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Après avoir passé la nuit au manoir de Fontenay, en Chartres, chez la maréchale de Brissac, le lendemain 9 mai [[1598]], Henri IV va faire son entrée dans Rennes. ( Au mois de mars, le duc de Mercoeur vient de se rendre à Henri IV). Le roi va y | Après avoir passé la nuit au manoir de Fontenay, en Chartres, chez la maréchale de Brissac, le lendemain 9 mai [[1598]], Henri IV va faire son entrée dans Rennes. ( Au mois de mars, le duc de Mercoeur vient de se rendre à Henri IV). Le roi va y accéder par la rue de la Madelaine pour atteindre la porte de [[Toussaints]] ornée de grands écussons, l'un aux armes de France, un autre à celles de Navarre, le troisième aux armes de Bretagne ( la porte était située à l'emplacement de l'actuelle jonction de la [[rue Tronjolly]] et du [[boulevard de la Liberté]]). Toutes les églises font donner les cloches et la grosse horloge va sonner pendant deux heures. On fait tirer les couleuvrines et le canon. Le [[maréchal de Brissac]], lieutenant-général du roi en Bretagne, entouré de cinquante enfants vêtus de blanc, présente au roi les quatre clés de la ville en argent doré, attachées avec un cordon de soie aux couleurs du roi, que portait monsieur de Montbarot, le gouverneur. "''Voici de belles clefs'', dit le roi en les baisant, ''mais j'aime mieux encore les clefs des coeurs des habitants''", formule qu'il ne devait assurément pas employer pour la première fois... | ||
Le roi avait fait connaître qu'il ne voulait pas de dais et que les rues fussent tendues en son honneur. Il entre en ville par la [[rue Vasselot]], passe le [[pont Saint-Germain]], gagne l'église, aussi ornée de trois grands écussons, et parcourt, acclamé par les riverains qui ont tendu des draps aux façades, jettent des bouquets. Il passe, sous des arcades de lierre, par la [[rue du Puits-Mesnil]], le grand bout de Cohue ( près de l'actuelle [[rue Pont-aux-Foulons]]) où, sur une grande estrade, donnent l'aubade des joueurs de violon et de hautbois, puis la [[rue de la Cordonnerie]]. Il atteint le manoir épiscopal,( à l'emplacement des 15 et 17 rue de la Monnaie, près de la cathédrale) décoré lui aussi de trois écussons et qui, pour l'occasion, a fait l'objet d'un grand nettoyage de sa cour et d'une sérieuse rénovation: aménagements de chambres et cabinets, location de douze grands chandeliers en bois et de tapisseries pour les murs. On a aussi fait provisions de deux douzaines de jambons de Mayence, de douze douzaines de cervelas, de six douzaines de fromages, de citrons et oranges, d'anis et abricot sec, de boîtes de marmelade, de barils de confiture, de deux barriquesxde vin blanc, de deux autres de vin claret (bordeaux), de quatre de vins d'Espagne ou des Canaries : banquets obligent. On a aussi construit une grande pyramide fort coûteuse près de la cohue et "un logis en forme de reposoir" où se tint le duc de Vendôme pour passer en revue les milices des bourgeois et écouter les harangues. | Le roi avait fait connaître qu'il ne voulait pas de dais et que les rues fussent tendues en son honneur. Il entre en ville par la [[rue Vasselot]], passe le [[pont Saint-Germain]], gagne l'église, aussi ornée de trois grands écussons, et parcourt, acclamé par les riverains qui ont tendu des draps aux façades, jettent des bouquets. Il passe, sous des arcades de lierre, par la [[rue du Puits-Mesnil]], le grand bout de Cohue ( près de l'actuelle [[rue Pont-aux-Foulons]]) où, sur une grande estrade, donnent l'aubade des joueurs de violon et de hautbois, puis la [[rue de la Cordonnerie]]. Il atteint le manoir épiscopal,( à l'emplacement des 15 et 17 rue de la Monnaie, près de la cathédrale) décoré lui aussi de trois écussons et qui, pour l'occasion, a fait l'objet d'un grand nettoyage de sa cour et d'une sérieuse rénovation: aménagements de chambres et cabinets, location de douze grands chandeliers en bois et de tapisseries pour les murs. On a aussi fait provisions de deux douzaines de jambons de Mayence, de douze douzaines de cervelas, de six douzaines de fromages, de citrons et oranges, d'anis et abricot sec, de boîtes de marmelade, de barils de confiture, de deux barriquesxde vin blanc, de deux autres de vin claret (bordeaux), de quatre de vins d'Espagne ou des Canaries : banquets obligent. On a aussi construit une grande pyramide fort coûteuse près de la cohue et "un logis en forme de reposoir" où se tint le duc de Vendôme pour passer en revue les milices des bourgeois et écouter les harangues. |
