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Rue Moreau de Jonnès

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La rue Moreau de Jonnès, d'abord axée nord-sud, prend naissance boulevard Villebois-Mareuil et s'incurve à l'est pour joindre l'extrémité est de la promenade des Bonnets Rouges, à proximité du pont enjambant la Vilaine. Elle apparaît sur le plan de la ville dès 1877. Sa partie nord fut amputée lors de la création du boulevard Villebois-Mareuil en 1895.

Elle rend hommage à:

Alexandre Moreau de Jonnès

(Rennes, 19 mars 1778 - Paris, 28 mars 1870)

Économiste

Un soldat et marin de la République

À treize ans et demi, Alexandre est enrôlé dans la Garde nationale, section des minimes, commandée par le marquis de La Fayette, gardant le roi Louis XVI emprisonné aux Tuileries. En septembre 1791, il repart à Rennes pour ses études, mais de nouveau appelé en garnison, son bataillon en Ille-et-Vilaine et dans le Morbihan lutte contre les insurgés. Il participe aux combats de Hédé et de Vannes.

Puis il est affecté comme artilleur sur un brick de guerre de la marine et, à seize ans, il est capitaine d'armes. La mission du navire est de parcourir les ports du Levant, apportant les instructions de la République aux consuls de France. A l’escale de Toulon, le capitaine ne veut pas prendre parti et préfère saborder son navire. Alexandre est affecté au service des remparts et à la garde de la poudrière. La place est reprise aux Britanniques ; Alexandre et quelques soldats tentent sans succès d’empêcher l’incendie de l’arsenal et de la ville. Il rejoint son bâtiment, remis en état, et parvient à s’échapper. Arrivé à Brest, il est affecté sur le Jemmapes, vaisseau de 74 canons, faisant partie de l’escadre de Villaret-Joyeuse et André Jean Bon Saint André, chargée de protéger les deux cents navires expédiés aux États-Unis pour ramener du blé en France afin de sauver les populations de la famine et qui réussirent à passer malgré l'escadre anglaise. En escale à Lorient, il doit faire face au débarquement des émigrés et au soulèvement des chouans. Avec les grenadiers, il prend d’assaut le fort de Penthevièvre à Quiberon, occupée par les troupes débarquées.

Un navigateur explorateur et aventurier

De retour à Lorient, il est affecté sur un navire corsaire et découvre les Antilles. Promu officier d'état-major, il navigue d'île en île et découvre Saint-Vincent, Saint-Domingue, la Martinique, la Dominique, mais aussi le Venezuela, l’Orénoque, Trinidad. Aide de camp de nombreux généraux et amiraux, dont l’amiral Villeret-Joyeuse, il est volontaire pour les missions délicates et dangereuses ; il est souvent chargé de lever les cartes des îles que la marine veut conquérir. Mais il est aussi chargé de missions en Europe et il effectue dix traversées de l’Atlantique, pour chercher des renforts, pour donner de l'aide aux marins britanniques révoltés dans l’estuaire de la Tamise et pour prendre part à l’expédition irlandaise du général Humbert. En 1798, il réussit en Irlande à échapper aux troupes britanniques.

Jusqu’en 1809, il participe à quinze expéditions, dont dix l’amènent au-delà du Tropique : fait prisonnier, il s’évade, connaît des ouragans, des tremblements de terre et des épidémies. Fait prisonnier par les Britanniques lors de la prise du fort Desaix en Martinique, il reste cinq ans sur les pontons de Londres. Libéré à la Restauration en 1814, il rentre en France.

Un militaire statisticien hygiéniste

De retour à Paris, il est affecté comme officier d'état-major, chargé des travaux statistiques et topographiques. En 1819, il obtient de l’Académie Royale de Paris, le premier prix en statistiques, science alors nouvelle. Il sert, à ce poste, cinq ministres successifs.

De 1817 à 1823, une épidémie de choléra décimant le Moyen-Orient, il étudie lors de ses déplacements les mesures de restrictions à prendre dans les échanges commerciaux et les déplacements des personnes pour lutter contre la pandémie. En 1831, il publie un ouvrage sur la propagation du choléra. Son expérience sert lorsque, entre 1832 et 1835, une épidémie de choléra sévit en Provence, causant plus de 100 000 morts. Il est nommé au Conseil supérieur de la santé.

Promoteur de la statistique générale de France

En 1828, affecté au ministère du Commerce, il s’occupe de la statistique et est chargé, à partir de 1833, par Adolphe Thiers, de compiler l’ensemble de la statistique française. Il est ainsi l’initiateur de la statistique de l'agriculture, de la statistique générale et de la statistique de l'industrie en France. En 1840, son service devient le Bureau de la statistique générale de la France, attaché au ministère de l’Agriculture et du Commerce, dont il sera directeur jusqu’en 1851. Ses services produisent une publication monumentale en 13 volumes et son action contribue à développer en France les travaux statistiques et leurs usages.

Il étudia aussi l’anatomie et la minéralogie. Il fut élu membre de l’Institut en 1849 et de l’Académie des sciences morales et politiques (section géographie et navigation) dont il était le correspondant depuis novembre 1816. Il fut fait chevalier de Saint-Louis et de la Légion d'honneur.

Il relata ses travaux dans des ouvrages sur la géologie des îles, les maladies tropicales (fièvre jaune), les statistiques sur l’esclavage colonial et les moyens de le supprimer. Il laissa un collection de cartes et de vues, conservée aux Archives de l'Outre-Mer à Aix-en-Provence, connue sous le nom de L’Atlas de Moreau de Jonnès, contenant 30 cartes et vues de l’île de la Martinique peintes à l’aquarelle.

Sur la carte

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Lien externe

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