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Matrimoine
Un itinéraire dans les rues de Rennes.
De l'intérêt de valoriser le matrimoine
Le terme "patrimoine", issu du latin "patrimonium" fait référence au "pater familias". Il désigne, à l'origine, l'héritage que l'on tient de son père et que l'on transmet à ses enfants en vertu des lois de succession.
Le terme "matrimoine", issu du latin "matrimonium" évoque le mariage, et induit la différenciation sexuelle des rôles: aux hommes, la transmission des biens ; aux femmes la transmission de la vie. La femme et la mère semblaient n'avoir rien à transmettre, puisque leurs biens propres entraient, dans la dot, dans le patrimoine marital.
Actuellement, le patrimoine définit également l'ensemble des richesses d'ordre culturel, matérielles et immatérielles appartenant à une communauté. C'est la conservation et la transmission collective intergénérationnelle de notre passé.
Le matrimoine issu de l'héritage des femmes a été longtemps occulté par intériorisation du sens commun de patrimoine. Pourtant, les femmes ont participé de tout temps et partout dans le monde, aux créations architecturales, culturelles, artistiques, linguistiques, historiques, géographiques, gastronomiques... communes à tous les citoyens et citoyennes.
Si le terme "matrimoine" est aujourd'hui peu usité, c'est au Moyen-Âge qu'il est apparu. À cette époque, lors d'un mariage, le mari déclarait son "patrimoine" et son "matrimoine". Au XVe siècle, la femme de lettres, autrice, poétesse, philosophe française, Christine de Pisan[1] (1354-1430) fut une fervente défenseuse du matrimoine dans son ouvrage "La cité des Dames" à une époque où autrices, peintresses, vainqueresses, ou philosophesses étaient reconnues. Ces termes, les grammairiens de l'Académie française, au XVIIe siècle, les écartent au profit de la masculinisation du vocabulaire.
Le terme "matrimoine" réapparaît à la fin des années 1960 et ce n'est que très récemment, sous l'influence d'associations féministes, qu'il est réhabilité pour permettre à tous de se réapproprier l'héritage culturel issu des femmes longtemps effacé.
À l'instar des journées du "patrimoine", celles du "matrimoine" pourraient et devraient désormais valoriser la mémoire créatrice des femmes qui nous ont précédés dans l'Histoire et les réhabiliter. Les noms de rues et équipements qui intègrent des femmes participent à cette reconnaissance, de même que l'acceptation de la féminisation du nom des professions qu'elles exercent.
La renaissance du matrimoine est une évolution indispensable au propos de l'égalité entre les femmes et les hommes.
|auteur=Joël David|qualite=Chargé d'odonymie à la Ville de Rennes|origine=|collecteur=|date=}}