Journée des barricades

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Le duc de Mercoeur, se retourne contre le roi Henri III et arrive devant Rennes

Au début de 1589, les Ligueurs catholiques arrivent de villes "rebelles au roi" pour se réfugier à Rennes, cité qui qui ne leur est guère favorable, d'ailleurs le lieutenant-général du roi, René de Tournemine de La Hunaudaye, et le capitaine de la ville, René Marec de Montbarot, sont tout dévoués au roi Henri III; cependant la population est travaillée à distance par l'évêque Aymar Hennequin, par des recteurs de paroisse et quelques notables. Quant au duc de Mercoeur, Philippe-Emmanuel de Lorraine Wikipedia-logo-v2.svg, gouverneur et lieutenant-général pour le roi au duché de Bretagne, fervent catholique, les assassinats du duc Henri de Guise, chef de la ligue catholique, qui ambitionnait le trône, et de son frère le cardinal, dont il est parent, l'amènent à un revirement et à se dresser contre le roi Henri III, son beau-frère, qui a fini par prendre le parti des Protestants.

La Communauté de Rennes, qui avait été convoquée par le roi aux "petits Etats de Vannes pour le 15 mars, avait bien dénonçé les suspects, avait certes demandé au roi de rétablir l'ordre mais s'interrogeait sur l'éventualité d'ouvrir les portes au duc, ce qui la mettrait en opposition ouverte au roi.

Des Rennais inquiets et travaillés prennent parti pour le gouverneur et montent des barricades

Or des rumeurs circulent en ville, faisant état de l'excommunication du roi, annonçant l'imminence d'un massacre par des troupes huguenotes qui entreraient en ville de nuit. Le curé de Toussaints, Julien Rouxel, annonce qu'il ne fera pas de prières pour le roi "ayant été excommunyé, ayant mis la main sur un prestre". Les protestants commandés par le sieur du Bordage, amassent des troupes. Dès le 1er mars, d'étranges processions de catholiques marchant nu-pieds, portant cierges et flambeaux, se formèrent en ville. Le 6 mars, le Parlement avait interdit d'attenter à la liberté des personnes, sa ligne de conduite étant de maintenir la religion catholique, l'autorité du roi et le calme dans la province et sa capitale. Les Ligueurs catholiques, excités par la parole du jésuite Odon Pigenat envoyé par l'évêque Hennequin, qui prêchait le carême à la cathédrale, s'enflamment à la nouvelle de la tentative du capitaine de Montbarot, le 12 mars au soir, d'expulser de la Tour aux Foulons le contrôleur Champenois pour empêcher l'entrée du duc de Mercoeur. Elle se répandit le lendemain lundi, au marché de la Cohue où l'affluence était forte ce jour de foire de la Mi-Carême, déclenchant l'émeute; on cria :"Aux armes ! Les huguenots vont arriver !" La Hunaudaye est tiraillé : il est lieutenant-général du roi mais doit aussi obéissance au gouverneur de la province. On fit des barricades, on tendit des chaînes dans les carrefours "sans que l'on sceut dire les raisons" et on exigea la remise des clés de la ville au gouverneur. Monbarot, soupçonné comme de La Hunaudaye, d'être du côté des Protestants, accepte de remettre les clés au président du Parlement. Les portes de la ville sont fermées à midi. Les cinquanteniers de la milice bourgeoise, sollicités par des Protestants peu nombreux mais zélés, dont Bertrand d'Argentré tenait la liste, restaient dans l'expectative, se barricadent et disent "ne sçavoir l'occasion d'une telle émotion". Dans l'après-midi, le Parlement ordonne sans succès de mettre bas les armes.

