gaz parisien, d'origine lyonnaise. Sa nuit de noces est un véritable viol. Pratiquement dès le lendemain, elle quitte le domicile conjugal et retourne chez ses parents. Neuf mois plus tard naîtra son fils, Louis, qui sera confié au père, qui le mettra en nourrice. En 1873, à 18 ans, elle divorce et va être émancipée.
Elle cherche alors du travail, devient temporairement actrice dans un théâtre sous le nom d'Evans Montrobert, prend des leçons de pianos, écrit des ouvrages de couture et de broderie.
En 1878, à 23 ans, elle est lectrice chez une riche veuve. Cette femme a un fils, Adrien Guebhardt, qui prépare une agrégation de physique. Il tombe amoureux de Line, qui très vite va être enceinte. Mme Guebhardt emmène le couple s'installer à Bruxelles où un enfant nommé Roland va naître. D'abord placé en nourrice, il sera ensuite pris en charge par sa grand-mère.
En 1879, à Bruxelles, chez un ami commun elle rencontre l'écrivain Jules Vallès, communiste condamné à mort après la Commune de Paris qui est alors en exil. Amnistié en 1880, Jules Vallès, revient en France et demande à "Line" de devenir sa secrétaire. En échange, il lui apprend le métier de journaliste. Sa famille s'y oppose, Séverine tente de se suicider. Elle va devenir la secrétaire de son journal "Le cri du peuple", dont Adrien Guebhardt devient le principal financier. À la mort de Vallès en 1885, elle en assure même la direction pendant quelques temps.
C'est sous son pseudonyme "Séverine" que certains surnomment "la Belle Camarade", qu'elle entame une carrière de journaliste à "L'Eclair", "L'Echo de Paris", "Le Journal". Sincère, républicaine, socialiste et généreuse, intelligente, vive, cultivée et audacieuse, elle n'a pas peur de diriger une entreprise et suscite le respect.
Le 2 décembre 1885, Séverine épouse Adrien Guebhardt, mais va vivre avec Georges de Labruyère jusqu'à sa mort en 1920, avant de revenir vivre avec son mari jusqu'à la fin des ses jours. Situation qui choque les rédacteurs du "Cri du peuple", qui se désolidarisent de leur direction. En 1887, crise politique au journal du Cri, Séverine est accusée de soutenir les anarchistes et un an plus tard elle démissionne.
Séverine fait la connaissance de Marguerite Durant, l'épouse d'un député boulangiste. Une femme qui va permettre au féminisme de faire une formidable avancée avec la création du quotidien La Fronde, dans lequel Séverine va écrire. Le seul homme de l'établissement est le gardien de nuit. Séverine va un certain temps résister au féminisme. Comme beaucoup de femmes à cette époque, elles s'imaginent qu'en s'engageant dans le féministe, elles vont perdre leur féminité. Séverine va également collaborer à des journaux comme Le Gaulois sous le pseudonyme "Renée" et à Gil Blas, sous le pseudonyme "Jacqueline". Elle écrit également dans un journal antisémite mais va se rattraper dans La Fronde lors de l'affaire Dreyfus.
En 1898, elle contribue à la fondation de La Ligue des Droits de l'Homme. Le 5 août 1899, Séverine vient à Rennes, pour couvrir le procès d'Alfred Dreyfus pour le quotidien féministe.
À l'Auberge des Trois Marches, devenue le restaurant Lecoq Gadby, elle rencontre les professeurs rennais Basch, le fondateur de la section rennaise de la Ligue des Droits de l'Homme, qui en deviendra le président national, Blondel, aux côtés de Jaurès, Julien Benda, Armand Dayot.
Après les audiences, Séverine donne des conférences sur le procès, milite pour le travail des femmes, l'avortement. Au cours de ces réunions, elle rencontre Louise Bodin "La Bolchévique aux bijoux".
Dans son ouvrage "Vers la lumière", publié en 1900, elle réaffirme son engagement en faveur de la justice et de la vérité, à propos du procès Dreyfus.
En 1914, elle s'engage dans la campagne pour le suffrage féminin, mais la guerre va empêcher le développement de cette idée. Durant la guerre le combat féministe ne va pas s'arrêter, elles vont se battre pour ces femmes qui sont embauchées dans les usines d'obus et qui sont sous-payées et sous-exploitées.
En 1927, à 72 ans, elle pose sa candidature aux élections municipales, au sein du parti républicain-socialiste. Cette même année, elle prend la défense des anarchistes Sacco et Venzetti faussement accusés aux Etats-Unis et qui furent exécutés dans la nuit du 22 au 23 août.
Séverine décède à l'âge de 74 ans, dans sa propriété, appelée la villa "Les Trois Marches", tout comme l'auberge où se réunissaient les Dreyfusards lors du second procès du capitaine Alfred Dreyfus à Rennes.
Sur la carte
Lien externe
Écouter la rubrique de Joël David sur France Bleu : https://www.francebleu.fr/player/export/reecouter/emission?content=35d20b1b-c90a-4851-a426-967a37d6980a
Note et références
- ↑ à partir de la notice rédigée par Joël David, chargé d'odonymie à la Ville de Rennes, Rennes Métropole