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Cette voie rend hommage à Pierre Le Grand (26 janvier 1792, Langoat, Côtes d'Armor - 11 février 1839, [[rue d'Antrain]], Rennes), premier recteur laïc de l'académie de Rennes de 1830 à 1839, et fondateur de l’École Normale primaire à Rennes en 1831<ref>Extrait depuis les Annales de Bretagne: http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1990_num_97_2_3352</ref>. | Cette voie rend hommage à Pierre Le Grand (26 janvier 1792, Langoat, Côtes d'Armor - 11 février 1839, [[rue d'Antrain]], Rennes), premier recteur laïc de l'académie de Rennes de 1830 à 1839, et fondateur de l’École Normale primaire à Rennes en 1831<ref>Extrait depuis les Annales de Bretagne: http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1990_num_97_2_3352</ref>. | ||
Originaire d'une famille d'exploitants agricoles aisés, Pierre Le Grand étudie au collège de Saint-Brieuc, puis les sciences, en particulier la physique, au Pensionnat normal (actuelle {{w|École normale supérieure (Paris)École normale supérieure}}) entre 1812 et 1815. Il est par la suite nommé professeur au collège de Vannes, puis de Rennes à partir de 1817, à Lyon en 1827, avant d'être inspecteur d'académie à Angers de 1828 à 1830. | Originaire d'une famille d'exploitants agricoles aisés, Pierre Le Grand étudie au collège de Saint-Brieuc, puis les sciences, en particulier la physique, au Pensionnat normal (actuelle {{w|École normale supérieure (Paris)|École normale supérieure}}) entre 1812 et 1815. Il est par la suite nommé professeur au collège de Vannes, puis de Rennes à partir de 1817, à Lyon en 1827, avant d'être inspecteur d'académie à Angers de 1828 à 1830. | ||
Il se marie le 29 décembre 1823 avec Charlotte Victoire Françoise Aimée Gattebled, fille d'un négociant rennais et cousine du célèbre [[Mgr Brossay-Saint-Marc|Godefroy Brossay Saint-Marc]], futur vicaire général de Rennes puis évêque sous la monarchie de Juillet et cardinal à partir de 1875. | Il se marie le 29 décembre 1823 avec Charlotte Victoire Françoise Aimée Gattebled, fille d'un négociant rennais et cousine du célèbre [[Mgr Brossay-Saint-Marc|Godefroy Brossay Saint-Marc]], futur vicaire général de Rennes puis évêque sous la monarchie de Juillet et cardinal à partir de 1875. | ||
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Il est nommé recteur de l'académie de Bourges le 24 août 1830, le jour même où l'abbé Pierre Charles Toussaint Blanchard, recteur de l'académie de Rennes, écrit au ministre son incapacité d'exercer ses fonctions<ref>Pour connaître l'épique histoire de l'abbé Blanchard, arrivé à Rennes en 1780, et qui survécut à la Révolution française : http://www.pmba.fr/2020/04/pierre-charles-toussaint-blanchard-mon.html</ref>. Le 27, il transmet une lettre au ministre dans laquelle il signale son désir de diriger l'académie de Rennes qu'il connaît bien plutôt que celle de Bourges où il vient d'être nommé : "''Parmi les besoins de l'académie de Rennes, vous mettez sans doute au premier rang l'amélioration de l'instruction primaire. Cette partie de l'administration présente des difficultés spéciales en raison de la différence des langues et idiomes en usage dans les départements des Côtes-du-Nord, du Finistère et du Morbihan. La connaissance de ces idiomes me semble nécessaire pour réussir''". Le 15 septembre 1830, il est nommé recteur de l'académie de Rennes en remplacement de celui-ci. Il succède ainsi à une série de trois recteurs abbés entre 1809 et 1830, et devient le premier recteur laïc de l'académie<ref>Note biographique issue d'une publication de Condette Jean-François. 235) LEGRAND Pierre. In: Les recteurs d'académie en France de 1808 à 1940. Tome II, Dictionnaire biographique. Paris : Institut national de recherche pédagogique, 2006. pp. 252-253. (Histoire biographique de l'enseignement, 12) - www.persee.fr/doc/inrp_0298-5632_2006_ant_12_2_4449</ref>. | Il est nommé recteur de l'académie de Bourges le 24 août 1830, le jour même où l'abbé Pierre Charles Toussaint Blanchard, recteur de l'académie de Rennes, écrit au ministre son incapacité d'exercer ses fonctions<ref>Pour connaître l'épique histoire de l'abbé Blanchard, arrivé à Rennes en 1780, et qui survécut à la Révolution française : http://www.pmba.fr/2020/04/pierre-charles-toussaint-blanchard-mon.html</ref>. Le 27, il transmet une lettre au ministre dans laquelle il signale son désir de diriger l'académie de Rennes qu'il connaît bien plutôt que celle de Bourges où il vient d'être