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Telenn, Sélène de Rennes
Répondant à un concours lancé par le journal Ouest-France, sur le thème "3e millénaire, Rennes imaginaire", un récit d'une page, intitulé "Telenn, Sélène de Renn en 2500", figure parmi les vingt-deux retenus.[1] Etienne Maignen, situe un couple, Bangor et Telenn (harpe en breton), dans le Rennes du milieu du 3e millénaire, à Rennes, ville dont le territoire a été rétréci par une forte montée de la mer.
Telenn va sélèner pour la troisième fois : deux mois de séjours dans la lune au titre de l'assistance psy aux contractuels de trois ans. Elle a cinquante ans, ce qui lui laisse augurer 95 autres années de vie. Elle télécharge souvent de Bechrel des papiers d'avant la schématisation phonétique mais Bangor y a eu accès aux salles blanches de stockage des vieux supports papiers. Ils habitent au 130e étage d'un immeuble de Tabor, d'où l'on voit Borgar précédé d'Horizons, les vieilles tours jumelles penchées; entre eux le grand cube blanc du greffarium de Viljan, une des deux grandes banques d'organes européennes, comme la cour de létaléthique. Morpa et Bolieu scintillent regardant de haut la presqu'île Riaval. Descendant la Motte, le couple arrive à l'eau sur laquelle pointent des balises signalant des immeubles d'autrefois immergés et Bangor, membre du cercle de spéléo, a une fois repêché une petite tête de statue de la fin du 20e siècle qui pourrait être un élément décoratif d'une fontaine répertoriée comme ayant existé à cet emplacement, à une dizaine de mètres maintenant de la digue nord, au droit du Parlement.
De Renn agglo, où 60% des gens télétravaillent à domicile, des cours universitaires sont télédistribués sur tous les continents à des centaines de milliers de stagiaires dont les âges vont de 20 à 120 ans car la ville est une des cinq cités européennes à très hautes performances informatiques. Ils vont remonter la Motte à pied, préférant cet effort au tube qui les aurait amenés en quelques instants aux élévators de Tabor. Bangor propose de regarder le ballopied: Ren joue contre Varsav aux lices de Coem; Selenn fait la moue mais Bangor aime bien envoyer des impulsions perçues par les joueurs sur les panneaux latéraux du dôme; lors de la victoire contre Milano, on avait comptabilisé pas moins de 700 000 impulsions positives lancées par des fans de Renn dans le monde entier. Mais, contrairement aux "virt-acts" qui opèrent et fonctionnent dans le virtuel, seuls quelques centaines d' "acts" vont voir les rencontres, la vue directe étant tellement imparfaite.
Extrait :
" -Moi j'aurais bien aimé vivre autrefois, disons à Renn, en 2000 par exemple," murmura Telenn.
- Renn en 2000 ? Voyons voir,fit Bangor, sourcils froncés. Une cité de petits immeubles, avec plein d'automobiles à carburation polluante, un seul tube et des gens qui se déplaçaient à tout instant pour leur travail, leur approvisionnement. Le fleuve et le canal n'avaient que quelques mètres de large. Dame, c'était avant la remontée du 23e !
- Tu as dit "dame! releva Telenn. Tu es bien de Renn, toi aussi maintenant. Tu as pris le tic ! Tu as pris le tic ! s'écria-t-elle, ravie, en bourrant l'épaule de Bangor...
- Et c'est ma sélènite qui dit cela !
- C'est elle. Et quand de là-haut, je vois la boule bleue, je pense à tous ceux qui y grenouillent, mais je peux penser plus spécialement à ceux qui disent toujours "dame", à Renn, toute superbranchée qu'elle soit, et maintenant tu en fais partie, tu en fais partie, mon Bangor-trésor !"
Quand elle l'appelait ainsi, c'était une manière de prélude aux tendresses les plus coquines. [...] Sans se concerter, ils désactivèrent leur puce."
références
- ↑ Ouest-France du lundi 23 novembre 1998