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Bertrand d'Argentré

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(19 mai 1519, Vitré - 13 février 1590, château de Tizé, en Thorigné)

Il est fils de Pierre d’Argentré, sénéchal de Rennes, qui eut un rôle important dans les négociations qui aboutirent à l’édit d’Union de la Bretagne à la France en 1532. Il fut un grand juriste et un grand historien. Bertrand d'Argentré et son père ont tous deux vécu un temps rue Saint-François, actuelle rue Hoche[1].

Juriste avant d'être historien

Bertrand d'Argentré devient le sénéchal de Vitré en 1541, puis celui de Rennes en 1547 à la suite de son père, avant de devenir président présidial de Rennes. Il défend avec acharnement les prérogatives du présidial, et entre régulièrement en conflit de compétences avec la sénéchaussée et surtout avec le Parlement à qui il reproche sa composition pour moitié de membres non issus de la Bretagne, et son ignorance des coutumes du pays. En début 1575 le Parlement le réprimande pour ses railleries à son encontre et envers les conseillers du présidial.

En 1576 et 1584, il publie, en latin et en français, ses Commentaires sur la Coutume de Bretagne. Doté d’une forte personnalité, il déclina les honneurs qui lui auraient fait délaisser la Bretagne.

Il est l’un des principaux artisans de la Nouvelle coutume de Bretagne, source juridique applicable en Bretagne, publiée en 1580. Il lutte contre l’influence des droits français et romain. Son analyse de la coutume, incomplète et discutable, constitue une base complétée par la jurisprudence au XVIIe siècle.

L'historien entre rupture et tradition

D'Argentré est aussi un historien très cultivé qui disposait d'une des plus belles bibliothèques du royaume, digne d'un contemporain de la Renaissance avec 2630 ouvrages dont 2163 pour le fonds général, et 467 pour la partie juridique[2]. Il recoupe les documents et se base essentiellement sur les écrits. En 1540 il réalise un ouvrage où il soutient que la Bretagne a toujours été indépendante, et qu’elle n’est devenue province française qu’en 1491 et sous conditions.

A la demande des États de Bretagne qui protestent contre de nouveaux impôts, il rédige en français, subventionné par eux, une Histoire de Bretaigne de 1580 à 1582. L’ouvrage s'inscrit dans la lignée des chroniqueurs bretons médiévaux Pierre Le Baud et Alain Bouchart mais réfute leur mythe des origines romaines ou troyennes car d'Argentré va à de nombreuses sources, répudiant les fables. Il a ssocié dans une même démarche la défense du particularisme breton aux règles méthodologiques de la recherche[3] est saisi sur ordre d’Henri III, pour « faits contre la dignité de nos rois, du royaume et du nom françois », sort enfin en 1588 en version expurgée des relations entre la Bretagne et la France ce qui n'empêchera pas la vente clandestine du texte de 1582.

Pendant la guerre de la Ligue, en 1589, à 69 ans, il s’engagea du côté du duc de Mercœur, gouverneur de Bretagne, qui s’opposait au roi[4], et était susceptible de rétablir la principauté bretonne, en tant qu’époux de l’héritière des Penthièvre, qui pourrait donc revendiquer la couronne de Bretagne. Il meurt l'année suivante après avoir fait amende honorable au nouveau roi, Henri IV.

Son corps est inhumé dans l'église du couvent des Cordeliers et, lors de sa destruction en 1821 en vue de percer la future rue Victor Hugo, sa tombe est déplacée à l'église Saint-Germain. La statue de Bertrand d'Argentré était une des quatre qui ornèrent la façade du Parlement de Bretagne jusque dans les années soixante-dix du siècle dernier.

Références

  1. Selon la déclaration du domaine de 1553 évoquant la maison de Bertrand d'Argentré « joignant le couvent des Cordeliers »
  2. Histoire de Rennes, sous la direction de Jean Meyer. Privat éditeur - 1972
  3. Bertrand d'Argentré, un historien breton entre rupture et tradition, par Dominique Philippe. Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine; t. C - 1997
  4. Juillet 1560 : pluie et protestants boucs émissaires

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