nommé : "''Parmi les besoins de l'académie de Rennes, vous mettez sans doute au premier rang l'amélioration de l'instruction primaire. Cette partie de l'administration présente des difficultés spéciales en raison de la différence des langues et idiomes en usage dans les départements des Côtes-du-Nord, du Finistère et du Morbihan. La connaissance de ces idiomes me semble nécessaire pour réussir''". Le 15 septembre 1830, il est nommé recteur de l'académie de Rennes en remplacement de celui-ci. Il succède ainsi à une série de trois recteurs abbés entre 1809 et 1830, et devient le premier recteur laïc de l'académie<ref>Note biographique issue d'une publication de Condette Jean-François. 235) LEGRAND Pierre. In: Les recteurs d'académie en France de 1808 à 1940. Tome II, Dictionnaire biographique. Paris : Institut national de recherche pédagogique, 2006. pp. 252-253. (Histoire biographique de l'enseignement, 12) - www.persee.fr/doc/inrp_0298-5632_2006_ant_12_2_4449</ref>. | ||
Pierre Le Grand a fondé une école primaire à Rennes dès 1831, avant l'adoption de la {{w|loi Guizot}} du 28 juin 1833 portant sur l'instruction primaire. Cette dernière énonce deux principes : la liberté de l'enseignement et l'organisation d'un système scolaire public. Le clergé catholique conserve néanmoins une très large influence. Les communes de plus de 500 habitants ont l'obligation d'entretenir une école. Pour les filles ; rien. Il faut attendre une loi de 1836 pour commencer à remédier à cette injustice. François Guizot, ministre de l'Éducation, exige que tout instituteur, âgé d'au moins 18 ans, ait en sa possession un brevet de capacité. Le niveau des enseignants doit s'améliorer. Une vaste enquête est lancée durant l'automne 1833 afin de connaître l'état de l'enseignement primaire. Le corps d'inspection est organisé très sérieusement en 1835. L'alphabétisation des petits Français est en marche. En conséquence, le budget de l'État alloué à l'école primaire passe de 1 million de francs en 1832 à 6 millions en 1837. La France accueille dans ses écoles 2 millions d'élèves en 1832, ils sont 3,5 millions en 1847. Il faut dire que l'idée d’un enseignement piloté par l'État est ancienne. [[La Chalotais]], procureur général du parlement de Bretagne, l'a défendue en 1763 et les révolutionnaires | Pierre Le Grand a fondé une école primaire à Rennes dès 1831, avant l'adoption de la {{w|loi Guizot}} du 28 juin 1833 portant sur l'instruction primaire. Cette dernière énonce deux principes : la liberté de l'enseignement et l'organisation d'un système scolaire public. Le clergé catholique conserve néanmoins une très large influence. Les communes de plus de 500 habitants ont l'obligation d'entretenir une école. Pour les filles ; rien. Il faut attendre une loi de 1836 pour commencer à remédier à cette injustice. François Guizot, ministre de l'Éducation, exige que tout instituteur, âgé d'au moins 18 ans, ait en sa possession un brevet de capacité. Le niveau des enseignants doit s'améliorer. Une vaste enquête est lancée durant l'automne 1833 afin de connaître l'état de l'enseignement primaire. Le corps d'inspection est organisé très sérieusement en 1835. L'alphabétisation des petits Français est en marche. En conséquence, le budget de l'État alloué à l'école primaire passe de 1 million de francs en 1832 à 6 millions en 1837. La France accueille dans ses écoles 2 millions d'élèves en 1832, ils sont 3,5 millions en 1847. Il faut dire que l'idée d’un enseignement piloté par l'État est ancienne. [[La Chalotais]], procureur général du parlement de Bretagne, l'a défendue en 1763 et les révolutionnaires ont tenté de la mettre en œuvre<ref>Louis, Jérôme. “L’école primaire pour tous ? La loi Guizot du 28 juin 1833”. Le Goff, Armelle, et Christiane Demeulenaere-Douyère. Enseignants et enseignements au cœur de la transmission des savoirs. Paris : Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 2021. Web. <http://books.openedition.org/cths/14522>.</ref>. | ||
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Version actuelle datée du 3 janvier 2024 à 15:24
La rue Pierre Legrand est une des rues de Rennes qui relient selon une orientation est-ouest le boulevard Maréchal de Lattre de Tassigny longeant le canal d’Ille-et-Rance et le boulevard de Verdun. Elle dessert depuis la fin du XXe siècle les arrières d'une institution locale, l'Institut de Formation des Maîtres. Ce nom lui a été apposé par délibération du conseil municipal de la Ville de Rennes le 11 décembre 1931.