Mercoeur dans Rennes

Mercoeur informé, quitte Nantes le 11 et, de Lohéac, arrive devant Rennes le 14 mars vers midi, contourne la ville pour se présenter au nord devant la Porte aux Foulons que les Ligueurs, qui en étaient maîtres, lui ouvrirent. Il put ainsi entrer dans la cité sans coup férir, avec sa garde mais sans troupes, conformément à la demande du Parlement, et une députation du parlement lui remit officiellement les clés de la cité. Le mercredi, à la Maison de ville, soixante notables assemblés protestent devant lui de leur entière soumission à l'autorité du roi et à l'église catholique et les échanges de propos avec le Parlement royaliste sont hypocrites de part et d'autres. [1] [2][3] le sénéchal Méneust de Bréquigny est destitué. La Hunaudaye, dont les pouvoirs tombaient en présence du gouverneur, s'était éloigné mais Montbarot, retranché dans la tour des [[Portes Mordelaises], fit de la résistance mais finit par sortir pour se retirer dans son manoir de La Martinière à 4,5 km de la ville. Mercoeur, auprès duquel s'empressent les Ligueurs rennais, déclare couvrir les incidents du lundi 13 et fait arrêter le premier président du Parlement de Rennes, Faucon de Ris, chargé de le surveiller, ainsi que ses fils et gendre; il préside l'assemblée de la Communauté et décide que seront envoyés "au diable touz les huguenots, faulteurs et gens de la nouvelle opinion". [4] Il fait élire un nouveau capitaine en remplacement de Montbarot et il fait prêter serment aux notables de pourvoir à la conservation de la religion catholique et au maintien de l'autorité du roi sous la conduite du duc de Mercoeur.

Revirement des versatiles Rennais

Mercoeur, parti à Fougères, demande à la Communauté de Rennes de soutenir l'effort à Vitré pour se débarrasser des Huguenots qui sont au château mais, Mercoeur absent, les "royaux" rennais refusent; ils entreprennent de retourner la population en faveur du roi, et sans difficulté, celle-ci étant à la fois attachée à la religion catholique et au roi. Des lettres du roi parviennent d'ailleurs le 4 avril, ordonnant " sous peine de la vie à tous habitants de cette ville de prendre les armes autrement que par le commandement du sieur de Montbarot, de faire aucunes ligues, pratiques et associations". Le 5 avril au matin, le sénéchal Méneust de Bréquigny parcourt la ville au cri de "Vive le Roi!" et est suivi par nombre de jeunes Rennais qui désarment le capitaine Jean, et à midi tous les officiers de Mercoeur étaient prisonniers. La Hunaudaye rentre le lendemain avec des gentilhommes royalistes. Fort des lettres du roi, Montbarot et de retour le 8. Mercoeur, rentrant de Fougères apprend la nouvelle, "tout ahuri et estonné" et envoie une lettre de menaces qui sera vaine. est révoqué et destitué de ses fonctions de gouverneur de Bretagne par le roi. Le 13 avril, le Parlement met Mercoeur hors-la-loi, déclare rebelles ses partisans avec confiscation de leurs biens et déchéance de noblesse. Voici que le peuple acclame maintenant le nom du roi. Deux bourgeois sont envoyés à Tours avec mission de remettre au roi des lettres d'excuse. Rennes enverra du secours aux protestants de Vitré dont Mercoeur lèvera le siège, les troupes calvinistes sorties du château commettant alors des atrocités sur la population hostile.[5]

La ville échappa désormais à la Ligue et, même après la mort tragique de Henri III par le poignard de Jacques Clément, le 1er août, l'avénement d'un roi protestant ne troubla pas le Parlement et les Rennais. Neuf ans plus tard, en mai 1598, le roi Henri IV à Rennes mesurera sa popularité dans la cité.

Références

  1. Histoire de Bretagne 1515-1715,ch. VIII, par Arthur Le Moyne de la Borderie
  2. La journée des barricades à Rennes et la Ligue à Rennes, mars et avril 1589, par Sigismond Ropartz. Bulletin de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine. t. XI -1877
  3. Histoire de Bretagne des origines à nos jours, par E. Durtelle de Saint-Sauveur. t.2. Plihon et Plon - 1935
  4. Histoire de Rennes, sous la direction de Jean Meyer; Privat, éditeur - 1972
  5. Rennes et la haute Bretagne, par Joseph Chardronnet; Editions France-Empire - 1980