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Marcel Brossier

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L'Ouest-Éclair du 30 juillet 1940 publie un avis de mise en garde des conséquences infligées par l'occupant en cas de coupure de cable

17 SEPTEMBRE 1940, LE PREMIER FUSILLÉ POUR ACTE DE RÉSISTANCE À RENNES

Un sous-officier allemand lit l'avis d'exécution de Marcel Brossier
Marcel Brossier dans la liste alphabétique sur la plaque commémorative des fusillés à La Maltière

L'article 13 de la convention d'armistice du 22 juin 1940 stipulait que :

Le Gouvernement français s'engage à veiller à ce que, dans le territoire à occuper par les troupes allemandes, toutes les installations, outils et les stocks militaires soient remis intacts aux troupes allemandes. Il devra en outre veiller à ce que les ports, les entreprises industrielles et les chantiers navals restent dans l'état dans lequel ils se trouvent actuellement, et à ce qu'ils ne soient endommagés d'aucune façon, ni détruits. Il en est de même pour les moyens et voies de communications de toute nature, notamment en ce qui concerne les voies ferrées, les routes et voies navigables, l'ensemble des réseaux télégraphiques et téléphoniques, ainsi que les installations d'indication de navigabilité et de balisage des côtes. En outre le Gouvernement français s'engage, sur ordre du Haut-Commandement allemand, à procéder à tous les travaux de remise en état nécessaires.

Marcel Brossier

Mécanicien, fusillé par les Allemands

(3 mars 1909, Sainte-Gauburge (Orne) - 17 septembre 1940, Saint-Jacques-de-la-Lande)

Marcel, Louis, Gaston, fils de Gustave Brossier et d’Henriette Mézerais, avait dû avoir une enfance difficile car il avait un tuteur, M. Louis Forget. En juillet 1929, il habite à Vern-sur-Seiche, près de Rennes, où il exerce la profession de mécanicien. Convoqué pour passer le conseil de révision, il ne fera pas de service militaire car il est amputé de la moitié inférieure de la jambe gauche. Sans doute est-il appareillé. En septembre 1939, pour la même raison, il n’est pas mobilisé. Il ne peut donc pas se battre contre l’Allemagne nazie et pourtant, il enrage quand il voit les armées ennemies à Rennes le 18 juin 1940.[1] Il ne supporte pas de les voir se pavaner dans nos rues et s’installer pour y rester longtemps. Il habite alors au 33, rue Duhamel à Rennes. Dès la fin juillet 1940, le "commandant en chef" allemand informe la population rennaise qu' "un câble militaire fut saboté de manière perfide" et que "de pareils actes de sabotages seront punis de la peine de mort". En outre, dans les endroits où de pareils actes seront constatés, au moins deux hommes seront arrêtés comme otages, jusqu'à ce que le malfaiteur soit "constaté". [2] Ce texte sera bientôt appliqué.

Marcel veut faire quelque chose mais les groupes de Résistants n’existent pas encore ou, du moins, il ne les connaît pas. Il a vu des ouvriers installer des câbles électriques et téléphoniques pour alimenter des installations allemandes. Un soir, il prend des cisailles dans sa poche et, dès qu’il le peut, il coupe un de ces câbles situé entre la rue Duhamel et l’avenue Louis Barthou.

Est-il pris en flagrant délit ou est-il dénoncé ? Il est condamné à mort par le conseil de guerre de la Feldkommandantur, le 12 septembre 1940, pour avoir sectionné un câble téléphonique de transmission de l'armée allemande, [3].

Il est fusillé à la Maltière [4]le 17 septembre à 10 heures du matin, comme l'annonce la proclamation (Bekanntmachung) bilingue affichée en ville ce même jour et une autre affiche en noir et blanc superpose les deux versions de la proclamation. Le quotidien l'Ouest-Eclair du 19 septembre[5] affichera la proclamation bilingue en haut de sa page de Rennes mais aussi dans toutes les éditions du journal pour valoir exemple. Marcel Brossier est le premier fusillé en Bretagne pour acte de sabotage après l'armistice, le cinquième sur toute la France[6]. Il est enterré au cimetière de l’Est à Rennes, mais comme il n’a pas de famille connue, sa tombe sombre dans l’oubli. Bien qu’elle ait la mention « Mort pour la France », sa tombe sera supprimée et ses restes mis dans la fosse commune. Son nom est gravé au Panthéon rennais. Des coupures de câbles de l'armée allemande seront encore constatées le 23 décembre 1940 ainsi que les 22 février et 10 mars 1941, ces deux dernières rendant acquise à l'Etat allemand la somme consignée à titre d'amende. De nombreux sabotages de matériels auront lieu, notamment dans les chemins de fer.

Il existe heureusement une allée Marcel Brossier à Saint-Jacques-de-la-Lande, fort judicieusement située dans le quartier de La Courrouze . À la suite d'un article de presse en mars 2016,[7] par délibération du conseil municipal de Rennes du 30 janvier 2017 une rue de Rennes dans la ZAC de la Courrouze porte son nom. [8]

Article connexe

Notes et références

  1. 18 juin 1940 : les troupes allemandes à Rennes, ville traumatisée
  2. Ouest-Eclair du 28 juillet 1940
  3. Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945, par Étienne Maignen. Éditions Ouest-France - 2013
  4. Butte des Fusillés de la Maltière
  5. Ouest-Éclair du 19 septembre 1940, page 3http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k662103n/f3.image.langFR
  6. ont été fusillés : Karp Israël, le 27 août à Bordeaux pour s'être livré à des voies de fait contre le tambour-major d'une musique militaire allemande - Louis Frizot, 45 ans, dijonnais,le 31 août à Saint-Apollinaire - Louis Lallier, 25 ans, domestique agricole, le 3 septembre à Epinal, pour avoir coupé un câble - Pierre Roche, 19 ans, le 7 septembre pour un sabotage à Royan.
  7. "Une rue pour le résistant Marcel Brossier ?" Ouest-France, 29 mars 2016
  8. rue Marcel Brossier