Occupation de Rennes par les Prussiens en 1815
Rennes a été occupée par les Prussiens en 1815, pendant un mois : de début septembre à début octobre octobre, une occupation qui fut, dans l'ensemble, supportable.
Le contexte historique
Après les Cent-jours et l'abdication de l'empereur Napoléon Ier, Louis XVIII revient en France mais l'avance des Alliés se poursuit et ils vont occuper 58 départements, se répartissant les zones d'occupation. Les Prussiens vont prendre place dans la zone ouest du bassin parisien , la basse Normandie jusqu'à la Seine, le Maine, l'Anjou et la la haute bretagne. Le traité de Paris mettra fin à cette occupation pesante en novembre 1815.
Une importante arrivée de troupes
Le passage, en première quinzaine d'août, d'un détachement de 60 lanciers prussiens, ne laissait pas présager la suite : le 2 septembre, les Rennais lisent une proclamation du préfet affichée, annonçant le cantonnement de troupes prussiennes à Rennes et demandant à la population de leur réserver bon accueil, louant en outre "le noble caractère de MM.les Généraux prussiens" ! C'est la 22e brigade commandée par le général Von Lobenthal qui est prévue pour Rennes et ses environs : 8500 hommes et 1800 chevaux ! Auxquels s'ajouteront, le 9 septembre, le commandant en chef du 6e corps de l'armée prussienne, le général Von Tauentzien et son état-major.
M. de la Villebrune, adjoint, fait placarder en l'absence du maire, le 5 septembre, un avis recommandant aux citoyens "tous les égards que méritent les troupes alliées"(!) et annonçant que l'administration municipale est en permanence pour recevoir des plaintes. Deux membres du conseil municipal siègeront en permanence à cet effet à l'h^tel-de-ville. On lit aussi, le 9 septembre, une proclamation du général Von Tauentzien aux Bretons ( en fait, seules sont occupées l'Ille-et-Vilaine et une partie des Côtes-du-Nord, jusqu'à Saint-Brieuc). Il annonce que " ce n'est pas comme ennemis que nous entrons chez vous [...] vos familles, vos biens seront respectés; vous n'aurez à pourvoir qu'à la subsistance des troupes..."
Une cohabitation correcte
Il s'agit quand même pour les 26 000 Rennais de la subsistance d'environ 3500 hommes. Un journal local note :" Nous avons ici 3000 à 4000 hommes de garnison. Toutes ces troupes sont logées chez le bourgeois, parce que nous n'avons que des casernes trop petites et trop incommodes".[1] L'occupation s'écoula sans incidents graves notables. Deux militaires prussiens sauvérent même la vie d'un garde de voitures au Puits-Maugé, tombé dans la Vilaine et le préfet exprima ses vifs remerciements au général Von Lobenthal.[2]
On se venge comme on peut. Poganne, galettier au coin de la rue de la Visitation et de la rue Motte-Fablet, refusa de servir des Prussiens au motif qu'ils n'étaient ni bretons, ni français et, pour échapper à leurs menaces sur sa vie, il dut s'exécuter mais étala sur la tuile, du méchant suif au lieu de beurre. [3]
Cependant un incident aurait pu tourner mal : quelques coups de feu furent tirés près de certains cantonnements prussiens par des bonapartistes impénitents et le général Von Lobenthal ordonna à la population de remettre au maire les armes de guerre qu'elle détient et annonca qu'il devrait se porter à "des extrémités très fâcheuses" en cas de récidive. Du coup, le moindre bruit dans la rue faisait croire aux Prussiens à l'explosion de quelque complot.[4] Bretagne et Germanie par Camille LeMercier d'Erm - Stur n°36 janvier-avril 1935</ref>
Le 2 octobre, le 6e corps d'armée prussien quitte la Bretagne pour la Normandie, au grand soulagement des Rennais délivrés de cette présence "alliée" coûteuse et pesante.