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Bonnets Rouges

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Bonnets Rouges, mouvement Populaire Breton de 1675 [1]

Louis XIV gouverne la France depuis 1661. En 1672, le pays est en guerre contre l'Espagne, l'Angleterre et la Hollande et les finances de l'Etat sont aux plus basses. Pour renflouer les caisses, Colbert décide, en 1673, de lever de nouveaux impôts : La Gabelle, le droit de marque sur la vaisselle d'étain, le monopole du tabac, le papier timbré, l'ancêtre du timbre fiscal, ainsi que sur tous les papiers et parchemins fabriqués dans le royaume. Or depuis l'union de la France et de la Bretagne en 1532, tout nouvel impôt doit être accepté par les Etats Généraux de Bretagne. Mais les nouveaux édits ont été enregistrés par le Parlement de Bretagne et deviennent donc applicables.

À Bordeaux, une émeute a commencé en mars 1675, renforcée par l'arrivée de paysans venus prêter main-forte. Le Parlement de Bordeaux rend un arrêt de suspension des nouvelles taxes sous la pression populaire. La nouvelle atteint Rennes et le 3 avril 1675, la première manifestation a lieu. Le 18 avril, une émeute éclate. Le dépôt de tabac du Champ Jacquet est pillé, les registres sont brûlés. La foule se rend ensuite au Parlement et détruit les papiers timbrés. Les troupes royales sont envoyées. Douze émeutiers sont tués et cinquante d'entre eux sont blessés. Le 25 Avril 1675, un temple protestant brûle car nombreux des employés du tabac font partie de cette religion. La colère gagne les autres villes bretonnes : Saint-Malo, Nantes, Dinan, Montfort, Lamballe, Vannes.

Le duc de Chaulnes, gouverneur de Bretagne, met en cause le Parlement de Bretagne, l'accuse de pousser le peuple à la révolte contre les édits royaux et envisage une répression sévère.

En juin 1675, la révolte gagne les campagnes de la Basse-Bretagne et prend alors le nom de "Bonnets-Rouges", en raison du couvre-chef que portent les paysans à cette époque. Les paysans en grandes difficultés économiques prennent les armes et l'on retrouve souvent des femmes à leurs têtes qui, en Bretagne, ont plus d'importance que dans le reste du royaume. Ils prennent alors comme chef, Sébastien Le Balp, notaire à la réputation ruinée. Sébastien Le Balp est né à Kergloff dans le Finistère, d'un père meunier. Après avoir fait des études de droit, il devient notaire et est enfermé pour malversation de 1673 à 1675, puis relâché faute de preuve.

Les paysans suivent aveuglément Le Balp qui est le premier en tête des incendies, des pillages et des désordres. Le gouverneur de Morlaix est persuadé que sans Le Balp, les paysans sont perdus et il en fait part au marquis de Montgaillard. Charles-Maurice de Persin, marquis de Montgaillard, propriétaire du manoir du Ty Meur, entretien des rapports ambigus avec les insurgés. Il réussit à les dissuader de se rendre à Morlaix pour chercher le renfort d'une escadre hollandaise qui croise au large de la Manche, leur faisant croire que des troupes royales sont à Morlaix et à Brest. Quelques jours plus tard, les insurgés reprennent le chemin de Morlaix, sachant qu'aucun soldat royal ne s'y trouve. Pour se venger, en passant, ils se rendent au manoir du Ty Meur, le pille et il est en partie incendié. Mais Sébastien Le Balp veut rencontrer Montgaillard qui est un ancien officier de l'armée royale pour le persuader de se joindre à eux et pour prendre la tête des insurgés. Devant son refus quelques jours plus tard, Le Balp est de retour au manoir avec 2 000 hommes. Il fait alors sonner le tocsin dans la région, espérant ameuter 30 000 hommes qui se joindront à eux. Au soir du 3 septembre 1675, Sébastien le Balp se trouve isolé dans une chambre du manoir en présence de Montgaillard et de son frère. Vers minuit, le marquis s'empare d'une épée et transperce la gorge de Sébastien. Les deux nobles s'enfuient dans la confusion la plus totale. Les insurgés sont complètement désemparés par la mort de Le Balp. Son corps est alors emmené à l'église de Kergloff, où il va être enterré en présence de deux curés, de son beau-frère et de sa femme.

Le duc de Chaulnes profite de l'occasion pour envoyer les troupes royales. La répression est terrible. Les meneurs sont capturés, torturés et pendus aux clochers et aux arbres des allées de châteaux qui ont été pillés. Des femmes et des enfants sont exécutés. Les clochers qui ont sonné le tocsin sont rasés.

À Rennes, des menaces sont proférées contre les particuliers ou aubergistes qui osent recueillir des Bonnets Rouges. Les troupes royales arrivent sur la capitale et doivent être entretenues par la population. Les Rennais sont désarmés et taxés en fonction de leurs ressources. Certains sont pendus ou décapités. Les habitants du faubourg de la rue Haute (actuellement rue de Saint-Malo) sont obligés de quitter leurs logements qui doivent être rasés pour implanter les troupes. Par sanction le Parlement de Bretagne est ensuite envoyé à Vannes et va y rester quinze ans. [2]

Pendant ce temps, Sébastien Le Balp est exhumé et un procès est fait à son cadavre. Son corps est ensuite traîné par un cheval sur la place de Kergloff, mutilé et exposé sur une roue. Les cloches, qui sonnèrent le tocsin pour rassembler les émeutiers, sont descendues, certains clochers sont même décapités. La révolte des Bonnets-Rouges s'éteint tragiquement.

Note et références

  1. à partir de la notice rédigée par Joël DAVID, chargé d'odonymie à la Ville de Rennes, Rennes Métropole
  2. Révolte du papier timbré