Version du 20 avril 2011 à 15:14
Après avoir passé la nuit au manoir de Fontenay, en Chartres, chez la maréchale de Brissac, le lendemain 9 mai 1598, Henri IV va faire son entrée dans Rennes. ( Au mois de mars, le duc de Mercoeur vient de se rendre à Henri IV). Le roi va y accéder par la rue de la Madelaine pour atteindre la porte de Toussaints ornée de grands écussons, l'un aux armes de France, un autre à celles de Navarre, le troisième aux armes de Bretagne ( la porte était située à l'emplacement de l'actuelle jonction de la rue Tronjolly et du boulevard de la Liberté). Toutes les églises font donner les cloches et la grosse horloge va sonner pendant deux heures. On fait tirer les couleuvrines et le canon. Le maréchal de Brissac, lieutenant-général du roi en Bretagne, entouré de cinquante enfants vêtus de blanc, présente au roi les quatre clés de la ville en argent doré, attachées avec un cordon de soie aux couleurs du roi, que portait monsieur de Montbarot, le gouverneur. "Voici de belles clefs, dit le roi en les baisant, mais j'aime mieux encore les clefs des coeurs des habitants", formule qu'il ne devait assurément pas employer pour la première fois...
Le roi avait fait connaître qu'il ne voulait pas de dais et que les rues fussent tendues en son honneur. Il entre en ville par la rue Vasselot, passe le pont Saint-Germain, gagne l'église, aussi ornée de trois grands écussons, et parcourt, acclamé par les riverains qui ont tendu des draps aux façades, jettent des bouquets. Il passe, sous des arcades de lierre, par la rue du Puits-Mesnil, le grand bout de Cohue ( près de l'actuelle rue Pont-aux-Foulons) où, sur une grande estrade, donnent l'aubade des joueurs de violon et de hautbois, puis la rue de la Cordonnerie. Il atteint le manoir épiscopal,( à l'emplacement des 15 et 17 rue de la Monnaie, près de la cathédrale) décoré lui aussi de trois écussons et qui, pour l'occasion, a fait l'objet d'un grand nettoyage de sa cour et d'une sérieuse rénovation: aménagements de chambres et cabinets, location de douze grands chandeliers en bois et de tapisseries pour les murs. On a aussi fait provisions de deux douzaines de jambons de Mayence, de douze douzaines de cervelas, de six douzaines de fromages, de citrons et oranges, d'anis et abricot sec, de boîtes de marmelade, de barils de confiture, de deux barriquesxde vin blanc, de deux autres de vin claret (bordeaux), de quatre de vins d'Espagne ou des Canaries : banquets obligent. On a aussi construit une grande pyramide fort coûteuse près de la cohue et "un logis en forme de reposoir" où se tint le duc de Vendôme pour passer en revue les milices des bourgeois et écouter les harangues.
Le lendemain, dimanche de Pentecôte, le roi après avoir entendu la messe en la cathédrale, décorée des mêmes écussons, sort sous un dai de satin blanc quand un fou, nommé Gravelle, l'aborde en se disant duc de Bretagne et est rapidement maîtrisé. Le roi rit de l'incident mais fera en aparté reproche à Montbarot d'un défaut de garde.
Le roi quitte officiellement Rennes le 15 mai mais serait resté aux environs, notamment pour chasser, et la petite histoire dit qu'il se serait reposé à l'ombre d'un chêne, au lieu-dit Sainte-Foy, près de la Prévalaye, chêne que l'on pouvait voir encore au début du siècle dernier.
Comment était alors Henri IV ? Le notaire rennais Pichart le décrit :" C'est un fort agréable prince et fort familier à tout le monde, et meslé en toutes choses,sans grandes longueurs de discours, et adonné à toutes sortes d'exercices. De moyenne taille, la barbe toute blanche, le poil blond commençant à griser, et l'oeil plaisant et agréable. Il peut avoir 46 à 47 ans, néanmoins la barbe le rend plus vieil qu'il n'est. Il disait à tous quelques bons mots en passant car il sçait et cognoist tout".
Certes la capitale bretonne avait ainsi eu l'insigne honneur de la visite royale mais les aménagements d'accueil et les réjouissances avaient un coût que le bon peuple fut amené à assumer en partie puisque le "capitaine de ville" avait décidé de percevoir pendant un an la taxe du "sou et liard par pot".[1]
Notes et références
- ↑ Recherches sur l'administration municipale de Rennes au temps de Henri IV, par Henri Carré-1888