A l'occasion des 80 ans de la libération de Rennes, (re)découvrez l'ensemble des
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Pierre Herbart
Pierre Herbart
( 29 mai 1903, Dunkerque - 3 août 1974, Grasse )
À dix-sept ans, Pierre Herbart est employé dans une compagnie d'électricité, Thomson Houston, à Paris, puis est incorporé dans les troupes de Lyautey au Maroc en 1923, occasion de voyager en Afrique du Nord, au Sénégal puis au Mali et au Niger.
Un écrivain engagé
L'année suivante il rencontre Jean Cocteau auquel il voue une grande admiration puis André Gide, dont il épouse une ancienne compagne. Gide s'occupe de la publication de son premier roman, le Rôdeur, tandis que le couple s'installe à Cabris.
Il accompagne Andrée Viollis, reporter au Petit Parisien, sur les traces du ministre des Colonies, Paul Reynaud. Il prend position contre le colonialisme et devient communiste. Deux voyages en U.R.S.S, le second avec André Gide et Louis Guilloux, lui dessillent les yeux.
Alors que la guerre d’Espagne vient d’éclater, Herbart part pour Barcelone avec les épreuves du pamphlet d’André Gide - Retour de l'U.R.S.S. - pour rencontrer André Malraux et voir avec lui l'opportunité d’une publication terrible pour l’URSS. Herbart est arrêté et ne doit sa libération qu’à l’intervention d’André Malraux. En 1937, il accompagne André Gide en Afrique et en 1939 publie le Chancre du Niger.
Un résistant...
Lors de la Seconde Guerre mondiale, Herbart, réformé, aide à l'organisation d'un comité formé pour des travaux de défense passive puis s’engage dans la Résistance, participant en 1943, sous le nom de "général Le Vigan", à la mise en place d’un réseau, dans le sud-ouest de la France, qui aide les jeunes à fuir le S.T.O et, membre du réseau de Résistance "Défense de la France", il participe à la création du journal éponyme. À la suite de l'arrestation et de l'exécution du responsable pour le mouvement en Bretagne, Maurice Prestaut, on le charge en 1944 de la direction régionale. Nommé vice-président du comité de Libération de Rennes. En 1944, c'est au Thabor, carré Du Guesclin, près de la statue du connétable, que depuis peu arrivé à Rennes, il rencontre incognito pour la deuxième fois le responsable de la résistance chargé de l'assister dans sa mission de chef de maquis pour la Bretagne. D'emblée, Le Vigan lui montre une carte et lui fait part de sa conviction concernant le lieu du débarquement et logiquement de la priorité de la libération de Rennes, après le port de Cherbourg. Le même témoin fait état de sa nomination comme vice-président du comité de libération de Rennes et de sa préoccupation personnelle d'éviter les exactions et autres règlements de compte une fois la ville libérée, outre sa mission officielle qui était de "coiffer sur le poteau" tant les Américains que les résistants communistes dans l'installation des autorités locales.[1] Il arrête les préfets de Vichy en place, installe les nouvelles autorités. Il est autorisé par Henri Fréville à publier le journal du soir Défense de la France qui ne sera ni gaulliste ni communiste. Par la suite il minimisera le rôle de la Résistance, "histoires de boy-scouts".
Albert Camus l’invite à participer à Combat. En 1947, il est envoyé en Algérie pour un reportage sur le Maghreb dont le premier compte-rendu fait la une de France-Soir sous le titre S.O.S. Afrique du Nord mais le troisième volet ne sera pas publié.
Il écrit un portrait au vitriol d’André Gide, À la recherche d’André Gide, publié en 1952, qui lui vaudra l'animosité des admirateurs de l'écrivain, s’installe chez Roger Martin du Gard et écrit L’Âge d’or, dans lequel il évoque son homosexualité. L’année suivante c'est un livre sur son parcours politique, La Ligne de force. Cocaïnomane, soutenu d'abord financièrement par la veuve de l'écrivain, il mourra à Cabris après une hémiplégie, oublié et quasiment dans la misère. Sa tombe est à l'Image de sa fin de vie.[2]
...oublié
La revue Place Publique [3] a rappelé, en juillet 2014, le rôle de cet homme étrange qui y est qualifié de "gêneur politique". De fait, souligne clairement l'article, ni le colonel de Chevigné, gouverneur militaire, ni Jean Marin, ni Henri Fréville ne le citent dans leurs ouvrages, et de poser la question :" Est-ce pour ces raisons que le nom d'Herbart - le Vigan n'est pas une seule fois mentionné dans les livres de souvenirs couvrant la période de la Libération de Rennes ?"
Ce fut vrai jusqu'en novembre 2013 car l'ouvrage d'un Rennais sur Rennes pendant la guerre a rompu ce silence.[4]
références
- ↑ Emission de France-Culture du 24 mai 2000, rediffusée le 11 septembre 2010
- ↑ Pierre Herbart, l'orgueil du dépouillement, de Jean-Luc Moreau, éd. Grasset - 2014
- ↑ Pourquoi Rennes ignore Le Vigan, par Georges Guitton, dans Place Publique, N° 30, - juillet-août 2014
- ↑ Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945, par Etienne Maignen. Editions Ouest-France - 2013