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Rue de la Motte au Chancelier

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Le manoir, gravure ancienne
Des milliers de voitures passent chaque jour par la rocade ouest sur l'emplacement de l'ancien manoir
Le manoir juste avant sa démolition

La rue de la Motte au Chancelier est une voie de Rennes, axée nord-sud, reliant la rue de Lorient au quai Robinot de Saint-Cyr. Elle est située en zone d'activité ouest, en bordure de la rocade ouest. Elle avait été aménagée vers 1957 par la Chambre de commerce qui avait acheté la propriété du manoir au neveu du comte Claude de Langle. Ce fut la première voie de la zone dite alors zone industrielle de la route de Lorient.

Elle tient donc sa dénomination du manoir de la Motte au Chancelier, construit aux 16e et 17e siècles non loin de la rive droite de la Vilaine. Il appartenait en 1559 au sieur des Roussières en La-Chapelle-sur-Erdre, un des premiers huguenots de Nantes et il servit d'abri aux calvinistes traqués par les gens du roi[1]. En 1559, Le pasteur L'Houmeau organisa un service de Cène pour la Pentecôte. Il n'était pas aisé de trouver un endroit pour accueillir la cérémonie qui allait rassembler cette fois nombre de seigneurs des environs. Le choix se porta finalement sur le manoir de la Motte au Chancelier, et le service eut lieu de nuit. « Il se trouva belle et grande compagnie en cette assemblée, tant de la ville que de la campagne", nous dit Crevain. Tout se passa bien encore, sauf que quelques huguenots de Rennes, "personnes de basse condition", nous dit encore le pasteur de Blain, furent arrêtées avant l'ouverture des portes. Ils restèrent incarcérés peu de temps, « jusqu’à ce que des gens d’autorité parlèrent aux juges pour eux »[2].

Loué au Comité des Amitiés sociales par la Chambre de commerce, devenue propriétaire, il subit le sort de plusieurs manoirs rennais à cette époque d'expansion de la ville (château de Bréquigny, manoir de Maurepas). Il fut démoli en 1973 pour faire place au passage de la rocade ouest de Rennes.

Le cadastre de 1844 représente, à l'est du manoir sur une section voisine, une parcelle irrégulière, couverte par un bois, probablement celle de la motte à l'origine du nom. La plus ancienne famille connue en possession de la Motte au Chancelier, celle des Botherel, seigneurs d'Apigné depuis le 13e siècle, famille passant pour être issue d'un ramage des anciens comtes de Rennes, est un indice supplémentaire de l'ancienneté du lieu.

La représentation de l'arrière du manoir sur une carte de la Vilaine de Redon à Rennes, établie en 1543, constitue une référence, rare par son ancienneté et son degré de finesse. Une gravure de 1737 présentant une vue du panorama ouest et sud-ouest des abords de Rennes cite La Motte-au-Chancelier dans la nomenclature des repères visibles[3].

Sur le cadastre de 1842, le manoir est en bordure de la rive droite de la Vilaine, cerné de douves sur trois de ses côtés. Le logis occupait le côté ouest de la cour, les communs son côté nord. Le puits, éloigné du cours de la rivière pour des raisons sanitaires, était au nord du grand jardin.

Les photographies de 1971 révèlent derrière l'apparence relativement sobre des fenêtres du logis une réalisation soignée, avec arc de décharge, caractéristique des logis seigneuriaux luxueux de la deuxième moitié du 15e siècle. Les baies possèdent déjà des appuis saillants simplement épannelés, sans doute parmi les premiers du genre. Les fenêtres fermaient dès l'origine par des croisées de bois, modèle à la mode à la fin de l'époque gothique. Cet usage, réservé aux demeures riches, supposait une maîtrise de menuiserie sophistiquée employant des châssis dormants. Les pans obliques en retrait du manteau des cheminées, leurs jambages en colonnettes à chapiteau évasés et bases polygonale situent l'édifice probablement vers les années 1480-1490[4].

Sur la carte

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Références

  1. Rennes et ses environs, guide illustré, par Ad. Orain. L. Bahon-Rault éd. - 1904
  2. Les Protestants bretons, cinq siècles de protestantisme en Bretagne, par Jean-Yves Carluer
  3. Le Vieux Rennes, Paul Banéat J. Larcher - 1911
  4. Glad. Inventaire topographique par Rioult Jean-Jacques - 2000

Lien interne

Les prisonniers de guerre allemands dans la région rennaise