Cette voie rend hommage à Pierre Le Grand (26 janvier 1792, Langoat, Côtes d'Armor - 11 février 1839, rue d'Antrain, Rennes), premier recteur laïc de l'académie de Rennes de 1830 à 1839, et fondateur de l’École Normale primaire à Rennes en 1831[1].
Originaire d'une famille d'exploitants agricoles aisés, Pierre Le Grand étudie au collège de Saint-Brieuc, puis les sciences, en particulier la physique, au Pensionnat normal (actuelle École normale supérieure ) entre 1812 et 1815. Il est par la suite nommé professeur au collège de Vannes, puis de Rennes à partir de 1817, à Lyon en 1827, avant d'être inspecteur d'académie à Angers de 1828 à 1830.
Il se marie le 29 décembre 1823 avec Charlotte Victoire Françoise Aimée Gattebled, fille d'un négociant rennais et cousine du célèbre Godefroy Brossay Saint-Marc, futur vicaire général de Rennes puis évêque sous la monarchie de Juillet et cardinal à partir de 1875.
Il est nommé recteur de l'académie de Bourges le 24 août 1830, le jour même où l'abbé Pierre Charles Toussaint Blanchard, recteur de l'académie de Rennes, écrit au ministre son incapacité d'exercer ses fonctions[2]. Le 27, il transmet une lettre au ministre dans laquelle il signale son désir de diriger l'académie de Rennes qu'il connaît bien plutôt que celle de Bourges où il vient d'être nommé : "Parmi les besoins de l'académie de Rennes, vous mettez sans doute au premier rang l'amélioration de l'instruction primaire. Cette partie de l'administration présente des difficultés spéciales en raison de la différence des langues et idiomes en usage dans les départements des Côtes-du-Nord, du Finistère et du Morbihan. La connaissance de ces idiomes me semble nécessaire pour réussir". Le 15 septembre 1830, il est nommé recteur de l'académie de Rennes en remplacement de celui-ci. Il succède ainsi à une série de trois recteurs abbés entre 1809 et 1830, et devient le premier recteur laïc de l'académie[3].
Pierre Le Grand a fondé une école primaire à Rennes dès 1831, avant l'adoption de la loi Guizot du 28 juin 1833 portant sur l'instruction primaire. Cette dernière énonce deux principes : la liberté de l'enseignement et l'organisation d'un système scolaire public. Le clergé catholique conserve néanmoins une très large influence. Les communes de plus de 500 habitants ont l'obligation d'entretenir une école. Pour les filles ; rien. Il faut attendre une loi de 1836 pour commencer à remédier à cette injustice. François Guizot, ministre de l'Éducation, exige que tout instituteur, âgé d'au moins 18 ans, ait en sa possession un brevet de capacité. Le niveau des enseignants doit s'améliorer. Une vaste enquête est lancée durant l'automne 1833 afin de connaître l'état de l'enseignement primaire. Le corps d'inspection est organisé très sérieusement en 1835. L'alphabétisation des petits Français est en marche. En conséquence, le budget de l'État alloué à l'école primaire passe de 1 million de francs en 1832 à 6 millions en 1837. La France accueille dans ses écoles 2 millions d'élèves en 1832, ils sont 3,5 millions en 1847. Il faut dire que l'idée d’un enseignement piloté par l'État est ancienne. La Chalotais, procureur général du parlement de Bretagne, l'a défendue en 1763 et les révolutionnaires ont tenté de la mettre en œuvre[4].
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Références
- ↑ Extrait depuis les Annales de Bretagne: http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1990_num_97_2_3352
- ↑ Pour connaître l'épique histoire de l'abbé Blanchard, arrivé à Rennes en 1780, et qui survécut à la Révolution française : http://www.pmba.fr/2020/04/pierre-charles-toussaint-blanchard-mon.html
- ↑ Note biographique issue d'une publication de Condette Jean-François. 235) LEGRAND Pierre. In: Les recteurs d'académie en France de 1808 à 1940. Tome II, Dictionnaire biographique. Paris : Institut national de recherche pédagogique, 2006. pp. 252-253. (Histoire biographique de l'enseignement, 12) - www.persee.fr/doc/inrp_0298-5632_2006_ant_12_2_4449
- ↑ Louis, Jérôme. “L’école primaire pour tous ? La loi Guizot du 28 juin 1833”. Le Goff, Armelle, et Christiane Demeulenaere-Douyère. Enseignants et enseignements au cœur de la transmission des savoirs. Paris : Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 2021. Web. <http://books.openedition.org/cths/14522>.